samedi 13 juin 2009

Le renouvelable n'est pas durable

Développement durable, énergie renouvelable : au jeu des adjectifs les médias gagnent souvent, mais pas la rigueur intellectuelle...

Ce qui était appelé à durer, d'un point de vue écologique, c'est ce qui permet aux générations futures de pouvoir vivre, mais c'est, actuellement, trop souvent, ce que détruit, par la croissance sans fin, l'activité humaine! Le concept même de développement est ambigu! C'est son contenu qui demande à être examiné. Un développement durable peut être la continuation de ce à quoi il faudrait mettre fin. Ce qui dure n'offre pas la garantie de la qualité! Tant que n'est pas précisé à quoi s'applique la durabilité, on continue, comme avant : "ce qui m'intéresse disait un chef d'entreprise, c'est que l'activité se développe et que mon profit dure". Fermez le ban!

Ce qui est appelé à se renouveler se détruit et se reproduit. Le soleil se couche puis se lève. L'arbre fournit ses fruits et n'en fournira de nouveau que l'année suivante. Le renouvelable n'est pas durable! Ce qui est durable, c'est, au long des siècles, l'alternance entre le chaud et le froid, la tempête et le calme, la pousse et la chute des feuilles, etc. Le rectiligne est de l'ordre du progrès : on va vers l'avant, y compris quand on ne sait où l'on va... ! Le circulaire est de l'ordre de la spirale : on repasse nécessairement au-dessus du même endroit, mais un peu plus haut. L'arbre qui croît refait son cycle, saison après saison, mais sa poussée n'est pas infinie.

Entre l'économiste et l'écologiste, tous deux en charge de la bonne gestion de la maison (éco, du grec oikos « maison, habitat », qui sert à former des mots avec le sens de « choses domestiques » ou, plus souvent, « milieu naturel, environnement », selon Le Robert), le conflit idéologique porte sur la manière d'habiter la planète. La maison des hommes est-elle posée sur la Terre ou est-elle la Terre elle-même? Selon qu'on veut faire durer l'exploitation des richesses ou selon qu'on veut n'exploiter que les richesses qui peuvent être renouvelées, on se trouve placé à des points de vue différents.



À vouloir tout prendre, chacun n'y retrouva pas son compte.

jeudi 11 juin 2009

décroissance et gratuité

Si Europe-Écologie s'engageait dans cette voie, je suivrais...

La gratui selon Paul Ariès

par Paul Damaggio

Depuis longtemps Paul Ariès dénonce l’hypercapitalisme qui conduit la planète toute entière contre le mur. Mais comment passer de la critique à la reconstruction d’un projet politique. Le pilier qu’il propose pour ce projet c’est la gratuité. Tout de suite précisons un point. Paul Ariès ayant largement démontré comment le capitalisme a pu récupérer les coopératives, les mutuelles, les boycotts les plus divers, il est évident que la gratuité ne peut pas être hors du champ de la récupération. Comment ? Par la gratuité payée par la pub ! Le modèle ce ne sont pas seulement les journaux gratuits mais des spectacles, des fêtes gratuites etc. Autre fausse gratuité mise en place par les politiques : des élus qui donnent un dictionnaire aux élèves de CM2 par exemple qui est une gratuité clientéliste. Contre ces deux gratuités, celle qu’avance Paul Ariès c’est celle organisée par la loi. Mais pas seulement.

Déjà en 1997 il expliquait à merveille comment le sigle de Mac Do représentait des seins de femmes sans le mamelon , il peut donc rappeler aujourd’hui que la première gratuité c’est celle du lait maternel. Pour continuer sur ce thème comment ne pas remarquer que depuis toujours le travail gratuit par excellence, c’est le travail des femmes « ménagères » et le plus souvent citées sur les fichiers de recensement comme sans profession. Le capitalisme pouvait se contenter de cette situation car par définition elle ne coûtait rien mais il a préféré aller à la juste rencontre du combat pour l’autonomie des femmes en proposant à la fois un travail salarié sur la base du grand principe bien connu, à travail égal salaire inégal, et des carottes râpées pour faciliter les tâches alimentaires coûtant 600 % de plus que les carottes ordinaires. Le capitalisme adore gagner sur deux tableaux en même temps. Il y a par contre un travail gratuit qui lui est totalement insupportable, ce sont les retraités payés à ne rien faire ! Or tous les retraités vous diront qu’à faire ce qu’ils aiment faire, ça leur donne moins de temps libre que quand ils travaillaient !

Avant de répondre n’oublions pas que la culture de marché a tellement imprégné les consciences que demain matin si le gouvernement décrète que par manque de sang, il délègue à une entreprise de service public l’achat du sang sur le marché pour le revendre aux hôpitaux, rares sont ceux qui vont s’y opposer pour le bien du PIB. Il est évident qu’il faut réinventer une culture de la gratuité, en même temps qu’on lutte pour elle. L’Autre Liste à Toulouse a essayé de lutter pour la gratuité des transports urbains et la première réserve entendue est la suivante : la gratuité alimente l’irresponsabilité.

Paul Ariès précise donc que la gratuité de l’eau ce n’est pas la gratuité de toute l’eau consommée mais celle considérée après étude comme indispensable à une famille, pour l’hygiène, l’alimentation et autres usages indispensables. Gratuité pour le bon usage et renchérissement pour le mésusage. L’eau pour remplir une piscine doit coûter plus cher (même si par ailleurs le fait d’avoir une piscine a une incidence sur la taxe d’ habitation). Et pour en revenir au 70% du SMIC rien n’oblige à le donner seulement en liquidités. Des transports urbains gratuits c’est une part de ce revenu minimum vital.

L’avancée de la société marchande n’est pas une histoire inexistante aussi laissez moi prendre un dernier cas de figure pour conclure ce détour écrit gratuitement. En 1968 encore tout joueur de rugby jouait gratuitement. Même au plus au niveau international et c’est cette gratuité qui permettait à des clubs de village de rivaliser avec des clubs de capitales ! Non je n’oublie pas les compensations qui pouvaient exister quand une banque embauchait tel joueur pour bénéficier de sa notoriété contre quelques facilités horaires de travail. Bien sûr que le joueur fait « profit » de son engagement soit parce qu’il aime se montrer en spectacle, soit parce qu’il aime se plonger dans une aventure collective. Mais au grand jamais ce « profit » n’élimine l’absence de rapport marchand qui explique l’usage du mot gratuité. Le monde du rugby a très longtemps refusé les publicités sur les maillots mais il a fini par céder : nous sommes à l’âge des mercenaires. Tout ceci n’empêche pas le match d’être un spectacle mais tout ceci a tué le rugby de village et à terme tuera le sport lui-même.

Les lecteurs auraient pensé que j’aurais plus facilement fait référence aux semences gratuites invoquées contre le vivant breveté. La gratuité en agriculture mérite à elle seule un chapitre colossal mais pour le moment, je vais me contenter d’aller déguster des cèpes. Bon appétit et que le désir de gratuité authentique grandisse en vous.

Source : http://alternatifsgardois.free.fr/spip.php?article174