jeudi 30 juin 2011

Au-delà des Présidentielles

Au soir du premier tour de la primaire d’Europe Ecologie - Les Verts, l'équipe de Nicolas Hulot ne cachait pas sa déception, reconnaissant une "gamelle".

Nicolas Hulot a réaffirmé son intention d’"aller jusqu'au bout" du deuxième tour, avec "détermination". Selon lui, "les compteurs sont à zéro", même si "un choix semble avoir été clairement énoncé". "Si je reviens dans la course, on fera de grandes choses, si je n'y suis pas on (les) fera différemment", a-t-il ajouté.

Interrogé sur l'analyse qu'il faisait de son résultat, Nicolas Hulot a fait un constat, lucide. "La confiance n'est pas là. C'est comme ça" (…) "Si j'avais eu deux mois de plus, est-ce que cela aurait changé le cours des choses ? Honnêtement, je ne suis pas si sûr", a-t-il estimé.


À présent, que faire... ?

L'échec de Nicolas Hulot en est-il un ? Tout va dépendre de la suite. Non qu'il puisse, désormais l'emporter sur sa concurrente, mais parce qu'il va lui falloir influencer l'opinion publique de façon profonde, être le révélateur de la dominante écologique de tout action politique, sans être le candidat des écologistes ! S'il ne roule pour personne mais fait et défait les candidats qui oublient, déforment ou utilisent l'écologie politique, alors, une fois sorti d'un jeu politicien dont il connaît mal les règles, il va pouvoir librement "s'indigner", parler haut et fort et ne pas se laisser insulter par ceux qui l'exècrent à cause de son passé complaisant vis à vis de Chirac ou de Borloo.

Il en est qui ont choisi de le soutenir, tel Pierre Rhabi qu'on ne peut suspecter de dérive droitière, non pour promouvoir un parti existant ou un parti à créer, et seulement parce que les thèmes qu'il aborde sont essentiels à notre avenir, en cette fin de période historique qu'aura dominé, depuis quelques siècles le capitalisme, bien installé en occident.

Ils ont, aujourd'hui, sans doute, le sentiment non de rejoindre Nicolas Hulot mais de le voir les rejoindre. Puissent les "hors partis" faire la politique au lieu de faire de la politique !


http://www.europe1.fr/Politique/Hulot-ira-jusqu-au-bout-609935/


mardi 21 juin 2011

Présidentielles 2012 : le point de vue d'Hervé Kempf

Avec un objectif modeste et ambitieux (être le troisième), le candidat écologiste peut modifier la donne politique en France. Cela devrait suffire et calmer les agressivités !

Vive Nileva Jhulot

Je me suis rendu à Lille pour écouter les candidats à l'investiture d'Europe Écologie-Les Verts pour la présidentielle de 2012. Citoyen candide, je n'ai pas vécu la même chose que les journalistes politiques, mais peu importe. Incidemment, la jeunesse de l'assistance m'a frappé : une moyenne d'âge en dessous de 35 ans, voire 30. Qui a dit que les jeunes ne s'intéressaient pas à la politique ?

Si l'on observe les positions plutôt que les énervements naturels dans une situation concurrentielle, que retenir de ce débat du 15 juin ? Que les deux principaux postulants, Nicolas Hulot et Eva Joly, ne manifestent pas de divergence politique fondamentale. Le premier est indéniablement plus à l'aise sur l'écologie : "Qui dans cette campagne osera parler des changements climatiques ? D'une politique énergétique radicalement différente, et socialement acceptable ? Remettre en cause le modèle agricole ? Parler d'une refonte complète de la fiscalité et pas simplement avec la taxe carbone ?", dit-il. Et il "osera".

Encore faut-il identifier les forces qui s'opposent à la transformation écologique et, de ce point de vue, Eva Joly est plus lucide : "Si l'on n'est pas capable de s'attaquer à l'économie parallèle des paradis fiscaux et des multinationales qui ne paient pas d'impôt, rien de ce dont nous parlons ne pourra se réaliser, parce que la réalité du pouvoir est là."

Nicolas Hulot assure que "la pierre angulaire de notre programme est la justice sociale", tandis qu'Eva Joly annonce que "la transformation écologique ne sera pas indolore". Voilà deux approches pertinentes.

Eh bien, que le vote choisisse. Mais l'essentiel est ailleurs. Ce dont témoignent ces primaires, c'est que l'écologie politique s'est élargie depuis quelques années et qu'en même temps, elle sait dorénavant articuler analyse environnementale et critique sociale.

Alors, madame, monsieur, voilà ce que l'on pourrait vous demander, en prolongeant ce qu'a dit Cécile Duflot en entrée du débat de Lille : les écologistes contestent une politique focalisée sur l'ego d'individus supposés supérieurs, telle que la met en scène l'élection présidentielle française. Nous avons besoin de coopération, de non-violence, d'une démocratie renouvelée. Alors, quel que soit le lauréat de cette primaire, la condition du succès final sera dans la capacité des deux ex-compétiteurs à unir leurs talents complémentaires pour emporter la vraie victoire : devancer le Front national, puisque tel est le défi politique. Madame, monsieur, soyez différents des autres, fixez des limites à votre ego, travaillez ensemble.

samedi 18 juin 2011

Que vivent les colibris !


Après le printemps arabe, la presse nous promet un été européen. Les jeunes espagnols ont ouvert le bal en descendant par centaines de milliers dans les rues pour protester contre le plan d'austérité imposé par le gouvernement, écrasé sous le poids de sa dette.

En France, le week-end du 28-29 mai, quelques milliers de jeunes Français se sont eux aussi rassemblés sur la place de la Bastille sans y avoir été invités par aucun syndicat, mouvement, ou autre parti politique et se retrouveront à nouveau le 19 juin. Leur message était simple : la démocratie ne fonctionne plus. Des mesures sont prises par les gouvernements sans que la population puisse exprimer son désaccord. Étaient particulièrement visés la réduction, le démantèlement ou la privatisation des services publics.

Mais nous pourrions tout aussi bien parler de la poursuite du programme nucléaire, des projets d'exploitation des gaz de schiste, de l'introduction d'OGM, des mesures favorisant la délocalisation de l'économie et de ses emplois. Comment pouvons-nous aujourd'hui reprendre un tant soit peu de pouvoir sur des systèmes qui nous entrainent mécaniquement vers l'abîme, le plus souvent contre notre volonté ? Au delà de l'indifférence, de la résignation, de la révolte stérile, que pouvons-nous faire ?

Résister et construire. Systématiquement refuser de collaborer à des projets qui vont contre nos valeurs, nous rassembler, donner de la voix, descendre dans les rues lorsque cela est nécessaire. Et, parallèlement, construire l'avenir.

Reprendre en main la politique dans notre vie de tous les jours. Faire nos choix en conscience, dans l'intention d'orienter la société. Ce que nous achetons, ce que nous mangeons, les activités que nous pratiquons, personnellement et professionnellement. Nous réunir, nous organiser et commencer à transformer les lieux où nous habitons.


mercredi 15 juin 2011

Le faux rebelle


Les frères ennemis

Stéphane Lhomme est candidat à la primaire organisée par Europe Écologie les Verts. Sa compétence comme critique de la politique nucléaire de la France est indéniable. Son rôle, pourtant, dans cette compétition, ne consiste pas à dire pourquoi il pourrait faire entendre la voix des antinucléaires, après le drame historique de Fukushima. Non, il veut, surtout faire obstacle à la candidature de Nicolas Hulot. Et il ne lésine pas sur les moyens.

Ce n'est pas la première fois que ce garçon, intelligent et dynamique, sévit. Son conflit, au sein de Sortir du Nucléaire, avait révélé son tempérament autoritaire et égotiste. Il ne propose pas ; il dénonce. Il ne construit pas ; il démolit.

Aujourd'hui, 15 juin, sur France-Inter, il a repris sa rengaine : Hulot est l'homme du capitalisme, le complice de Borloo, l'imposteur venu de TF1, l'allié objectif d'EDF donc du nucléaire, et j'en passe... En outre il est victime de la direction d'EELV qui le censure. Il a dû édulcorer sa profession de foi mais on la trouve, dit-il, intégralement, sur son site. Bref, il veut nous faire croire qu'il est seul à pouvoir interdire la trahison de l'écologie politique.

Disons le sans détour : Stéphane Lhomme est un faux rebelle. Il n'a qu'un but : se faire remarquer par son acharnement contre Nicolas Hulot. Tout se passe comme s'il s'était glissé dans le sillage médiatique de l'ex présentateur d'Ushuaïa pour se trouver une place dans le champ couvert par les médias.

Stéphane Lhomme est exactement dans la logique binaire qui a déjà tant fait de mal aux écologistes : il y a les bons, et il y a les méchants. Hulot ne peut rien changer à ce qu'il fut puisqu'il est intrinsèquement mauvais. On ne peut croire ce qu'il dit, même quand il dit ce que nous pensons, puisqu'il est un professionnel du mensonge.

Est-il hostile au nucléaire ? C'est un converti tardif ! Conteste-t-il le système économique qui "est le problème" ? Ce n'est pas crédible puisque sa fondation a touché des subventions de la part de grands groupes capitalistes ! Explique-t-il que l'humanité joue sa survie ? C'est un écotartuffe ! Démontre-t-il que la politique de l'énergie et du gaspillage ne peut durer ? C'est, de la part d'un ex conseiller de Chirac, une révélation ambiguë... Etc...

Aurait-il raison, Stéphane Lhomme ne pourrait que renforcer la candidature de Nicolas Hulot, au sein des Verts, tant sa critique est systématique, voire caricaturale.

Pire : si Nicolas Hulot est un concurrent qui peut devenir redoutable, dans la période présente où la sensibilité écologique des électeurs s'accroît, il faut absolument le détruire. On commence par confier ce travail à Stéphane Lhomme, à qui l'on ouvre les médias (le fait-on pour le quatrième candidat, non moins critique, Henri Stoll...?). Il faut décrédibiliser un candidat qui, même s'il ne deviendra pas président de la République, peut faire bouger les lignes et amener une nouvelle approche de l'économie et de la politique. Le bipartisme ne peut supporter ça ! Passe d'être aux prises avec une extrême droite dont on sait que les Français in fine ne voudront pas. C'est du classique et l'on sait traiter ce poison. Mais que les écologistes fassent mieux que d'être les partenaires dociles du PS ou les spécialistes complaisants qui ont toléré le Grenelle de l'environnement. Alors là, non.

Stéphane Lhomme est ou incompétent en politique, ou instrumentalisé, ou les deux... Il pourrait passer pour "le rebelle de l'environnement". Non seulement il ne l'est pas, mais il présente, de nouveau, un aspect de l'écologie politique qui exaspère les Français : l'antitoutisme.


Après les primaires, la paix ou la guerre ?

dimanche 12 juin 2011

Lagarde après DSK pour la même politique au FMI

Le PPP, ou partenariat public privé, est une machine à privatiser. C'est une invention française. Elle s'exporte. Par exemple en Russie, et pour la première fois, avec les conseils et le soutien de Christine Lagarde. Les écologistes russes se battent contre un projet d'autoroute écrasant une forêt. L'entreprise française Vinci, experte en autoroutes privées accompagne le projet.

À la tête du FMI, Christine Lagarde serait aux manettes pour exécuter ce type de politique là. Certes, elle ou un autre pourrait faire la même politique au détriment des habitants du monde entier. Autant que ce ne soit pas un Français ou une Française qui s'illustre dans ce genre de manifestation de la toute puissance du capitalisme... Puisse-t-elle donc échouer dans la quête du pouvoir qu'exerçait, loin de tout socialisme, - l'admettra-t-on enfin ? - , Dominique Strauss-Kahn.




Le premier PPP ou partenariat-public-privé en Russie

Sobianine et Lagarde, le 16 juin 2009.
Sobianine et Lagarde, le 16 juin 2009.

Et que vient donc faire Christine Lagarde chez les Robins des Bois russes ? Le 16 juin 2009, la ministre accueille à Bercy Sergueï Sobianine, vice-premier ministre de la Fédération de Russie, pour une session du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC). Et à cette occasion (photo ci-contre), elle annonce la signature de l'accord qui permet au groupe français Vinci d'intégrer le consortium qui va réaliser l'autoroute, la North-West Concession Company (la signature effective interviendra le 27 juillet 2009 – à lire ici une dépêche de l'agence russe Ria-Novosti).

Car cette autoroute à péage est le premier PPP, partenariat-public-privé, en Russie. Le consortium d'entreprises supporte une large partie des coûts d'investissement, moyennant une concession d'exploitation de 30 ans : pour ce seul tronçon de 43 kilomètres, il est d'ailleurs prévu que l'État russe et les automobilistes verseront au moins 1,5 milliard d'euros sur la période. Une belle affaire pour Vinci, qui a acquis une large expérience en la matière en étant le premier bénéficiaire de la privatisation des autoroutes françaises (à lire ici la présentation par Vinci du contrat).

En poussant à l'accord avec Vinci, accusent les écologistes russes, la ministre s'est rendue complice de tous les forfaits de ce projet. En vrac : fuites de capitaux, évasion fiscale, corruption, violations des lois sur l'environnement, répressions des manifestions diverses.


Le Mouvement de défense de la forêt de Khimki a également dans le collimateur le groupe Vinci, accusé de s'être prêté à un montage financier illégal. « Ce projet est une pure affaire de corruption entre le groupe français Vinci et des officiels russes malhonnêtes, est-il écrit dans la lettre adressée au FMI. Le résultat est que l'argent du budget fédéral et des banques d'Etat va finir dans des paradis fiscaux au Liban, à Chypre et dans les îles Vierges britanniques. » Christine Lagarde ne pouvait ignorer cela ni les violentes répressions déjà intervenues contre les opposants quand elle a débloqué la signature en 2009, ajoutent les écologistes.

D'autres organisations russes (à découvrir ici) se sont en effet largement penchées sur le montage financier du consortium qui intègre le groupe Vinci. Dans une note titrée « Vinci, une couverture pour les oligarques et les paradis fiscaux du premier PPP routier russe », la très sérieuse organisation Bankwatch Network (site à consulter ici) tente de reconstituer l'actionnariat particulièrement opaque d'un consortium en forme d'usine à gaz.

http://www.mediapart.fr/journal/international/020611/lagarde-au-fmi-meme-les-ecologistes-russes-nen-veulent-pas

lundi 6 juin 2011

Merci à DSK ?

Accueillons ici un ami, un médecin, un lutteur, Paul Oriol, qui n'a jamais abandonné les luttes pour la justice. En ce jour où il est de nouveau question de DSK, dans les médias, (lesquels s'angoissent : va-t-il plaider coupable ou non coupable ?)..., il dit (crûment !), que le crime, ou la faute, ou l'imprudence de DSK, nous débarrasse d'un risque politique considérable et ouvre les yeux de ceux qui les fermaient à la moindre incartade sexuelle des puissants.

Blog daté du Samedi 4 juin 2011.
Agoravox.http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/merci-qui-merci-dsk-et-nd-95406
http://pauloriol.over-blog.fr/article-merci-qui-merci-dsk-et-nd-75715228.html

Les femmes sont ingrates (et les enfants aussi). Pour l'amour des femmes, DSK (et, par la même occasion, ND*) s'est sacrifié et elles ne sont pas reconnaissantes. Pourtant son aventure a déclenché un raz de marée qui va bien au delà des faits eux-mêmes :

  • Les femmes criaient dans le désert contre la violence faite aux femmes. A la suite de l'affaire DSK, tout le monde sait aujourd'hui que le droit de cuissage continue au XXIème siècle.

  • L'omerta régnait, les bouches s'ouvrent. Et une faille dans l'omerta qui assurait l'impunité des puissants. Bien sûr, cette faille risque de se refermer rapidement mais ce ne sera pas la faute de DSK.

  • La presse parlait de la violence sexuelle dans les banlieues, on apprend qu'elle était exportée à Marrakech sous protection gouvernementale par des adultes au détriment de jeunes.

  • Et la classe politico-journalistique n'a pu s'empêcher les petites phrases qui traduisent une solidarité inconsciente de sexe et de classe. Certes, il n'y a pas « mort d'homme » sauf celle, politique, de DSK, coupable ou non. Si DSK est coupable, il ne s'agit pas que d'un « troussage de jupons » et une femme est marquée à vie.

Dans sa grande bonté, DSK a cédé sa place à 2 femmes. C'est indépendant de sa volonté égalitaire si, en la circonstance, 1 homme vaut 2 femmes : pour le FMI à Christine Lagarde, pour la candidature à la présidence de la République à Martine Aubry.

Il faut espérer que, ce faisant, il ne les a pas contaminées. Elles ont déjà fort à faire. Christine Lagarde avec un soupçon de conflit d'intérêt et une mise en cause devant la Cour de Justice de la République. Mais soutenue par Martine Aubry qui voit en elle une digne continuatrice de DSK au FMI. Peut-être une future adhérente du PS ?

Quant à Martine Aubry, tout le monde a oublié les circonstances controversées dans lesquelles elle est devenue secrétaire du PS avec l'appui des strausskhaniens.

Il est difficile d'exiger de nos élites qu'elles soient plus vertueuses que les autres. Il serait bien, cependant, que la justice passe sur elles comme elle passe sur les autres.

* ND n'est pas... Notre-Dame, mais : Nafissatou Diallo, alias Ophelia, la victime.