vendredi 29 octobre 2010

Il n'y a plus de doute..., et alors ? Quelles suites sont à donner ?

Allègre est scientifiquement désavoué. Il prétend le contraire. Si réchauffement climatique il y a, dû aux activités humaines, que faire, et vite, pour remédier à cette évolution à long terme désastreuse pour l'humanité ? Tout reste à dire au pays. Tout reste à faire !



Sylvestre Huet, journaliste scientifique de Libération, met les points sur les i :


Le feuilleton de "l'Académie des sciences s'occupe du climat" a pris fin ce matin avec la remise du rapport à Valérie Pécresse au ministère de la recherche. Un texte qui, malgré les efforts désespérés, menaces et pressions de Claude Allègre et Vincent Courtillot réfute leurs affirmations erronées ou mensongères sur les sciences du climat.

Ce rapport est la conséquence de l'énorme coup de colère des scientifiques du climat des laboratoires de France qui, en avril dernier, ont publié un Appel signé par plus de 600 d'entre eux, autrement dit l'essentiel de la communauté scientifique concernée (photo, une de Libération le 1er avril). Peu après, la ministre demandait à l'Académie des sciences d'organiser un débat sur sur le sujet. Il s'est tenu le 20 septembre dernier et a tourné à la déroute de Claude Allègre et de ses soutiens. J'ai raconté dans ces notes (ici, le match Bard/Courtillot, le match Jouzel/Aubouin, et ici) cette journée épique. J'ai par ailleurs fait une communication ce matin lors d'un colloque international à Bruxelles sur "Controverses climatiques, sciences et politique", cette communication est ici. Voir également un commentaire de la revue Nature sur le rapport de l'Académie.

Ensuite, la rédaction du rapport et des conclusions a fait jusqu'au bout, et malgré l'évidence de la défaite au plan des arguments scientifiques de Claude Allègre et Vincent Courtillot, de dernières tentatives de pressions sur le comité de rédaction. Comité qui, curieusement, ne comportait aucun climatologue ce qui n'est pas la meilleure manière de réunir les compétences indispensables à la rédaction d'un tel texte.

Bien sûr, les deux compères n'hésitent pas à proclamer sur les radios qui les invitent sans vergogne que ce texte ne contredit pas leurs affirmations. Claude Allègre, a ainsi déclaré que ses «positions avaient été prises en compte» et «Je dis toujours la même chose, je dis que le rôle exact du CO2 sur le climat n’est pas démontré.» Manifestement, ce numéro d'histrion n'a pas convaincu Valérie Pécresse dont le sobre communiqué affirme : «Il y a bien un réchauffement climatique et qui n’est pas provoqué par l’activité solaire. Ce réchauffement climatique s’explique par une concentration des gaz à effet de serre, et en premier lieu du CO2. Et cette augmentation du CO2 est due principalement à l’activité humaine. Nous avons ici un exemple clair de ce que la science apporte aux responsables politiques : un constat univoque de l’impact des activités humaines sur l’environnement

Voici le rapport en pdf. Voici des extrait significatifs :

«1. L’augmentation de la température de surface sur la Terre est de 0,8 ± 0,2 °C depuis 1870. Elle Temp 1850 2000 reste notablement différente pour les deux hémisphères : plus forte au Nord et plus forte aux hautes latitudes. Une variabilité entre continents est également observée. Enfin, une forte modulation sur des périodes annuelles et multidécennales est également constatée, avec deux périodes de plus forte augmentation (approximativement de 1910 à 1940 et de 1975 à 2000) encadrées par des périodes de stagnation ou de décroissance. Les variations climatiques naturelles (El Niño, éruptions volcaniques, Oscillation Nord‐Atlantique) y sont visibles.

2. La température des océans, mesurée depuis les années 1950 par les bateaux de commerce ou les navires océanographiques (jusque vers 700 m de profondeur) et plus récemment par le système de bouées profilantes Argo, montre une augmentation moyenne globale depuis quelques décennies. Le contenu d’énergie thermique de l’océan a donc aussi augmenté, surtout depuis le début des années 1980. Ce réchauffement n’est pas uniforme. Il présente une importante variabilité régionale avec d’importantes oscillations pluriannuelles, voire décennales.

3. La réduction de la surface des glaces océaniques arctiques. La banquise, dont la fonte ne contribue pas à l’élévation du niveau des océans, est un autre indicateur fort de l’accélération de l’évolution du climat : de 8,5 millions de km2 stable dans la période 1950‐1975, la surface des glaces de mer a connu une décroissance très rapide jusqu’à 5,5 millions de km2 en 2010.

4. Le recul des glaciers continentaux est observé de façon quasi généralisée depuis 3 à 4 décennies, avec une nette augmentation au cours des 20 dernières années.

5. Les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland ont un bilan total de masse négatif depuis une Niveau marin dizaine d’années. (...)

6. Le niveau moyen des océans (graphique à droite) est un autre indicateur qui intègre les effets de plusieurs composantes du système climatique (océan, glaces continentales, eaux continentales). (...) Depuis le début des années 1990, les contributions climatiques à cette élévation sont approximativement dues, pour un tiers à la dilatation de l’océan consécutive au réchauffement et, pour les deux autres tiers, aux glaces continentales ‐ à parts quasi égales, fonte des calottes polaires du Groenland et de l’Antarctique d’une part, et fonte des glaciers continentaux d’autre part.

(...)

1‐2. LES FACTEURS D’ÉVOLUTION DU CLIMAT

On observe l’évolution de certains des facteurs susceptibles d’avoir un effet plus ou moins important sur l’équilibre du climat.

1. L’augmentation des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre, autres que la vapeur d’eau qui se recycle rapidement et en permanence, est un élément très important, qui doit être observé avec précision sur plusieurs décennies pour donner lieu à une interprétation fiable. Le dioxyde de carbone (CO2) : sa concentration augmente continûment depuis le milieu du XIXe siècle, en raison principalement des activités industrielles, passant de 280 ppm vers 1870 à 388 ppm en 2009. Le taux de croissance mesuré depuis 1970 est environ 500 fois plus élevé que celui observé en moyenne sur les 5 000 dernières années. Les études isotopiques montrent que l’origine de cette augmentation est due pour plus de la moitié à la combustion des combustibles fossiles, le reste aux déboisements massifs et pour une faible part à la production de ciment. Le méthane (CH4) : dû notamment aux fermentations diverses (zones humides, ruminants, déchets domestiques, biomasse, …), aux fuites de gaz naturels et à la fonte du pergélisol, sa concentration s’est accrue de 140 % sur la même période. Elle semble cependant stabilisée depuis 2000. Le protoxyde d’azote (N2O) : dû en grande partie aux activités agricoles (dont la biodégradation des nitrates agricoles dans les milieux souterrains anoxiques), sa concentration a augmenté de 20 % sur la même période. L’augmentation de l’effet de serre induit pour l’ensemble de ces trois composants est de 2,3 W/m2.

2. La radiation du Soleil reçue par la Terre hors de l’atmosphère à une latitude donnée en été ou en hiver dépend de la luminosité du Soleil et de la distance de la Terre au Soleil, et de l’orientation de l’axe de rotation de la Terre.(...). L’énergie totale rayonnée par le Soleil est dominée par la partie visible du spectre et a très peu varié au XXe siècle si on fait la moyenne sur les cycles d’activité de 11 ans. La Frolhich et Lean soleil irradiance variation relative de cette énergie durant ces cycles est de l’ordre du millième. Le forçage correspondant, de l’ordre de 0,2 W/m2, est 10 fois plus faible que celui dû à l’augmentation de l’effet de serre lié aux activités humaines.Les cycles d’activité du Soleil affectent principalement la partie ultraviolette du spectre solaire, mais aussi le vent solaire et les rayons cosmiques, qui subissent de fortes variations de leur amplitude pendant le cycle solaire ainsi que sur des périodes de plusieurs décennies. (...) Il est intéressant de noter que le minimum solaire récent est le plus long depuis 40 ans. L’activité solaire sur cette période montre, pour plusieurs indicateurs, une diminution aussi bien des minimas que des maximas, le minimum actuel correspondant à une absence de taches solaires pendant 266 jours, situation inédite depuis plus de 40 ans. L’irradiance mesurée depuis l’espace a diminué de 0,02 % entre l’avant-dernier et le dernier cycle solaire, tandis que les indicateurs climatiques ont montré un réchauffement sur cette période de 40 ans.»

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/10/lacademie-des-sciences-tacle-allegre-et-courtillot.html

http://e-south.blog.lemonde.fr/files/2009/07/illustration_changement_climatique_image.1247246775.jpg



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