dimanche 18 avril 2010

La décroissance malmenée ou mal menée ?

À Beaugency 2, en avril 2010, on a "achevé" l'ADOC constituée à Beaugency 1, en septembre 2009.



L'Association des Objecteurs de Croissance (devenue, subrepticement, l'Association d'objecteurs de croissance, au cours du semestre écoulé...) n'a pas réussi à se doter des statuts lui permettant d'avoir un fonctionnement ordinaire. Il aurait fallu, pour cela, que les 2/3 des voix soient rassemblés sur un texte. Les abstentions étant prises en compte comme suffrages exprimés, seulement 64% ont été obtenus par le projet établi par le Collège sortant. Le texte alternatif, visant à transformer l'ADOC en une Confédération de Groupes territoriaux a été rejeté. L'ADOC se retrouve donc avec ses statuts provisoires, un Collège entièrement renouvelé et, pour nombre de ses adhérents ou sympathisants, un moral en berne.

La décroissance est chose trop sérieuse pour la confier à des décroissants soit néophytes, soit avides de prendre possession de ce nouveau pouvoir s'installant sur la scène politique.

Autant Beaugency 1, avec toutes ses imperfections, ouvrait un espoir pour ceux qui se sont engagés dans une forme d'écologie sinon radicale du moins permettant une implication de vie allant au-delà d'une appartenance à une organisation, autant Beaugency 2 marque un échec et oblige à une remise des compteurs à... zéro!

La responsabilité de ce recul fort mal venu est partagée, mais inégalement. Tous se sont jetés dans des débats que l'outil informatique surexcitait. Certains ont fait pire : ils ont sciemment utilisé les fonds rassemblés, non à leur profit personnel, mais pour soutenir les entreprises électorales qui leur semblait les meilleures ! Une Association de Financement de l'ADOC, constituée avant la création de l'ADOC elle-même, a récupéré les versements (y compris les cotisations !) pour nourrir cette"Af.ADOC" (ne dépendant en rien de l'ADOC!) Un seul homme, suractif, décidait de l'emploi des fonds et se posait, de son aveu même, en contrepouvoir solitaire.


À Beaugency, chantaient les verdiers. Ils n'ont pas été entendus...

Il y a là tous les ingrédients composant la pire des politiques, aujourd'hui encore limitée, heureusement, à quelques individus pesant peu dans la vie politique française. Ne servent à rien les discours sur la politique prudente et lente (dite de l'escargot), sur l'urgence de pratiquer autrement la politique, sur la non-violence, sur la convergence des idées consignée dans la Plateforme votée à Beaugency 1. On a pu constater, en ce printemps ensoleillé, la volonté, farouche, de mettre la charrue avant les bœufs, (se présenter devant les électeurs avant d'y être prêts). Quelques-uns, même, dissimulaient mal leur désir d'obtenir, sans doute à moindre frais, une place gagnable dans une assemblée...

Ce week-end en bord de Loire n'est pas sans enseignements. Rien de bien nouveau mais une confirmation : le neuf ne surgit pas sans qu'aussitôt les goulus du pouvoir veuillent s'en emparer. L'ADOC est un mouvement transformé sournoisement en parti. Ceux qui s'y refusent, en son sein, ont été trompés. De pseudo contestataires de la démocratie libérale ont cherché à fonctionner dans le cadre légal actuel, qui leur donne une existence reconnue, mais en échange d'une reconnaissance du système politique qu'ils dénoncent. La messe est dite, et les 1 à 2 % grapillés ici ou là, en Alsace ou en Franche-Comté pourront satisfaire ceux à qui l'expérience à beaucoup apporté, mais la décroissance n'y a rien gagné et reste une opinion marginale et marginalisée par ceux-là même qui s'en réclament.

Mise à mal, en effet, la décroissance l'est doublement.

Elle l'est par ceux qui veulent s'en emparer comme d'un drapeau à brandir sur les champs de bataille électoraux, transformant ainsi l'apport de la décroissance en une politique parmi d'autres, proposée par des "militants" ne faisant pas de la politique autrement que les autres. Le pouvoir ou l'espoir du pouvoir rend fou. Ceci n'intéresse plus les générations les plus jeunes.

Elle l'est aussi par ceux qui croient pouvoir faire de la décroissance leur fond de commerce et ne se rendent pas compte que nul outil associatif, parti ou structure, quelle qu'en soit la forme, ne peut englober une idée qui monte. Le débat dérisoire entre néo-Jacobins et néo-Girondins, entre la Province et Paris, à front renversé, ne fait qu'user le temps et l'énergie sans rien produire d'utile. L'autonomie de fonctionnement non seulement n'interdit pas la cohérence intellectuelle mais oblige au respect de ceux qui disposent de la même autonomie que soi. On en est loin. Le rejet, l'hostilité, l'agressivité qui n'ont cessé de se manifester ces mois passés disent assez que les protagonistes d'une lutte politique essentielle au pays n'y sont pas préparés.


Me voici bien seul, et sali.

Je me retire de cet outil qui n'en est pas un, l'ADOC, mais sans quitter ceux qui travaillent à la promotion de la décroissance qui, aura, elle, beaucoup souffert en ce mois d'avril. Malmenée et mal menée (une participante, à Beaugency, ajoute : "mâle-menée"), l'ADOC, blessée, va guérir ou mourir. Qu'importe ! L'essentiel est ailleurs, car l'avenir des idées et des réalisations portées par la décroissance ne se joue plus là.


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