lundi 5 avril 2010

Décroître pour croître.

Décroissance, décroissance... Il n'est plus question que de cela !

Et pourtant, jamais la critique du mot et de la chose n'ont été aussi vifs.

Le mot ? On ne fera jamais une valeur d'un terme substantiellement négatif.
La chose ? Sans croissance la société humaine se bloque.

Plus subtil : la croissance économique n'est pas la croissance des ressources, c'est la croissance des idées. Il y a décroissance quand il n'y a plus d'idées...

Si, en effet, la décroissance consistait en un renoncement à toute innovation, on pourrait estimer que les décroissants sont des réactionnaires doublés de rétrogrades ! Il n'en est pourtant rien ! Nous voici à un tournant de l'histoire humaine où il faut décroître pour croître. Cela tient à l'alternance vitale des temps de repos et d'activités pour obtenir la meilleure efficience. Cela tient aussi à ce que, pour obtenir plus avec moins, il faut plus d'intelligence et plus de sélectivité dans le choix des productions utiles.

Il est des intelligences perverses qui obtiennent de moins d'employés plus de travail pour augmenter les profits à moindre frais. Ce n'est évidemment de cela qu'il est question. Il s'agit que plus d'idées servent à vivre mieux avec moins de consommation et davantage de satisfaction des besoins vitaux. La décroissance des inégalités et des gâchis ne peut qu'être positif. Il est dans la décroissance du mauvais usage, une croissance entièrement nouvelle : celle de la recherche constante de ce qui est indispensable à tous.

Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia, présentés comme des écrivains éconoclastes, sont riches de pensées non conformistes. Soit ! Ils ne brillent toutefois pas par l'originalité quand ils affirment que la décroissance correspondrait à une chute de la pensée, à un manque d'idées. Il est désagréable de rencontrer des chercheurs qui apportent beaucoup mais qui procèdent par affirmation aussi bien pour faire progresser la pensée que pour faire abandonner des idées nouvelles. Car la décroissance est une idée nouvelle dont le contenu va plus loin que ce qui en est perçu, à la première approche.

@ Stéphane Menia - Nos phobies économiques. Ces peus que l'économiste guérit mieux qu'un psy

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