mercredi 31 mars 2010

Enfin Allègre vint...

Nicolas Boileau et François de Malherbe, poètes. Au centre, "le sachant".

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis à sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.

Boileau

Ce 31 mars 2010 fera date ! L'aveu est tombé de la bouche de Claude Allègre. À la question du journaliste de France Inter, Nicolas Demorrand : "qu'est-ce qui vous sépare des écologistes", la réponse a fusé : "le mot décroissance" ! Selon l'illustre savant, la muse verte nous a donc assez amusés. Le pouvoir n'est pas dans les rêves ! Mettons le mot croissance à sa place : la première, si l'on veut une économie qui procure de l'emploi. Marchons aux mots cadencés.

Yannick Jadot, le député européen d'Europe-Écologie a eu beau se récrier, nuancer, rappeler que les Verts ne sont pas, en tout, décroissants, la cause était entendue : le crime intellectuel absolu, la faute économique et politique impardonnable, pour l'ex Ministre de l'Éducation, c'est de s'en prendre à la croissance !

Enfin Allègre vint ! Tout devient clair. Il est d'accord pour l'isolement des bâtiments, d'accord pour le remplacement progressif du pétrole, d'accord pour la géothermie, mais, de grâce, qu'on ne nous embrume pas avec la décroissance, martèle le pontife des climatosceptiques. L'écologie est compatible avec le nucléaire et les OGM, ajoute-t-il, car l'écologiste sérieux, scientifique, ce n'est pas Dany ou je ne sais qui, c'est lui...

Il faut remercier cette autorité qui se trompe et nous trompe, lui l'homme au "mammouth" ! Rappelons-nous, seule ne devait décroître, selon lui, il y a quelques années, que la quantité de graisse du mammouth de l'Éducation ! Sa hargne, aujourd'hui, se retourne contre la décroissance, mais elle révèle qu'il y a là un clivage essentiel entre les écologistes opportunistes ou de circonstance, et les autres, ceux qui n'ont pas attendu la mort du Grenelle de l'environnement pour comprendre que la guerre idéologique serait totale. "Le système qui est le problème," comme l'a découvert Nicolas Hulot, a les moyens de mener cette guerre-là. Claude Allègre, en est l'un des officiers. On le devinait. C'est avoué. Entre ce qu'il dit et ce que disait André Gorz, il y a incompatibilité. Et, dans la décennie, va falloir choisir.


D'où il est, derrière la fenêtre qu'il a refermée, André Gorz nous avertit toujours...

« La décroissance est un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d'une façon ou d'une autre, civilisée ou barbare. » André Gorz.

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