jeudi 1 juillet 2010

L'écologie confrontée aux Voyageurs

Éragny et les « Gens du Voyage ».

Si l'on examine le cas d'une petite commune (17 000 habitants), "de bonne volonté", on s'aperçoit que, là comme ailleurs, les questions posées à la collectivité par l'habitat mobile ou la culture propre aux tsiganes ne sont pas véritablement prises en compte. Il s'ensuit des nuisances que l'on a un peu trop vite l'habitude de mettre sur le dos de cette population mal aimée.

Éragny-Magazine, dans son numéro 164, page 8, effectue le constat que les passages de caravanes sur le territoire communal sont difficiles à interdire. « Des procédures complexes » ralentissent l'exécution des mesures coercitives mettant fin à ces stationnements illégaux.

Certes, « les voyageurs ont laissé les lieux propres et déposé un don pour la Caisse des Écoles », mais, durant une bonne partie du printemps, les « contrevenants » ont bravé les autorités au point que « la police, en trop petit nombre » a dû, à cette occasion, « constater son impuissance ».

S'il faut « prendre la mesure de la complexité de la gestion de ces dossiers », c'est en se portant en amont qu'on peut y parvenir, car il s'agit de bien plus que d'un dossier, il s'agit de la vie même de Français qui ont, par la loi, droit à vivre en habitat mobile et qui n'y parviennent pas.

La ville d'Éragny sur Oise, du reste épargnée par rapport à ses voisines Herblay, Conflans-Sainte-Honorine et même Saint-Ouen l'Aumône, n'est évidemment seule responsable de cette situation qui relève de politiques d'État mises en échec. Toutefois elle en porte sa part.

Trois publics sont susceptibles d'occuper, irrégulièrement, des terrains publics ou privés :

• des Voyageurs de passage qui, notamment aux beaux jours, se déplacent en Ile de France, comme le font les Tsiganes, depuis des siècles. Il s'agit, à 99%, de Français.

• des Voyageurs, Français également, qui se sont immobilisés (plus que sédentarisés) pour des raisons diverses, misère, vieillissement, lassitude, volonté de scolariser les enfants, artisanat local connu et bien accueilli..., et qui s'installent dans des friches ou des bois, sans droits ni titres.

• des tsiganes étrangers d'Europe de l'Est, le plus souvent roumains, donc membres de l'Union européenne, s'installant dans des cabanes et caravanes, en bidonvilles, ou, briévement, au bord de routes ou chemins, sous un pont, voire dans un squat.

S'agissant des Français, la loi Besson de juillet 2000, a prévu pour les communes de plus de 5000 habitants l'obligation de disposer d'une aire d'accueil et de stationnement. L'application de la loi, contestée, mal appliquée, avance à tout petits pas, mais avance. La ville d'Éragny, comptant, comme elle y a droit, sur ses partenaires de la Communauté d'Agglomération, ne satisfait pas elle-même cette obligation. D'où une difficulté : le concours de la force publique ne lui est pas garanti par le Préfet pour contraindre des familles de passage à quitter les lieux improvisés où elles stationnent.

Les habitants de la commune vivant dans des caravanes qui ne voyagent plus (ou fort rarement), depuis des décennies, et dans des conditions de très médiocre salubrité, sont, eux, en équilibre entre la tolérance et le rejet. On accepte leur présence de mauvais gré et on les laisse à leur sort, ce dont les intéressés se contentent... Quant aux propriétaires de parcelles mal placées (sous des lignes à haute tension, dans des zones inondables, ou sur le passage éventuel d'une infrastructure routière), ils tendent le dos, et prient le ciel que le malheur ou la malchance ne vienne pas ruiner leur vie.

Quant aux Rroms roumains, ils n'occupent que très occasionnellement des espaces de la commune. Ils ont parfois, par le passé, squatté une maison, mais s'ils restent géographiquement proches de la commune, ils ne s'y installent pas. Au reste, certains ont accédé au logement social et s'y tiennent.

Il convient, en effet, de ne jamais oublier que les Tsiganes, français ou étrangers, parviennent plus souvent qu'on ne le croit, à vivre dans un habitat fixe, pavillonnaire ou même en appartement.

Éragny n'échappe pas à cette situation « mobile » où les intéressés vivent dans des conditions très différentes. On aimerait que ces « dossiers » soient abordés de front et pas seulement quand des présences intempestives, et subies, obligent à considérer ce que, ordinairement, on ne regarde pas.


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