dimanche 22 février 2009

Avec les Objecteurs de Croissance

Il n'y a plus de limites nationales à la solidarité écologique. La lutte contre la religion de la croissance est, plus que jamais, nécessaire. Cette association belge mérite d'être connue. Voici sa déclaration constitutive.


Association d’Objecteurs de Croissance

Qui sommes-nous ?

Nos sociétés sont hantées par le dogme de la croissance économique. Pas un jour ne passe sans que soit alimentée l’idéologie du toujours plus, présentée comme LA voie que nous devrions tous impérativement suivre. Le productivisme aveugle alimente la surconsommation frénétique de femmes et d'hommes réduits chaque jour davantage à leurs fonctions mercantiles et au statut de simples rouages d’une mécanique économique mortifère. Aujourd’hui, les valeurs marchandes dominent toute autre valeur humaine ; le vivant lui-même est devenu marchandise et objet de brevetage. Sommé d’être rentable pour garantir et accroître le rythme d’une machine folle, l'humain est livré en pâture à la loi du profit maximal qui dévaste la Planète et favorise une partie toujours plus restreinte de la population.

Au moment où l'on voit s'effondrer les étages les plus instables du château de carte financier dont la chute menace d'entraîner l'ensemble de l'architecture économique internationale, le caractère forcené de cette fuite en avant croissantiste apparaît crûment à qui accepte de ne plus détourner le regard. Ainsi les Etats – et donc les contribuables – sont mis à contribution pour éponger les folies spéculatives de marchands qui garantissaient « leur croissance » par des logiques financières coupées du monde réel.

Ce dernier se rappelle pourtant brutalement au souvenir de ceux qui le croyaient sous contrôle. L'envolée des prix du pétrole fut l'un des principaux déclencheurs de la crise financière. Cet or noir qui est devenu le sang de l'économie, le monde entier le veut en quantités croissantes alors que la production stagne, les réserves accessibles entrant en déclin. Nous savons qu’il n’y a pas de croissance infinie possible sur une planète aux ressources limitées. L’émergence de pays géants sur la scène internationale et leur volonté d’entrer dans la danse lancée par l'Occident rendent évident le caractère totalement insoutenable de nos modes de vie.

Le développement durable nous promet depuis plus de vingt ans un aménagement en douceur du fonctionnement de nos sociétés industrielles et de nos pratiques pour les rendre compatibles avec les nécessités sociales et environnementales.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

  • La boulimie énergétique sur laquelle repose notre modèle économique nous a menés au seuil des pénuries de ressources fossiles.
  • Les sols sont épuisés par des pratiques incompatibles avec le vivant.
  • L’effondrement de la biodiversité est si violent que nous sommes confrontés à la sixième extinction massive des espèces.
  • Les déséquilibres géopolitiques augmentent en même temps que la pression sur les ressources.
  • Les niveaux de pollution ne cessent de croître, aggravant notamment le bouleversement climatique dont les conséquences catastrophiques sont d’ores et déjà subies par les populations les plus fragiles du globe.
  • La santé des êtres humains se détériore significativement.
  • Les inégalités sociales se renforcent entre pays mais également à l'intérieur de ceux-ci.

Ces constats, nous sommes de plus en plus nombreux à les faire, à les reconnaître. Mais si nous les posons aujourd’hui, c’est avec la ferme volonté de les dépasser. Aussi lourds soient-ils, ils n’emportent pas notre résignation : ils ne sont pas inéluctables!

Avec d’autres dans le monde, nous affirmons clairement qu’un changement de cap est possible et nécessaire ; qu’il doit être franc, décidé, fort et nous mener vers une société plus solidaire, plus juste et plus heureuse, qui respecte l’immense diversité de la vie, ses fragilités comme ses potentialités.

Nous refusons la logique d'une compétition déshumanisante, l’horizon bouché de la surconsommation, la soumission aveugle en une technoscience hissée au rang de religion, qui renforcent les pouvoirs de contrôle, sapent la démocratie et menacent l’avenir même de l’humanité. Nous voulons sortir du sillon qui nous entraîne vers l’autodestruction et la barbarie. C’est une obligation morale mais aussi une nécessité matérielle, tant les limites de la Terre ne sont pas négociables et nous imposent réalisme et sagesse devant les faits.

Nous ne voulons pas une « autre consommation », mais sortir du consumérisme pour retrouver la maîtrise de nos usages, nous réapproprier la maîtrise de nos modes de vie et sauver le Bien commun.

Nous ne voulons pas une « autre croissance », mais en finir avec le productivisme, la spéculation et le mythe d'une croissance infinie.

Nous ne voulons pas un modèle simpliste dans lequel l’avoir prime sur l’être, mais que chacun puisse s’épanouir légitimement dans la société.

Nous voulons agir pour une démocratie effective et vivante, pour l’équité et la solidarité entre tous les humains par la coopération et le partage.

Avec d’autres, nous avons identifié plusieurs balises d’un nouveau chemin. D’ores et déjà, nous voyons qu’en de multiples endroits naissent des expériences et des réflexions porteuses de transformations profondes. Citons à titre d’exemple : l’autonomie énergétique, la relocalisation de l’économie, l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires, les échanges de savoirs, la simplicité volontaire, la bioéconomie… Tous ces savoirs et savoir-faire sont constitutifs d’un nouveau paradigme que nous voulons contribuer à renforcer et à diffuser.

Parce que nous voulons nous placer du côté de la vie et de l’avenir, nous savons qu’il nous incombe de prendre notre part de responsabilité et de participer à rendre le cours des choses viable et préférable pour nous-mêmes mais aussi pour ceux et celles qui viendront après nous.

Nous invitons donc toutes les personnes qui désirent sortir de l’obsession de la richesse matérielle, de l’illusion de la domination et de la folle concurrence à explorer avec nous d’autres possibles.

Pascal Cambier, Daniel Cauchy, Marie-Rose Cavalier, Martine Dardenne, Réginald De Potesta, Françoise Gilboux, Michèle Gilkinet, Jean-Baptiste Godinot, Roland Hinnion, Noëlle Hinnion, Paul Lannoye, Francis Leboutte, Bernard Legros, Damien Lesca, Pierre Stein, Georges Trussart, Benoît Wegria.

http://www.objecteursdecroissance.be/

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