mercredi 30 décembre 2009

Les Verts et la vertu

La taxe carbone sera modifiée ou ne sera pas. Ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel, le 29 décembre! Le compromis entre l'écologie et l'industrialisation de la société vient de recevoir un nouveau coup. Une bonne occasion de se rappeler qu'à vouloir rechercher le centre, l'entre-deux, l'accord minimal, on chute dans le déséquilibre ou bien l'on ne change rien... Qu'est-ce que la politique sans vertu?



Le parti Vert est traversé, depuis longtemps, par une contradiction : on ne peut mener une action politique écologiste sans affronter les épreuves électorales mais, disait-on en même temps, il faut pratiquer "la politique autrement".

Ce slogan, "faire de la politique autrement". n'a correspondu à rien parce que, en France, il n'est pas possible d'entrer dans les compétitions électorales sans parti. Or, le fonctionnement des partis obéit toujours aux mêmes règles : il faut éliminer ses concurrents, dès la désignation des candidats, au sein du parti, avant de se voir investi de la responsabilité de défendre une politique devant les électeurs. Les Verts n'ont pu échapper à cette façon de faire de la politique comme tout le monde.

Les Verts ne sont, en effet, ni plus ni moins vertueux que les autres "militants" politiques. En politique il faut vaincre et le militant est un militaire civil. Il ne tue pas physiquement son concurrent mais il le tue dans ses ambitions, ses projets, ses idées. Bref, il fait de son rival un ennemi.

Les Verts sont enfermés dans une logique institutionnelle où ils se sont eux-mêmes installés quand ils ont estimés qu'il fallait, pour être efficace, gagner des sièges et exercer des responsabilités au sein d'exécutifs qui les acceptaient en raison de leurs compétences et de leur concours à l'obtention d'une majorité composite.

Si, actuellement, Europe-Écologie ou les Verts se détachent des alliances où ils avaient une place réduite mais réelle, c'est qu'ils escomptent pouvoir, en autonomie, occuper une place plus importante voire être, enfin, à la tête d'exécutifs régionaux, en 2010. C'est une autonomie tactique avant d'être une autonomie stratégique.


La logique reste la même : auparavant, on faisait des compromis avec les socialistes par réalisme. À présent, on parie sur la modification des rapports de force et l'on ne fait plus de compromis de premier tour avec les socialistes..., toujours par réalisme.

Bien entendu, les partenaires qui se résignaient à pactiser avec un mouvement écologiste faible, vont se contenter d'engranger, dans un premier temps, l'apport d'un mouvement écologiste plus fort (même s'il faut, pour cela, abandonner des responsabilités) mais, par la suite, ils ne feront aucun cadeau à ces ambitieux qui ont voulu se faire calife à la place du calife.

cependant, la réalité politique change : la politique des partis et celle des leaders d'opinion devient, progressivement, inadaptée à l'évolution des mentalités et des capacités des citoyens. Plus encore, les questions politiques majeures, effectivement dominées par des problématiques écologiques, obligent, et obligeront toujours davantage, à effectuer des mutations, des transformations, des évolutions dans les pratiques économiques et sociales à échelle planétaire!

La politique autrement retrouve là, peut-être, des couleurs, vertes ou pas, simplement parce que l'enfermement dans des fonctionnement d'États-nations va se révéler de plus en plus obsolète et inadéquat. L'élection européenne de 2008 aura eu cet avantage de fournir un moyen de déborder le cadre du parti des Verts et, pour les élections françaises des régionales, il semble que la leçon ait été tirée. Les "personnalités" entrent dans les listes de candidats. Cela ne peut fragiliser les groupes d'élus "verts et ouverts" mais c'est la seule voie d'avenir.

Sans vertu, un élu est une proie facile pour ceux qui achètent les pouvoirs et, par là même, en disposent. Pourtant, l'éthique ne fait pas partie des disciplines enseignées à Science.Po! Le constat serait désespérant si nous restions prisonniers d'une conjoncture immobile. ce fut longtemps le cas. Ce ne l'est plus. La complexité du monde et sa fragilité, révélées par la mise en cause de la croissance et du capitalisme obligent à rechercher des dispositifs politiques nouveaux.

La chance des Verts "vertueux" est qu'ils ne sont plus obligés de se fondre dans des moules qui n'ont pas été pensé ni voulu par eux. Ils peuvent même continuer leur propre évolution sans renier leurs fondateurs qui dénonçaient le capitalisme sans avoir besoin de recourir au marxisme. Ils peuvent aussi découvrir que la meilleure des clefs permettant d'entrer dans des problématiques écologiques est désormais sociale. S'ils effectuaient cette découverte, et en tiraient des enseignements pratiques, ils seraient incorruptibles, sans avoir à couper de têtes... La sobriété, la simplicité, la mesure, la frugalité, la modestie se marient volontiers avec l'équité, le partage, la solidarité, la mutualité, la coopération, le don! Un écologiste qui ne serait pas plongé dans la vie des milieux populaires entrera vite en contradiction avec lui-même.





























































Aucun commentaire:

Archives du blog