jeudi 21 mai 2009

Choisir entre le sucre alimentaire et le sucre pour l'éthanol?

Le journal Le Monde nous l'apprend : le sucre que nous mangeons devient cher et peut-être devrons-nous choisir bientôt entre sucrer le café et remplir le réservoir de nos voitures. Insensé? Pas tant que cela! Là où l'on peut gagner de l'argent les capitaux se portent sans considération pour les véritables intérêts des humains!

La canne à sucre sert plus à fabriquer de l'éthanol qu'à produire du sucre!



Crise ou pas, les mêmes logiques et les mêmes dominations interdisent de sortir du système qui satisfait tant les marchés!
Une fois encore, une preuve nous est apportée que le capitalisme ne sert que ses intérêts et qu'il y a bel et bien conflit entre le souci écologique de produire sans détruire et la volonté des puissants de continuer, tant qu'ils le pourront, à prospérer sans rien changer! "Mais attendons la fin" écrivait La Fontaine.

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"Les fonds d'investissement raffolent du sucre. Depuis le mois de janvier, ils avaient découvert dans le jus de la canne et de la betterave le produit idéal : appelé à se raréfier, il était réputé devenir inéluctablement cher.

En effet, découragés par les bas prix du sucre et poussés par leur gouvernement à planter des céréales pour faire face à la pénurie de farine, les paysans indiens ont délaissé la canne pour faire plus de blé. Le cours de la livre de sucre brut à trois mois est passé, à New York, de quelque 12 à 14 cents de dollar de janvier à mars.

La hausse s'est accélérée parce que New delhi s'est aperçu que, à ce petit jeu de l'interventionnisme, il avait détraqué son marché du sucre : d'exportatrice, l'Inde était en train de devenir importatrice ; ce n'était plus l'augmentation du blé qui risquait de susciter des émeutes, mais celle du sucre.

En février, le gouvernement indien a donc supprimé les droits d'importation sur le brut et, derechef en avril, sur le blanc. Raté : cette confirmation de la pénurie a ravi les marchés, qui se sont mis à acheter frénétiquement toutes les futures douceurs qui se présentaient.

Quand l'International Sugar Organisation (ISO) a fait savoir, le mardi 12 mai, que le déficit de la campagne s'achevant en septembre ne serait pas de 4,9 millions de tonnes, mais de 7,8 millions de tonnes, ce fut le bouquet : le sucre se hissa à 15,72 cents, et même à 16,06 cents au comptant. Soit de + 31 % à + 45 % depuis le début de l'année. Un joli placement !

Était-ce exagéré ? Les bénéfices à prendre étaient-ils tellement alléchants ? Toujours est-il que vendredi, le sucre redescendait de ces sommets à 14,95 cents la livre. En fait, les cours de notre édulcorant préféré évoluent dans le sillage de ceux de notre carburant de prédilection, le pétrole. Pour la bonne raison que 55 % de la récolte brésilienne de canne, la plus importante du monde, prend le chemin des usines d'éthanol.

Quand le pétrole est recherché parce que la reprise économique est annoncée au coin de la rue, son ersatz, l'éthanol, redevient rentable, et le sucre monte. En revanche, quand le pétrole recule, parce que la consommation américaine en berne prédit que la crise durera, l'éthanol vacille et le sucre fond.

Qui l'emportera ? La rareté, qui pousse le sucre à la hausse, ou la conjoncture médiocre, qui le plombera pendant un nombre indéterminé de mois ? Les marchés hésiteront encore pas mal entre ces deux scénarios".

Alain Faujas
www.lemonde.fr/economie/article/2009/05/16/le-sucre-a-hue-et-a-dia_1194045_3234.html


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