dimanche 10 mai 2009

Le sachet noir qui tue

Le sachet noir et la calebasse : objets d'utilité quotidienne

Je rentre du Burkina-Faso, de la banlieue de Ouagadougou. J'y ai découvert, avec stupéfaction, un pays en deuil ou présentant toutes les apparences du deuil : partout, emportés par le vent, des sachets en plastique noir sont accrochés aux arbres, jonchent le sol des lieux publics ou privés, et maculent le paysage d'innombrables taches noires.

L'usage du sachet moir, cet objet bon marché, pratique, léger, solide s'est généralisé. Comme en Algérie, au Maroc, en Cote d'Ivoire et plusieurs autres pays africains, l'habitude de s'en servir a été prise et rien n'y résiste! Le résultat est désastreux et la pollution, liée à ces remplaçants des paniers et autres contenants traditionnels, est devenue épouvantable. Dans les abattoirs de Ouagadougou, à Kossodo notamment, on retrouve, dans les estomacs des animaux abattus, ces sachets diaboliques. De nombreux animaux domestiques meurent étouffés pour avoir avalé ces sacs conservant des restes alimentaires.

Les pouvoirs publics ont bien essayé de freiner ou d'interdire l'achat et l'emploi de ces sachets noirs, mais ils ont échoué car, d'une part les vendeurs et revendeurs de ce matériel courant font des affaires et, d'autre part, les habitants ne savent plus se passer d'un moyen de transport de leurs marchandises pratique et accessible à tous.

Évidemment, les sachets noirs, fabriqués à partir de dérivé du pétrole, ont une durée de vie très longue et, comme ils sont abandonnés après utilisation, ils constituent une source inépuisable de dégradation de l'environnement. Inutile d'envisager leur remplacement par des sachets en papier moins solides, moins souples, plus chers...

La récupération de ces sacs (pour en faire des dalles, des vêtements, des rideaux, etc...) est encore peu développée mais, déjà, dans les vastes dépots d'ordures, notamment en Côte d'Ivoire, des misérables fouillent et ramassent pour les revendre au poids, dans des conditions d'hygiène, de puanteur effroyables, ces funestes sachets noirs.

Quel affreux symbole! L'exploitation de populations entères peu conscientes des risques encourus, à court et long terme, ne trouble que les bonnes âmes qui, comme moi, s'offusquent mais se découvrent impuissants pour faire face au phénomène. Les discours écologiques ne manquent pas, y compris quand ce sont les responsables locaux qui fulminent contre la pollution du pays. Mais comme ce sont ceux qui "font de l'argent" qui, en dernier ressort, décident, rien ne peut changer et les avertissements, campagnes de sensibilisation et autres sont sans effets durables.

Reste que les sachets noirs tuent et pas seulement par étouffement. Ils sont faits de produits qui sont nocifs et en tout cas dangereux quand ils sont mis en contact direct avec la nourriture, ce qui arrive constamment (et pas seulement des graines sèches ou du pain mais des parts de to ou de riz cuisinées et emmenées pour être consommées!).



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