mardi 13 août 2013

Des maux et des mots de la croissance


Et si la bataille des mots pour décrire les maux de la croissance était en train d'être gagnée ?
  • Il y a ceux qui continuent de croire que la croissance est la solution. On les retrouve au sein ou proche du "parti de gouvernement".
  • Et il y a les les autres, qui établissent des distinctions :
    • la croissance n'est pas (momentanément) la solution : il faut, aujourd'hui,"faire sans croissance".
    • la croissance n'est plus et ne sera jamais plus la solution : il faudra toujours faire sans croissance (qui s'est arrêtée d'elle-même)
    • la croissance est le problème (quand bien même la croissance serait encore possible, elle ne serait pas désirable)
    • la décroissance est une solution mais pas la seule.
Il serait plus simple de comprendre parmi les "objecteurs de croissance" tous ceux qui oscillent entre "la croissance n'est pas la solution" et "la croissance est un problème".
"En 1972, nous avions atteint environ 85% de la soutenabilité planétaire. Quand je me suis exprimé devant la Smithsonian Institution, il y a quarante ans, je pouvais dire que nous avions juste besoin de ralentir. Aujourd'hui, nous avons atteint environ 150% de soutenabilité, je ne peux plus le dire. Nous devons décroître". Tim Jackson, en conclusion de Penser la décroissance, sous la direction d'Agnès Sinaï, Paris, Presses de Sciences Po, 2013, page 205.
Au sens strict, un décroissant est, plus encore, celui qui a réalisé qu'il est trop tard pour être seulement objecteur de croissance :
  • Car les seuils de soutenabilité sont globalement dépassés depuis 40 ans.
  • Car les dépassements d'une minorité signifient pour la grande majorité des niveaux de charge écologique largement sous les seuils de soutenabilité ; autrement dit, question sociale et question écologique sont les deux faces d'une même insoutenabilité.
  • car surgit alors la question politique : comment sortir d'une société de croissance et atteindre deS sociétéS d'a-croissance, ce qui signifie, sans ambiguïté, d'assumer une "forme de recul" : déproduction, déconsommation... ?
Au sens large, parmi les objecteurs de croissance, il y a donc les décroissants.

Parmi les décroissants, on pourrait encore distinguer entre :

  • ceux qui adoptent une démarche "identitaire" : la décroissance est la solution ; la décroissance est un projet : politiquement, il s'agit d'abord de dire qui sont les décroissants. 
  • ceux qui préfèrent une démarche "identifiante" : la décroissance est une solution : la décroissance est un trajet ; politiquement, il s'agit d'abord de dire ce que nous proposons à d'autres, de dégager des perspectives "unifiantes" : est alors visée une "convergence" plutôt autour de l'antiproductivisme que de la seule décroissance. Un certain goût pour les "propositions", les "belles revendications" (par exemple : retraite d'un montant égal pour touTEs).
Selon Michel Lepesant, qui s'affirme décroissant donc antiproductiviste.



 

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