dimanche 4 août 2013

Pour apprendre à ne réduire que les dépenses inutiles

Nous empruntons à T.C cet édito, ô combien éclairant. Puissions-nous être pardonnés.
Écologie et non-violence.



Les perruches de grand-mère...

Petite fable pour les temps qui viennent

Par Christine Pedotti

Ma grand-mère était une femme de devoir, d’ordre et de mesure. Fille de paysan, épouse d’un immigré devenu entrepreneur, nul ne l’aurait jamais prise en flagrant délit de dissipation morale ou financière. Elle savait compter et « se tenir ».

Un jour, alors qu’elle était devenue une honorable vieille dame, elle se retrouva gardienne définitive d’un couple de perruches. Elle en prit soin avec tout son sens du devoir. Sauf qu’au bout de quelques mois, elle constata que les deux bêtes « gâchaient la nourriture » en éparpillant des graines tout autour de la cage. C’était, selon son mot, malpropre.

Elle entreprit donc de rééduquer les deux volatiles afin de leur apprendre de meilleurs usages. Puisqu’ils « gâchaient », elle décida de réduire la portion quotidienne qu’elle leur allouait. Mais les perruches ne voulaient rien apprendre, et continuait à répandre les graines.

Ma grand-mère pourtant ne renonça pas. Chaque jour, elle réduisait les quantités et, un jour, elle retrouva dans la cage les perruches mortes… de faim. Car, paraît-il, les oiseaux ont besoin de casser les graines et, ce faisant, les projettent hors de la cage.

Ma grand-mère, qui n’était pas méchante, fut désespérée du sort de ses perruches. Désespérée, mais un peu tard, dirait le fabuliste.

Quel rapport avec l’actualité ? Et bien, on réduit les dépenses et, semble-t-il, les rentrées d’impôt baissent, de sorte qu’il va de nouveau falloir réduire les dépenses, et ainsi de suite. Je ne puis m’empêcher de penser que partis comme ça, on va finir comme les perruches de ma grand-mère.

Une politique de rigueur ne devrait-elle pas, plutôt que de rogner ici ou là selon des impératifs strictement comptables afin d’atteindre ces fameux 3 % de déficit, veiller à ce que les dépenses soient orientées vers la plus grande utilité possible du point de vue de la prospérité du pays et plus largement de l’Europe.

Madame Merkel, messieurs, mesdames de la Commission européenne, du FMI, de la Banque mondiale, ne nous prenez pas pour des perruches !   

Éditorial
TC n° 3550 24 juillet 2013

 Manque de pot pour la croissance...

  

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