mercredi 15 juin 2011

Le faux rebelle


Les frères ennemis

Stéphane Lhomme est candidat à la primaire organisée par Europe Écologie les Verts. Sa compétence comme critique de la politique nucléaire de la France est indéniable. Son rôle, pourtant, dans cette compétition, ne consiste pas à dire pourquoi il pourrait faire entendre la voix des antinucléaires, après le drame historique de Fukushima. Non, il veut, surtout faire obstacle à la candidature de Nicolas Hulot. Et il ne lésine pas sur les moyens.

Ce n'est pas la première fois que ce garçon, intelligent et dynamique, sévit. Son conflit, au sein de Sortir du Nucléaire, avait révélé son tempérament autoritaire et égotiste. Il ne propose pas ; il dénonce. Il ne construit pas ; il démolit.

Aujourd'hui, 15 juin, sur France-Inter, il a repris sa rengaine : Hulot est l'homme du capitalisme, le complice de Borloo, l'imposteur venu de TF1, l'allié objectif d'EDF donc du nucléaire, et j'en passe... En outre il est victime de la direction d'EELV qui le censure. Il a dû édulcorer sa profession de foi mais on la trouve, dit-il, intégralement, sur son site. Bref, il veut nous faire croire qu'il est seul à pouvoir interdire la trahison de l'écologie politique.

Disons le sans détour : Stéphane Lhomme est un faux rebelle. Il n'a qu'un but : se faire remarquer par son acharnement contre Nicolas Hulot. Tout se passe comme s'il s'était glissé dans le sillage médiatique de l'ex présentateur d'Ushuaïa pour se trouver une place dans le champ couvert par les médias.

Stéphane Lhomme est exactement dans la logique binaire qui a déjà tant fait de mal aux écologistes : il y a les bons, et il y a les méchants. Hulot ne peut rien changer à ce qu'il fut puisqu'il est intrinsèquement mauvais. On ne peut croire ce qu'il dit, même quand il dit ce que nous pensons, puisqu'il est un professionnel du mensonge.

Est-il hostile au nucléaire ? C'est un converti tardif ! Conteste-t-il le système économique qui "est le problème" ? Ce n'est pas crédible puisque sa fondation a touché des subventions de la part de grands groupes capitalistes ! Explique-t-il que l'humanité joue sa survie ? C'est un écotartuffe ! Démontre-t-il que la politique de l'énergie et du gaspillage ne peut durer ? C'est, de la part d'un ex conseiller de Chirac, une révélation ambiguë... Etc...

Aurait-il raison, Stéphane Lhomme ne pourrait que renforcer la candidature de Nicolas Hulot, au sein des Verts, tant sa critique est systématique, voire caricaturale.

Pire : si Nicolas Hulot est un concurrent qui peut devenir redoutable, dans la période présente où la sensibilité écologique des électeurs s'accroît, il faut absolument le détruire. On commence par confier ce travail à Stéphane Lhomme, à qui l'on ouvre les médias (le fait-on pour le quatrième candidat, non moins critique, Henri Stoll...?). Il faut décrédibiliser un candidat qui, même s'il ne deviendra pas président de la République, peut faire bouger les lignes et amener une nouvelle approche de l'économie et de la politique. Le bipartisme ne peut supporter ça ! Passe d'être aux prises avec une extrême droite dont on sait que les Français in fine ne voudront pas. C'est du classique et l'on sait traiter ce poison. Mais que les écologistes fassent mieux que d'être les partenaires dociles du PS ou les spécialistes complaisants qui ont toléré le Grenelle de l'environnement. Alors là, non.

Stéphane Lhomme est ou incompétent en politique, ou instrumentalisé, ou les deux... Il pourrait passer pour "le rebelle de l'environnement". Non seulement il ne l'est pas, mais il présente, de nouveau, un aspect de l'écologie politique qui exaspère les Français : l'antitoutisme.


Après les primaires, la paix ou la guerre ?

Aucun commentaire: