mardi 21 juin 2011

Présidentielles 2012 : le point de vue d'Hervé Kempf

Avec un objectif modeste et ambitieux (être le troisième), le candidat écologiste peut modifier la donne politique en France. Cela devrait suffire et calmer les agressivités !

Vive Nileva Jhulot

Je me suis rendu à Lille pour écouter les candidats à l'investiture d'Europe Écologie-Les Verts pour la présidentielle de 2012. Citoyen candide, je n'ai pas vécu la même chose que les journalistes politiques, mais peu importe. Incidemment, la jeunesse de l'assistance m'a frappé : une moyenne d'âge en dessous de 35 ans, voire 30. Qui a dit que les jeunes ne s'intéressaient pas à la politique ?

Si l'on observe les positions plutôt que les énervements naturels dans une situation concurrentielle, que retenir de ce débat du 15 juin ? Que les deux principaux postulants, Nicolas Hulot et Eva Joly, ne manifestent pas de divergence politique fondamentale. Le premier est indéniablement plus à l'aise sur l'écologie : "Qui dans cette campagne osera parler des changements climatiques ? D'une politique énergétique radicalement différente, et socialement acceptable ? Remettre en cause le modèle agricole ? Parler d'une refonte complète de la fiscalité et pas simplement avec la taxe carbone ?", dit-il. Et il "osera".

Encore faut-il identifier les forces qui s'opposent à la transformation écologique et, de ce point de vue, Eva Joly est plus lucide : "Si l'on n'est pas capable de s'attaquer à l'économie parallèle des paradis fiscaux et des multinationales qui ne paient pas d'impôt, rien de ce dont nous parlons ne pourra se réaliser, parce que la réalité du pouvoir est là."

Nicolas Hulot assure que "la pierre angulaire de notre programme est la justice sociale", tandis qu'Eva Joly annonce que "la transformation écologique ne sera pas indolore". Voilà deux approches pertinentes.

Eh bien, que le vote choisisse. Mais l'essentiel est ailleurs. Ce dont témoignent ces primaires, c'est que l'écologie politique s'est élargie depuis quelques années et qu'en même temps, elle sait dorénavant articuler analyse environnementale et critique sociale.

Alors, madame, monsieur, voilà ce que l'on pourrait vous demander, en prolongeant ce qu'a dit Cécile Duflot en entrée du débat de Lille : les écologistes contestent une politique focalisée sur l'ego d'individus supposés supérieurs, telle que la met en scène l'élection présidentielle française. Nous avons besoin de coopération, de non-violence, d'une démocratie renouvelée. Alors, quel que soit le lauréat de cette primaire, la condition du succès final sera dans la capacité des deux ex-compétiteurs à unir leurs talents complémentaires pour emporter la vraie victoire : devancer le Front national, puisque tel est le défi politique. Madame, monsieur, soyez différents des autres, fixez des limites à votre ego, travaillez ensemble.

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