lundi 9 mai 2011

Les trois écologies.


Je ne reviens pas au livre, pourtant encore si actuel, de Félix Guattari : Les trois écologies.
J'observe seulement que trois dynamiques sont en marche qui, au lieu de les faire converger les écologistes, peuvent, au moment le plus sensible, les opposer de nouveau !



La première est celle qu'incarnent, exposent et représentent, à présent, Gaby Cohn-Bendit et Alain Lipietz.
La seconde est celle que Cécile Duflot et ses proches soutient.
La troisième est celle que défendent, dans et hors EELV, les citoyens convaincus qu'il n'y a d'autre réponse à l'économie libérale de marché qu'une réponse écologique.

La première écologie est "réaliste", européenne, et conduit à une alliance politique avec la social-démocratie pour gouverner la France.
La seconde est "autonomiste" et cherche à entrer, sur le long terme, en concurrence avec la social-démocratie, quitte à passer avec elle, des accords tactiques provisoires.
La troisième est "culturelle" et vise à faire sortir durablement l'opinion d'une culture croissantiste de façon à faire basculer l'économie et la politique vers l'après-capitalisme.



Ces trois démarches ne sont pas totalement divergentes mais, y compris quand elles sont parallèles, elles restent à distance, et ne se rapprochent pas.
La campagne électorale entr'ouverte excite les politiciens de tous bords et la logique de parti ajoute à la mise en scène de petits et grands conflits, au sein d'EELV comme ailleurs.
La large route que n'ont pas emprunté hier, les écologistes, est devenue bien plus large qu'une autoroute mais, une fois encore, ceux qui s'y pressent ne savent où elle mène et s'y dispersent.

L'intuition ancienne et maladroite du "ni droite ni gauche" a pu vouloir dire "pas à gauche" alors qu'elle pouvait signifier "au-delà d'une gauche qui n'est plus".
Les défis de civilisation sont d'une telle ampleur que les agressions médiatiques, entre concurrents plus ou moins de gauche, sont devenues aussi stupides que dangereuses.
Les critères du choix écologique sont pourtant redevenus nets et portent sur : le nucléaire, la croissance et l'oligarchie.

Le nucléaire fait revisiter toute la politique de l'énergie dont l'ensemble de l'économie dépend.
La croissance oblige à réexaminer au niveau planétaire le contenu de la production et le partage des biens, les limites de nos possibilités dans la sphère du renouvelable, et la démographie qui pèsera sur tous les choix jusqu'en 2050.
L'oligarchie est devenu le mot par lequel on décrit les gouvernances pseudos démocratiques qui confisque le pouvoir au seul souverain qui soit acceptable : le peuple.



Après Fukushima le monde ne sera plus jamais le même, y compris pour enfin comprendre ce que nous n'avions su lire dans Tchernobyl !
"Le monde fini" annoncé par Paul Valéry est là, devant nous, mais ceux qui en sont restés aux grandes découvertes, aux conquêtes, au colonialisme, ne veulent toujours pas entendre parler de cette hypothèse chaque jour plus proche de la réalité.
La démocratie à l'occidentale cesse d'être "le" modèle politique" indiscuté et le "printemps arabe" a éclairé notre confusion entre démocratie et capitalisme.

Y a-t-il compatibilité entre Paul Ariès, Nicolas Hulot et Hubert Reeves ?
Y a t-il compatibilité entre Yann Arthus-Bertrand, Eva Joly et Jean Malaurie ?
Y a-t-il compatibilité entre Stéphane Hessel, Yves Cochet et Yves Latouche ?

Si chacun joue sa partition, l'échec est garanti.
Si l'écologie politique est réduite à un parti politique, l'échec est garanti.
Si tout écologiste "autre"est dénoncé comme un "écotartuffe", l'échec est garanti.

L'écologie est devenue trop importante pour dépendre d'une élection en 2012 !
L'écologie est devenue trop importante pour être confiée à un parti, en 2012.
L'écologie est devenue trop importante pour être limitée dans un seul pays, en 2012.

Nous devons changer de mode de pensée. Oui, nous, les écologistes.
Nous devons changer de pratique politique. Oui, nous, les écologistes.
Nous devons changer de regard sur l'avenir. Oui, nous, les écologistes.

C'est notre responsabilité.
C'est notre urgence.
C'est notre attente et celle de tous...



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