dimanche 22 août 2010

Les écologistes et la décroissance

À Nantes, au cours des journées d'été, le débat sur la décroissance n'a pas été esquivé mais il a révélé de très grandes nuances entre les différents "leaders" écologistes.



Daniel Cohn-Bendit refuse de se laisser enfermer dans le débat croissance/décroissance :

« On a besoin d'une transformation écologique des entreprises, ça ne se fera qu'avec des entrepreneurs. L'anticapitalisme, c'est la recherche de slogans qui ne fonctionnent pas.

L'attraction d'Europe Ecologie, c'est d'accepter la complexité. On ne réduit pas cette complexité en sortant des slogans qui ont une barbe incroyable. Si on a envie de ça, on revient à 1,5% des voix. »


La position de José Bové n'est pas si éloignée :

« Le terme de décroissance a été un très bon slogan coup de poing face à tous ceux qui croyaient au dogme de la croissance, indépassable. Ecrouler ce mythe, c'était important mais la réponse n'est pas dans le slogan.

Il faut se demander comment on fait croître la solidarité, la défense de la planète, une économie plus sobre et comment on fait décroître l'impact sur le climat, etc. Il n'y a pas une réponse en noir et blanc, pas un mot qui peut résumer tout. »


Le député de Paris, Yves Cochet dénonce « la croissance actuelle au sens d'Aubry et de Fillon qui est antisociale, anti-économique et anti-écologique. » Et de proposer, puisque « la décroissance est notre destin », quatre solutions :

  • l'autosuffisance locale et régionale ;
  • la décentralisation géographique des pouvoirs ;
  • la relocalisation économique ;
  • et la planification démocratique.
Très critiqué, Yves Cochet est le seul député qui sait répliquer à la critique selon laquelle la décroissance (ou sa variante, la croissance zéro) est un idéal de riches (1) !


La sociologue Dominique Méda (proche du PS), qui a longuement réfléchi sur la question des indicateurs de richesse, ne voulait pas du terme de décroissance jusqu'à ce qu'elle lise « Prospérité sans croissance, transition vers une économie durable » (2). Celui-ci l'a incitée à aller « vite et fort vers la décroissance. Mais pour cela, il faudra rompre vite et fort avec le capitalisme. Et est-ce que les gens vont accepter d'avoir beaucoup moins de revenus ? »

Les questions des revenus et de la popularité n'inquiètent pas du tout Paul Ariès. Dans le programme politique qu'il s'apprête à proposer à tous les partis de gauche, il veut un revenu garanti (élevé) et versé en partie en « droit de tirage sur les biens communs », et un revenu maximal autorisé.

Paul Ariès lance :

« Il faut rendre la décroissance désirable, sinon nous n'arriverons pas à convaincre les gens de peu que la décroissance économique est une croissance en humanité. Le bon combat n'est pas de manifester pour le pouvoir d'achat mais d'étendre la sphère de la créativité. »

Et de conclure, en forme de quasi-menace :

« Il y aura des gagnants et des perdants, il s'agit de savoir lesquels et de se ranger dans le bon camp. »

• Voir, dans Rue 89 : http://www.rue89.com/planete89/2010/08/20/decroissance-le-mot-qui-met-les-ecolos-en-ebullition-163260

• (1) Voir : Jean Chaussade. http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/20/parlons-de-repartition-avant-de-decroissance_1400808_3232.htm


• (2) http://www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/prosperite-sans-croissance-la-transition-vers-une-economie-durable-de-tim-jackson. Dans cet ouvrage explosif, Tim Jackson fait le procès de la croissance économique illimitée. Dans les économies avancées, il devient de plus en plus clair que la croissance de la consommation n’augmente pas le bonheur et peut même lui nuire. Et il est encore plus évident que les écosystèmes qui portent nos économies sont en train de s’effondrer sous les coups de cette croissance. À moins que nous ne réduisions radicalement l’impact environnemental de l’activité économique – et rien ne prouve que cela soit possible –, nous allons devoir construire une prospérité qui ne repose pas sur la croissance continuelle. Hérésie économique? Ou opportunité pour renforcer les fondements du bien-être, de la créativité et construire une prospérité durable en dehors de la dictature du marché?

Tim Jackson propose une vision crédible d’une société humaine à la fois florissante et capable de respecter les limites écologiques de la planète. Réaliser cette vision est la tâche la plus urgente de notre époque.

Prospérité sans croissance

• Rappel : http://lesinfosdupicvert.blogspot.com/2009/08/la-prosperite-sans-la-croissance-est.html

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