mercredi 16 juillet 2008

Tricastin : des déchets d'origine militaire?




Dix jours après l'accident survenu sur le site nucléaire du Tricastin des interrogations subsistent. En particulier sur l'origine de la contamination de certains captages de la nappe.

Des taux anormaux d'uranium ont été relevés dans plusieurs captages utilisés par des particuliers. Ces "marquages" intriguent d'autant plus qu'ils fluctuent selon les jours. Au robinet relié à un puits situé à deux kilomètres au sud de la station de la Socatri, la concentration était de 64 microgrammes par litre (µg/l) le 8 juillet, de 22 µg/l le 10 juillet, de 36,6 µg/l le 14 juillet. Ce robinet a, depuis, été condamné.

L'accident de la Socatri ne semble pas pouvoir expliquer ces concentrations qui approchent ou dépassent la limite de 15 µg/l fixée par l'Organisation mondiale de la santé, pour les eaux destinées à la consommation.

La Criirad suspecte un entreposage de déchets, issus d'une ancienne usine militaire d'enrichissement de l'uranium ayant fonctionné sur le site du Tricastin, de 1964 à 1996. Dans un tumulus de terre haut de 5 à 6 mètres ont notamment été accumulées 760 tonnes de "barrières de diffusion", parois poreuses permettant de séparer l'uranium fissile, nécessaire aux armes nucléaires, de l'uranium naturel qui n'en contient que 0,7 %.

Une étude du Haut Commissariat à l'énergie atomique, réalisée en 1998, estimait entre 2,6 et 3,5 tonnes la quantité d'uranium contenue dans ces résidus, dont la teneur en U235 variait de 0,6 à 3,5 %. Les eaux de pluie, ruisselant sur ce stockage à ciel ouvert, auraient lessivé une partie de l'uranium vers la nappe.

Areva a la charge de ce dépôt. Des contrôles réguliers sont effectués par l'Autorité de sûreté nucléaire pour les installations relevant de la Défense, la DSND. Le rapport du Haut Commissariat notait que "la contamination de la nappe liée à cette butte de stockage a été mise en évidence dès 1977" et estimait que "900 kg environ d'uranium auraient quitté la butte via les eaux souterraines".

Au point que l'exploitant a procédé, jusqu'en 1998, à un pompage dans cette nappe pour l'assainir, en rejetant les eaux aspirées dans le canal Donzère-Mondragon qui rejoint le Rhône. La Cogema (devenue Areva) avait envisagé une couverture de la butte de stockage, jamais réalisée.

Des faits et des aveux, mais tout n'est pas dit! À Bollène-Pierrelatte le civil et le nucléaire sont proches ou confondus. Preuve s'il en est de l'étroite parenté des risques! Il ne faut pas lâcher cet accident révélateur de l'absence de sureté nucléaire totale en France. On n'a d'ailleurs pas fini d'en entendre parler!


Source :
http://http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/07/16/


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