mercredi 25 février 2009

La Terre est un vaisseau spatial

Oui, l'avenir de l'humanité est sur Terre. Cette certitude -comme toutes les certitudes, provisoire- nous amène à considérer l'espace de nos vies, au moins sur quelques dizaines d'années, comme une donnée incluse dans des limites indépassables. Les conséquences philosophiques et politiques de cette apparente évidence sont immenses. Ni retour en arrière, ni fuite en avant n'étant possible, il faut non seulement gérer le présent, mais le modifier pour avoir un avenir viable. C'est une terrifiante et merveilleuse opportunité qui s'offre à l'espèce humaine.

Face à l'explosion démographique, si l'humanité tout entière intègre le modèle actuel de développement des pays industrialisés, les 8 milliards d'humains de 2030 consommeraient 3 fois plus d'énergie qu'aujourd'hui et rejetteraient 19 milliards de tonnes de CO2... Une catastrophe universelle annoncée ?



Selon deux astronomes, il n’existe pas de planète de rechange. La conquête de l’espace ne permettra pas de quitter la Terre pour que l’humanité aille se développer ailleurs.

Dans leur livre Surviving 1000 centuries, can we do it ?, Roger-Maurice Bonnet, président du Cospar et ancien directeur des programmes scientifiques de l’Agence spatiale européenne (ESA), et Lodwijk Woltjer, ancien directeur général de l’Observatoire européen austral (ESO), dressent un état des lieux de la planète. Limitation des ressources naturelles et risque de surpopulation conduisent à une conclusion : la Terre est un vaisseau spatial. Ses capacités, même si elles sont vastes, ne sont pas infinies. Dès lors, quel est l’avenir de l’humanité ?

Dans leur ouvrage, les deux astrophysiciens passent en revue les risques, qu’ils soient naturels ou provoqués par l’homme et explorent les moyens de les éviter. À l’aide d’arguments solides, ils écartent la possibilité d’émigrer vers une autre planète, qu’elle soit dans le Système solaire ou autour d’une autre étoile. Selon eux, il n’y a pas d’autre issue que de rester à bord du vaisseau Terre. Dès lors, comment gérer l’appauvrissement en matières premières et la croissance démographique ?

En réagissant dès ce XXIe siècle, répondent les auteurs. Le constat sur l’état de la planète est sombre mais pas définitif.

En opérant un changement du mode de vie dominant, l’humanité a les moyens de se développer harmonieusement sur Terre. Une thèse que nous exposons dans le numéro de mars de Ciel & Espace, en kiosque dès ce 25 février.

Philippe Henarejos, le 24 février 2009

http://www.cieletespace.fr/evenement/2898_l-avenir-de-l-humanite-est-sur-terre

dimanche 22 février 2009

Avec les Objecteurs de Croissance

Il n'y a plus de limites nationales à la solidarité écologique. La lutte contre la religion de la croissance est, plus que jamais, nécessaire. Cette association belge mérite d'être connue. Voici sa déclaration constitutive.


Association d’Objecteurs de Croissance

Qui sommes-nous ?

Nos sociétés sont hantées par le dogme de la croissance économique. Pas un jour ne passe sans que soit alimentée l’idéologie du toujours plus, présentée comme LA voie que nous devrions tous impérativement suivre. Le productivisme aveugle alimente la surconsommation frénétique de femmes et d'hommes réduits chaque jour davantage à leurs fonctions mercantiles et au statut de simples rouages d’une mécanique économique mortifère. Aujourd’hui, les valeurs marchandes dominent toute autre valeur humaine ; le vivant lui-même est devenu marchandise et objet de brevetage. Sommé d’être rentable pour garantir et accroître le rythme d’une machine folle, l'humain est livré en pâture à la loi du profit maximal qui dévaste la Planète et favorise une partie toujours plus restreinte de la population.

Au moment où l'on voit s'effondrer les étages les plus instables du château de carte financier dont la chute menace d'entraîner l'ensemble de l'architecture économique internationale, le caractère forcené de cette fuite en avant croissantiste apparaît crûment à qui accepte de ne plus détourner le regard. Ainsi les Etats – et donc les contribuables – sont mis à contribution pour éponger les folies spéculatives de marchands qui garantissaient « leur croissance » par des logiques financières coupées du monde réel.

Ce dernier se rappelle pourtant brutalement au souvenir de ceux qui le croyaient sous contrôle. L'envolée des prix du pétrole fut l'un des principaux déclencheurs de la crise financière. Cet or noir qui est devenu le sang de l'économie, le monde entier le veut en quantités croissantes alors que la production stagne, les réserves accessibles entrant en déclin. Nous savons qu’il n’y a pas de croissance infinie possible sur une planète aux ressources limitées. L’émergence de pays géants sur la scène internationale et leur volonté d’entrer dans la danse lancée par l'Occident rendent évident le caractère totalement insoutenable de nos modes de vie.

Le développement durable nous promet depuis plus de vingt ans un aménagement en douceur du fonctionnement de nos sociétés industrielles et de nos pratiques pour les rendre compatibles avec les nécessités sociales et environnementales.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

  • La boulimie énergétique sur laquelle repose notre modèle économique nous a menés au seuil des pénuries de ressources fossiles.
  • Les sols sont épuisés par des pratiques incompatibles avec le vivant.
  • L’effondrement de la biodiversité est si violent que nous sommes confrontés à la sixième extinction massive des espèces.
  • Les déséquilibres géopolitiques augmentent en même temps que la pression sur les ressources.
  • Les niveaux de pollution ne cessent de croître, aggravant notamment le bouleversement climatique dont les conséquences catastrophiques sont d’ores et déjà subies par les populations les plus fragiles du globe.
  • La santé des êtres humains se détériore significativement.
  • Les inégalités sociales se renforcent entre pays mais également à l'intérieur de ceux-ci.

Ces constats, nous sommes de plus en plus nombreux à les faire, à les reconnaître. Mais si nous les posons aujourd’hui, c’est avec la ferme volonté de les dépasser. Aussi lourds soient-ils, ils n’emportent pas notre résignation : ils ne sont pas inéluctables!

Avec d’autres dans le monde, nous affirmons clairement qu’un changement de cap est possible et nécessaire ; qu’il doit être franc, décidé, fort et nous mener vers une société plus solidaire, plus juste et plus heureuse, qui respecte l’immense diversité de la vie, ses fragilités comme ses potentialités.

Nous refusons la logique d'une compétition déshumanisante, l’horizon bouché de la surconsommation, la soumission aveugle en une technoscience hissée au rang de religion, qui renforcent les pouvoirs de contrôle, sapent la démocratie et menacent l’avenir même de l’humanité. Nous voulons sortir du sillon qui nous entraîne vers l’autodestruction et la barbarie. C’est une obligation morale mais aussi une nécessité matérielle, tant les limites de la Terre ne sont pas négociables et nous imposent réalisme et sagesse devant les faits.

Nous ne voulons pas une « autre consommation », mais sortir du consumérisme pour retrouver la maîtrise de nos usages, nous réapproprier la maîtrise de nos modes de vie et sauver le Bien commun.

Nous ne voulons pas une « autre croissance », mais en finir avec le productivisme, la spéculation et le mythe d'une croissance infinie.

Nous ne voulons pas un modèle simpliste dans lequel l’avoir prime sur l’être, mais que chacun puisse s’épanouir légitimement dans la société.

Nous voulons agir pour une démocratie effective et vivante, pour l’équité et la solidarité entre tous les humains par la coopération et le partage.

Avec d’autres, nous avons identifié plusieurs balises d’un nouveau chemin. D’ores et déjà, nous voyons qu’en de multiples endroits naissent des expériences et des réflexions porteuses de transformations profondes. Citons à titre d’exemple : l’autonomie énergétique, la relocalisation de l’économie, l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires, les échanges de savoirs, la simplicité volontaire, la bioéconomie… Tous ces savoirs et savoir-faire sont constitutifs d’un nouveau paradigme que nous voulons contribuer à renforcer et à diffuser.

Parce que nous voulons nous placer du côté de la vie et de l’avenir, nous savons qu’il nous incombe de prendre notre part de responsabilité et de participer à rendre le cours des choses viable et préférable pour nous-mêmes mais aussi pour ceux et celles qui viendront après nous.

Nous invitons donc toutes les personnes qui désirent sortir de l’obsession de la richesse matérielle, de l’illusion de la domination et de la folle concurrence à explorer avec nous d’autres possibles.

Pascal Cambier, Daniel Cauchy, Marie-Rose Cavalier, Martine Dardenne, Réginald De Potesta, Françoise Gilboux, Michèle Gilkinet, Jean-Baptiste Godinot, Roland Hinnion, Noëlle Hinnion, Paul Lannoye, Francis Leboutte, Bernard Legros, Damien Lesca, Pierre Stein, Georges Trussart, Benoît Wegria.

http://www.objecteursdecroissance.be/

samedi 21 février 2009

OGM : la lutte continue. Urgence européenne!

Levée des clauses de sauvegarde hongroise, grecque et française et nouvelles autorisations de maïs OGM Bt : faire échec à la Commission Européenne!




article publié le 12/02/2009
auteur-e(s) : Collectif, Attac France
Appel commun





Face à la nouvelle offensive d’une Commission européenne en fin de course, la France et les autres États-membres dans la même situation doivent refuser de renoncer à leur clause de sauvegarde pour la culture de maïs génétiquement modifié, et rejeter l’autorisation de nouvelles variétés de maïs GM. Tant que les procédures d’évaluation des OGM n’ont pas été totalement revues, tout « forcing » de Bruxelles doit être repoussé.

Le 21 janvier dernier, la Commission Européenne a annoncé son intention de saisir d’une part, le comité permanent de la chaîne alimentaire et, d’autre part, le Conseil sur deux sujets concernant les OGM en Europe. Le 16 février, ce Comité devrait se prononcer sur une demande de levée des clauses de sauvegarde grecque et française (Interdiction du maïs OGM Mon810) Le 25 février, c’est l’autorisation de mise sur le marché de deux maïs OGM Bt ( TC 1507 de Pioneer et Bt 11 de Syngenta) qui sera demandée au même Comité de réglementation.

Le 2 mars, le Conseil Environnement devrait se prononcer sur une demande de levée de la clause de sauvegarde hongroise

Une majorité qualifiée doit être réunie pour rejeter ces demandes. Si cette majorité n’est pas réunie, en fonction des procédures actuelles, ce serait à terme, la Commission, seule, qui déciderait.

La France doit honorer les engagements pris au cours du Grenelle de l’Environnement, et voter contre de nouvelles propositions européennes visant à faciliter et étendre les cultures OGM dans l’UE. Et ce, tant que les mesures arrêtées en la matière aux différents Conseils de l’Environnement du dernier semestre 2008, en particulier celles du 4 décembre, n’auront été suivies d’actions.

En effet, les ministres européens de l’environnement ont demandé à ce que les effets à long terme des OGM sur l’environnement, les organismes vivants et la santé soient correctement évalués. Ils ont également appelé l’AESA [1] ( au cœur des décisions prises par l’Union européenne sur les OGM) à prendre en considération l’impact des herbicides utilisés sur les cultures d’OGM tolérants aux herbicides.

La France et les autres États-membres doivent faire respecter la réforme des systèmes d’évaluations demandée à l’AESA. Aujourd’hui, tant pour les levées de clause de sauvegarde que pour les nouvelles autorisations, la Commission s’appuie sur des opinions de l’AESA qui ne tiennent pas compte de ces recommandations, et ne reflètent pas les réalités sanitaires et environnementales posées par les maïs génétiquement modifié actuellement en discussion.

De plus, les avis scientifiques de l’AESA ne sauraient être les seuls arguments à prendre en compte. Les différents Conseils Environnement ont également recommandé que soient évalués les aspects socio-économiques en matière d’utilisation d’OGM et ceci dans l’esprit même de la Directive 2001/18.
La France doit donc demander à son représentant au Comité de voter contre les décisions proposées . Elle doit également agir auprès des autres États-membres pour obtenir leur rejet.

Les organisations signataires exigent que toutes les décisions sur les OGM soient suspendues tant que la révision du processus d’évaluation des OGM n’a pas été menée à terme et que l’AESA n’a pas acquis la capacité d’évaluer correctement l’impact des OGM à long terme.

Les organisations signataires appellent les citoyen-nes à relayer cet appel en direction des instances concernées, des ministères jusqu‘au plus haut niveau de l’État.

Contacts : Olivier Keller Confédération paysanne 06 26 45 19 48
Vincent Perrot FNAB 06 84 10 43 79
Arnaud Apoteker Greenpeace 06 07 57 31 60

Attac – Amis de la Terre – Agir pour l’Environnement – Amis de la Confédération paysanne - Bio Consom’acteurs - Confédération Paysanne – Collectif des Faucheurs volontaires - Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique – Greenpeace – MDRGF Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures – Nature et Progrès –Réseau Semences Paysannes – UNAF Union Nationale des Apiculteurs de France – WWF organisation mondiale de protection de l’environnement

Notes

[1] Agence européenne de sécurité alimentaire

jeudi 19 février 2009

Vers la lipposuccion écologique?

Un canular? Même pas sûr! Hélas... Tout peut s'imaginer pour ne pas diminuer la production d'automobiles! L'utilisation de graisse humaine fait repenser aux pires moments du nazisme. Peu importe. Le biocarburant humain, c'est écologique! Le site d'où est extraite cette information explore toutes les pistes qui feraient de nos automobiles des véhicules "propres". Instructif...

Du biodiesel pourrait être produit à partir de graisse humaine!

Les chercheurs rivalisent d'ingéniosité pour essayer de trouver le biocarburant miracle qui balaierait petit à petit le pétrole. Un homme d'affaires norvégien Lauri Venoy va plus loin et se penche sur l'humain ! Jusqu'à présent, le biodiesel norvégien était fabriqué à partir d'huiles de cuisson usées et d'huiles de poisson. Venoy souhaite produire du biocarburant à partir des tissus gras humains issus des nombreuses opérations de liposuccion effectuées tous les ans aux États-Unis. Il affirme que le biodiesel produit à partir de la graisse humaine serait une véritable énergie renouvelable révolutionnaire. L'entreprise de Lauri négocie en ce moment avec plusieurs centres hospitaliers pour constituer ses stocks. Venoy a récemment obtenu d'un hôpital de Miami le droit de récupérer 11 500 litres de graisse humaine par semaine : il en découlerait ainsi 10 000 litres de biodiesel. Le seul bémol : la législation américaine qui prévoit l'incinération des déchets de liposuccion. Mais Venoy n'en restera sûrement pas là ! Interviewé par le quotidien Dagens Næringsliv, Lauri Venoy a déclaré avec humour "qu'il serait peut-être opportun de demander aux gens de manger plus afin de produire davantage de matière première permettant la fabrication de ce carburant." Il faut savoir que plus de 60% des habitants des États-Unis ont un surplus de poids. Selon les statistiques de la Société américaine des chirurgiens plasticiens, plus de 323 000 liposuccions ont été pratiquées en 2006 aux États-Unis, une chose est sûre : ce biocarburant ne risque pas de manquer de matière!

Par Séverine Alibeu.

Source : http://ecologie.caradisiac.com/Biocarburant-humain-du-biodiesel-pourrait-etre-produit-a-partir-de-graisse-humaine-570



mercredi 18 février 2009

De l'agent orange aux OGM : derrière, il y a Monsanto.



L'agent orange est le surnom donné au plus utilisé des herbicides employés par l'armée des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam, en particulier entre 1961 et 1971. Notamment en raison de la présence de dioxine, ce défoliant chimique est responsable de plusieurs maladies chez les personnes ayant eu affaire à cet herbicide. En raison de la stabilité de la dioxine, les générations suivantes au Viêt Nam vivent encore en présence de ce produit cancérogène et tératogène, occasionnant des maladies diverses, des cancers et des malformations à la naissance.

L'agent orange, créé par la multinationale Monsanto, est en fait rose et brunâtre, et doit son nom aux bandes de couleur orange inscrites sur les fûts dans lesquels il était stocké. De même furent baptisés les Agent Blanc, Bleu, Rose, Vert et Pourpre.

Ce produit était d'usage courant et utilisé dans l'agriculture aussi bien aux États-Unis qu'en URSS, dans les années 1960, on ne pensait pas alors qu'il était toxique pour l'être humain.

Ces herbicides furent utilisés pour défolier les forêts et ainsi empêcher les Vietnamiens de se cacher, pour détruire leurs récoltes, mais aussi de dégager les abords des installations militaires américaines et y prévenir les attaques.

Ces opérations de guerre chimique débutèrent en 1961 avec le feu vert du président John F. Kennedy, et furent progressivement intensifiées jusqu'à atteindre leur apogée en 1965. Elles diminuèrent ensuite progressivement et finalement cessèrent en 1971, suite à de nombreuses protestations dans le monde et aux États-Unis même, de la part de scientifiques, d'un certain nombre de parlementaires et surtout d'anciens combattants américains.

L'Académie nationale des sciences des États-Unis estime aujourd'hui que près de 80 millions de litres de ce défoliant ont été déversés. Selon Franz J. Broswimmer dans son ouvrage Ecocide, cet épandage a touché 20% des forêts du Sud Vietnam et empoisonné 400 000 hectares de terrain agricole.

Extrait de :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Agent_orange

lundi 16 février 2009

Après Césaire, un retour écologique, culturel et social?

Ce qui se passe aux Antilles n'est pas, quoi qu'en disent le MEDEF et le Gouvernement, une simple question de pouvoir d'achat, un conflit social comme un autre! Les intellectuels qui s'expriment ici, sont, dans la logique de Césaire, disparu il n'y a pas si longtemps, des promoteurs d'une culture qui va plus loin qu'une revendication d'indépendance. Ce qu'ils affirment déborde du cadre des îles. Et c'est bien ce qui inquiète "le reste de la France"...



Le texte intégral du «Manifeste des neuf»

«C'est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s'est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n'est illégitime. Aucune n'est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu'elle représente, ni dans ce qu'elle implique en relation avec l'ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d'avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu'alors s'était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle -- à savoir les luttes jusqu'alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...

Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj -- qui est d'allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé -- est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d'ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l'on peut saisir l'impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.

Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.

Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d'achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l'essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.

La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d'une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s'est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires -- non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d'épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain.

Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l'unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L'ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l'économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.

Pour les "produits" de haute nécessité

Alors, quand le « prosaïque » n'ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d'achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d'une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d'escorter les « produits de premières nécessités », d'une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d'une « haute nécessité ».

Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en œuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ? C'est tout ce qui constitue le cœur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.

D'abord, il ne saurait y avoir d'avancées sociales qui se contenteraient d'elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s'est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l'absence de pouvoir qui lui sert d'ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s‘obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n'arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L'éloignement, l'aveuglement et la déformation président aux analyses.

L'imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu'est l'association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s'est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s'en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s'obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s'arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.


Contre la logique du système libéral marchand

Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d'acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu'une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l'accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d'une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement...

Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l'autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C'est dans l'irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C'est dans la responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité que l'on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.

Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s'est étendu à l'ensemble de la planète avec la force aveugle d'une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C'est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l'insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l'immédiat ; mais l'illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l'esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l'octroi de mer, ne sauraient endiguer.

Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L'autre très haute nécessité est ensuite de s'inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n'est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d'un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d'une société non économique, où l'idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d'épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l'humain.

Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » – chefs d'entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d'un sursaut de souffrance et de l'impérieuse nécessité d'un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n'existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d'un système flou, globalisé, qu'il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu'il nous faut réveiller, à savoir: vivre la vie, et sa propre vie, dans l'élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.

Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l'ampleur du poétique. On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement. On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile. On peut endiguer les agences de l'eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d'un trésor qui appartient à tous. On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd'hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.

Enfin, sur la question des salaires et de l'emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité. Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu'il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d'œuvre. Quand il délocalise, ce n'est pas dans la recherche d'une main d'œuvre abondante, mais dans le souci d'un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n'est donc en rien illégitime : c'est le début d'une équité qui doit se faire mondiale.

Quant à l'idée du « plein emploi », elle nous a été clouée dans l'imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l'ont accompagnée. Le travail à l'origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d'ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu'il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l'unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s'est mis à n'ouvrir qu'à la consommation.


Une vision du politique enchantée par l'utopie

Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu d'accomplissement, d'invention sociale et de construction de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi d'autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence créatrice.

Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s'envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue ». Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l'ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l'étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création – créaconsommation. En valeur poétique, il n'existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l'infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.

Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l'imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l'esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l'artisanat, la culture et l'agriculture... Qu'il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu'il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu'il favorise tout ce qui permet d'entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C'est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l'ampleur des exceptions. C'est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C'est le gratuit en son principe qui devrait s'installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...

Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu'à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d'une plénitude de l'idée de l'humain. Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau. Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s'ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.

An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l'utopie.

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l'instrumentalisant de la manière la plus étroite.

Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.

Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l'assistanat, en nous inscrivant résolument dans l'épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d'un rapport écologique global aux équilibres de la planète....

Alors voici notre vision :
Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d'être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s'inscrit dans l'horizontale plénitude du vivant....


Les signataires:

Ernest BRELEUR
Patrick CHAMOISEAU
Serge DOMI
Gérard DELVER
Edouard GLISSANT
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
Olivier PORTECOP
Olivier PULVAR
Jean-Claude WILLIAM

URL source: http://www.mediapart.fr/journal/france/160209/neuf-intellectuels-antillais-lancent-un-manifeste-de-la-revolte

Liens:

[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/la-redaction-mediapart
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Deleuze
[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Aimé_Césaire
[4] http://www.lmsi.net/spip.php?article746
[5] http://www.mediapart.fr/journal/france/150209/outre-mer-la-revolte-sociale-s-etend-a-la-reunion
[6] http://www.mediapart.fr/journal/france/140209/en-martinique-derriere-le-conflit-social-le-conflit-racial
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/130209/antilles-domota-accuse-jego-de-mentir-mediapart-le-prouve
[8] http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/190109/edouard-glissant-et-patrick-chamoiseau-s-adressent-a-barack-obama
[9] http://www.mediapart.fr/journal/france/290408/memoire-des-esclavages-edouard-glissant-bouscule-la-commemoration
[10] http://www.mediapart.fr/journal/france/220408/de-cesaire-a-glissant-la-martinique-comme-antidote-au-sarkozysme
[11] http://ugtg.org/mot_134.html
[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Morin
[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Gorz
[14] http://www.mediapart.fr/files/Manifeste des neuf.pdf
[15] http://www.mediapart.fr/journal/france/110209/martinique-le-documentaire-qui-met-de-l-huile-sur-le-feu

samedi 14 février 2009

L'écologie n'a ni Dany-le Rouge ni Dany-le-Vert comme porte-parole!

La Décroissance n'est pas un journal tendre. Il souligne les imperfections avec délectation. Il ne laisse rien passer. Il n'est pas exempt d'injustice. Pourtant, il fait partie de la presse d'éveil. Il met le doigt sur les contradictions.


La récession ne l'a-t-on pas déjà...?
Reste à choisir la décroissance!

Or, en fait de contradictions, Daniel-Cohn-Bendit en porte une à bouts de bras : il est porte-parole de l'écologie européenne, mais son Europe est, comme son écologie, économico compatible avec le capitalisme! La cohérence et le dynamisme de DCB sont inscrits à l'intérieur d'un système auquel il n'est pas, dit-il, d'alternative connue, ni possible... Il faut faire avec l'économie de marché quitte à en limiter les excès et les mauvais usages.

Le Tournesol peut-il tourner le dos au soleil?

Ce réalisme est proprement désespérant. Il donne à penser que rien de neuf ne paut apparaître et que les échecs ou les crimes de ceux qui se sont, par le passé, réclamés de l'anticapitalisme, oblige à s'interdire toute recherche risquant de conduire au retour de pratiques totalitaires. Un socialisme qui ne transigerait pas avec lui-même, est conduit, quasi mécaniquement, vers la dictature.

Je me refuse à ne voir en l'avenir qu'un maintien du passé ou un retour vers un autre passé, alternatif. Passe encore qu'un Occidental, enfermé dans sa pseudo-supériorité historique, s'en tienne à la démocratie telle qu'elle a été jusqu'ici pratiquée, mais un citoyen du monde (il est aussi des Occidentaux qui se savent plus terriens qu'occidentaux) ne peut s'en tenir là! Et, ou bien un autre type de démocratie est à promouvoir ou bien l'on condamne la démocratie à sombrer dans la contradiction des contradictions : le pouvoir est au peuple, mais seulement quand une partie du peuple l'exerce. Ce temps est révolu, et tant pis si c'est avant que ce qui doit venir ne soit lisible aux yeux des vivants...

Un écologiste intelligemment conservateur reste un conservateur, or il n'est pas d'écologie conservatrice, donc quiconque s'en tient au système économique dominant ruine jusqu'à à ses propres convictions écologistes. Le libéral-libertaire que veut être Daniel Cohn-Bendit est aussi peu libéral que libertaire : il n'est que libéré de ce qui a fondé les choix de sa jeunesse. Contre lui, je choisitsce qu'il fut, du moins comme contestataire des ordres établis : celui de l'argent-roi et celui de l'État de droit qui reposent sur la raison du plus fort.

C'est la raison, suffisante, pour laquelle, il faut se refuser à voter pour les listes d'Europe-Écologie.

lundi 2 février 2009

L'Âge de faire n°28 arrive et le numéro 56 de La décroissance aussi.


Le journal L'âge de faire a été décrié, notamment dans les colonnes du journal La Décroissance! Inutile polémique! Il faut lire les deux journaux, riches, l'un comme l'autre, d'informations qui font avancer la réflexion de ceux qui veulent faire progresser dans la vie, et pas seulement dans les urnes, l'écologie politique. Le Rebelle de l'environnement ne s'en prend pas d'abord à ses alliés...
Jean-Pierre Dacheux







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