jeudi 24 novembre 2011

Tout ça pour ça?

Trouvé dans nos messageries : ce coup de gueule, enfermé dans un message, lui-même jeté à la mer des idées politiques. Cela méritait bien une publication. D'autant que beaucoup d'écologistes approuveront cette analyse cruelle.

Aux élu.e.s ou mandaté.e.s EELV qui liront ce message

Nous nous permettons de vous adresser ce texte maladroit et mal embouché pour ne pas rester passifs devant le grand gâchis qui se répand, pour "faire quelque chose" alors que nous sommes très en colère devant les dernières pantalonnades de votre parti qui se voulait "coopérative", dont nous nous sentions malgré tout bien proches, sans en être adhérents.

Enfin il y avait, au milieu des cacophonies politiciennes, une possibilité de se retrouver dans des discours qui ne portent pas seulement sur l'écologie dans un mode hors sol, mais aussi sur la justice sociale, la dette illégitime, la délinquance financière, le revenu maximum admissible et le revenu universel d'existence... et aussi "la politique autrement", la proportionnelle, le non-cumul, la prise en compte du vote blanc...

Et finalement...

Alors que le réchauffement climatique dû aux pétrofolies est encore tellement nié contre toute évidence scientifique, sous la pression des pétrolobbies,

Alors qu'avec le pic du pétrole maintenant dépassé, la crise majeure (énergétique et donc de civilisation) qu'il annonce est encore tellement peu évoquée et l'inéluctable sobriété énergétique pas du tout anticipée,

Alors que les lobbies du nucléaire reprennent leur propagande après/malgré l'alerte de Fukushima (il aurait donc fallu que le Japon soit totalement vitrifié? Et il faudra donc un Fessenheimbyl ou un Flamanshima pour que nous nous grattions la tête par dessus notre combinaison anti-radiation?),

Alors qu'il est grand temps de rentrer dans le vrai débat sur le nucléaire, avec tous les arguments passés sous silence (en particulier l'analyse économique des VRAIS coûts, depuis l'extraction de l'uranium jusqu'à la "surveillance" des déchets hautement toxiques pendant des milliers d'années, y compris les vieilles centrales qu'il sera impossible de démanteler complètement. La vraie dette que nous laissons aux générations futures, elle est bien nucléaire!)

Alors que tant d'autres fausses solutions sont vantées sans contre-information audible, des agrocarburants aux voitures électro-nucléaires,

Alors que la fausse crise de la fausse dette sert de prétexte aux "1%" pour organiser d'ahurissants reculs sociaux, porteurs de souffrances accrues, de frustrations majeures, de peurs devant l'inexpliqué et de replis mortifères vers l'extrême droite,

Alors qu'il est de plus en plus évident que papa Hollandréou et le PS, comme tous les PS européens, ne feront finalement rien d'autre que plus de la même chose, comme le font déjà Sarkomerkel,

Alors que la conjonction de toutes ces crises à venir devrait appeler à un sursaut de lucidité face à l'extrême fragilité de notre société prétendue "civilisée" mais d'abord aveugle.

Et alors que de plus en plus de personnes désemparées sont en demande d'explications pour d'autres issues...

Et bien, alors que tout ça, qu'a fait EELV?

Il a "négocié" outrancièrement des places, des groupes... avec parachutages et renoncements à la clé.

Et pour y arriver, il s'est même couché devant les nucléocrates du PS, alliés aux "nucléopathes" de la technostructure.

Et nous ne parlons même pas des 2000 hectares de précieux bocage à Notre-Dame-Des-Landes, maintenant abandonnés à la Vinciculture pour bâtir l'aéroport le plus bête du monde, qui ouvrira juste quand le transport aérien massif mourra faute de carburant bon marché.

Mais, en ce qui vous concerne, vous, élu.e.s ou mandaté.e.s EELV, Aller vous laisser votre parti alimenter ainsi la désaffection pour la politique et l'abstention, participer à la résignation, au renoncement de tous ceux qui réalisent bien les dangers mais ne voient pas d'issues?

N'est-il pas encore temps pour une action forte de tous celles et ceux (encore nombreux, on l'espère) parmi vous que cette tambouille écoeure et qui peuvent au moins, en interne, le dire et le faire changer? Hausser le ton? Voter la défiance partout où c'est possible? Et sinon, finalement, au moins, démissionner?...

Et sinon, franchement, oserez-vous encore vous présenter sur les mobilisations auxquelles vous participez?

Aurez-vous encore de l'enthousiasme à vous engager dans les "campagnes" à venir, à soutenir les «apparatchutés», en sachant que cela repose sur un tel renoncement?

Aurez-vous encore envie de travailler avec les "négociateurs" à qui vous devez cet aplatissement?

Si hélas une ou plusieurs des catastrophes annoncées (sociales et/ou climatiques et/ou nucléaires et/ou...) se réalisent, faute d'avoir voulu les conjurer quand il était encore temps, vous souviendrez-vous de la période actuelle, où, justement, il EST encore temps?

Auquel cas, à quoi servira encore votre parti, finalement aussi tristement politicien que les autres?

Tout ça pour ça?

samedi 19 novembre 2011

Les Indignés prennent la Défense... de la démocratie

Appel citoyen d’Occupons la Défense



Nous, occupants de la Défense, adressons aux peuples de France et du Monde ce message d’alerte et d’espoir.

Nous sommes réunis ici, au cœur de la finance française, afin de débattre, de réfléchir et d’agir au sein d’un espace public qui appartient à tous les citoyens.

Nous refusons de n’être que de simples pions manipulés par la mécanique d’un système opaque, sur lequel nous n’avons aucune prise. Alors qu’une grande partie de notre classe gouvernante s’est mise au service du monde financier et des grands groupes industriels, nous estimons que le système de démocratie dit « représentatif » ne nous représente plus.

Ainsi, unis comme un seul peuple, nous reconnaissons ce fait indéniable : l’avenir de l’Humanité exige la coopération de ses membres.

Nous n’aspirons pas à jouer le rôle d’un parti politique. Ce qui nous distingue, c’est que nous ne voulons pas accaparer le pouvoir, mais le rendre accessible à tous. Notre action, via internet et les assemblées populaires, va dans le sens de la démocratie directe et réelle.

Or malgré une attitude strictement non-violente, nous avons été molestés ou spoliés de nos biens par la force publique. Cette même force publique instituée selon la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen « pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.»

Nous sommes avant tout des citoyens conscients, et des êtres humains indignés par le monde qui nous entoure.

Voilà pourquoi, nous appelons tous les citoyens et citoyennes qui refusent les divisions que l’on nous impose à unir leurs talents et intelligence, à se rencontrer pour œuvrer ensemble à la création d’un nouveau projet, dont l’essence sera le respect des individus et de leur environnement.

Nous pouvons libérer et reprendre l’espace public sous toutes ses formes.

Rejoignez-nous !

Samedi 19 novembre 2011, tous à la Défense !


https://www.facebook.com/event.php?eid=236848476377377

jeudi 17 novembre 2011

Pierre Fournier, précurseur de l'écologie véritable

Il est temps de se rappeler de lui, mort si tôt, alors qu'il avait encore tant à dire !















mercredi 16 novembre 2011

Manuel Valls et le refus de sortir du nucléaire

L'extrait ci-dessous de l'article du Monde relatif au revirement du PS par rapport au traité devant limiter le recours au nucléaire, et en exclure l'usage du combustible MOX, éclaire les contradictions existant entre les socialistes.

Bien entendu, Manuel Valls s'illustre une fois de plus sur une position indigne. Cet homme est de ceux qui interdisent toute évolution positive. Il est dangereux. Il faut le savoir. Puissent les écologistes se retirer de ce piège où ils ont failli perdre leur âme.

Soyons clairs : refuser de sortir du nucléaire signifie un refus de vote pour le PS en 2012



Manuel Valls est chargé de la communication du candidat Hollande. Rassurant !

"Noël Mamère, ancien candidat écologiste à la présidentielle, a ainsi dénoncé un reniement du PS : ""Si le PS, sous la pression d'Areva et du lobby nucléaire, décide de changer d'avis, cela va changer la donne pour nous et on ne peut pas construire l'avenir et une pacte majoritaire avec des gens qui renient leur parole".

Mercredi après-midi, le nouveau chargé de la communication de campagne de François Hollande, Manuel Valls a assuré que le PS souhaitait "bien évidemment garder la filière Mox". Et de renchérir :"Nous poursuivrons l'activité de production de combustible et de retraitement". Un désaveu on ne peut plus explicite de l'accord signé la veille par Martine Aubry et Cécile Duflot.

Manuel Valls explique : "Tant qu'il y aura des centrales nucléaires en activité, il nous faudra produire du combustible et le retraiter". Rappelant que pour François Hollande, "il est hors de question de sortir du nucléaire", il ajoute, lisant une déclaration, "si on est favorables à l'EPR de Flamanville, celui-ci fonctionne au Mox, et par ailleurs une vingtaine de centrales nucléaires fonctionnent au Mox". "La filière Mox doit être maintenue, l'usine de La Hague également".

Un argumentaire pour le moins déroutant : d'une part, l'EPR comme toutes les autres centrales fonctionnant au MOX peuvent utiliser d'autres combustibles. Ensuite, le PS disait dans la matinée... exactement l'inverse. Interrogé par le site Mediapart, Michel Sapin, chargé du programme pour M. Hollande, expliquait : "Puisqu'on ferme des centrales, on va donc produire de moins en moins de MOX, c'est ce qui est dit dans ce paragraphe".

mardi 15 novembre 2011

Accord électoral contre nature




Si le PS et les Verts passent un accord incluant le "laisser faire Flamanville", c'en sera fait de la possibilité de rompre la chaîne de la relance du nucléaire.

Il faut dire, avec clarté, que les enjeux vont au-delà de 2012.

Sur ce blog, nous sommes décidés à ne pas voter pour quelque candidat que ce soit, fut-il antinucléaire, qui ferait alliance avec des pronucléaires.

Nous avons échoué à soutenir Nicolas Hulot qui pouvait faire monter très haut le score des écologistes et étions prêts à soutenir Éva Joly, néanmoins. Nous avons échoué à faire passer, aux primaires, Martine Aubry, plus antinucléaire que Hollande. Nous avons échoué en croyant que Jean-Luc Mélanchon s'engagerait avec Martine Billard dans une orientation écologiste claire, (le PCF ne l'a pas voulu).

La recherche de solutions négociées étant vaine, il n'est plus qu'un seul chemin d'ouvert : engager une information politique du pays qui, hors partis, démontre que nous ne voulons pas de Fukushima à Nogent-sur-seine (ou ailleurs, il y a le choix, en France).

Il y aura un après Fukushima,
en France, comme en Italie, en Allemagne, en Autriche ou en Suisse.

NON AU NUCLÉAIRE FRANÇAIS CIVIL ET MILITAIRE !


lundi 14 novembre 2011

Nucléaire : Les Verts allemands sont confiants.

Cem Özdemir: «si vous ne me croyez pas, croyez au moins Siemens!»


Quel regard portez-vous sur le débat nucléaire en France ?

Je suis plutôt optimiste et confiant. Quand on voit que la 4e puissance économique du monde, l'Allemagne, y a renoncé avec le soutien de quatre partis sur cinq au parlement – et le cinquième était contre car le processus n'était pas assez rapide –, avec la coopération des entreprises et des syndicats, c'est bien le signe que nous ne sommes pas tous fous! Ou que les Verts, shootés à la marijuana, ont infusé de force tout le pays! Tout le monde a compris que c'est possible. C'est possible de renoncer au nucléaire en ayant de la croissance économique, des prix de l'énergie supportables, sans dépendance extérieure.

Les Allemands sont suffisamment orgueilleux pour vouloir prouver que cela marche! Nous allons démontrer que nous pouvons aller plus vite, et moins cher, avec les énergies renouvelables qu'avec un secteur nucléaire subventionné ou les énergies fossiles.

En Suisse, ils ont aussi voté la sortie du nucléaire. Même chose en Belgique. Les Italiens ne veulent pas y revenir. Et le débat progresse en France, y compris au sein du Parti socialiste. Ce ne sont pas des arguments qui vont finir d'emporter le débat, mais des exemples qui marchent. C'est pourquoi il faut que l'Allemagne fasse la démonstration que cela fonctionne. Je suis donc très optimiste.

Je reviens d'une tournée en Bavière, où j'ai rendu visite à BMW et Siemens. Ces entreprises ne sont pas folles, elles veulent gagner de l'argent et elles se retirent du nucléaire. Pas par contrainte, mais par choix. Parce qu'elles disent que le nucléaire, c'est du passé! Alors si vous ne me croyez pas, croyez au moins Siemens! Il n'y a pas de meilleur argument qu'un groupe mondial de cette envergure...

Extrait de : http://www.mediapart.fr/journal/international/131111/cem-oezdemir-il-faut-changer-les-traites-europeens?page_article=3

dimanche 13 novembre 2011

Procès du refus du fichage biologique (ADN) :

4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité qui pourraient bien abolir le fichage génétique en France...


Le procès de Xavier Renou, des Désobéissants, pour refus de prélèvement ADN, se tenait le lundi 7 novembre, près de Paris, à Senlis. Coup de théâtre, à la demande de la Cour, l'audience a été reportée au 22 février 2012, le temps pour le procureur et le juge d'examiner soigneusement les 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité déposées par Maîtres Benoist Busson et Étienne Ambroselli, les avocats du désobéissant.

4 Questions qui, si elles étaient retenues, pourraient bien contraindre le gouvernement à tout simplement renoncer au fichage génétique de la population française... Aux termes du paragraphe 5 de l'article 706-54 du code de procédure pénale, « Les empreintes génétiques conservées dans ce fichier ne peuvent être réalisées qu'à partir de segments d'acide désoxyribonucléique non codants, à l'exception du segment correspondant au marqueur du sexe. »




Or, comme le montre la généticienne Catherine Bourgain (INSERM), nous avons désormais la preuve du caractère codant des segments d'ADN prélevés sur 1,2 millions de Français à ce jour (chiffres CNIL 2010 ; lire Désobéir à Big Brother, l'éditions Le Passager Clandestin).Le caractère codant des segments ADN prélevés ainsi fait peser un danger gravissime sur 30 000 nouveaux citoyens chaque mois, et combien d'autres en Europe. En effet, grâce à ces segments, l'État dispose désormais d'un fichier permettant de déterminer l'origine géographique (donc, avec de fortes probabilité, la couleur de peau) et certaines prédispositions génétiques (maladies...) de plus d'un million de Français. Il est donc en mesure de mener une politique de discrimination redoutable.

Comme le souligne le philosophe Giorgio Agamben, on ''pré-mâche le travail d'une dictature''. Or qui peut jurer que le pire, dont on sait depuis la Seconde Guerre Mondiale qu'il est possible, ne se reproduira pas ? Qui sait ce que le Front National, ou les plus extrémistes des cadres de l'UMP feraient d'un tel fichier, dans un avenir proche ? Christian Estrosi proposait déjà, en 2007, que l'on prélève l'ADN de tous les nouveaux nés... Pour quoi faire ? Et qui d'ici là peut garantir que le fichier informatisé de l'ADN ne fera l'objet d'aucun détournement en faveur des banques et des compagnies d'assurance, qui seraient ravies de connaître les caractéristiques génétiques de leurs demandeurs de prêts et d'assurance-vie ?



Le fichier de police STIC a déjà fait l'objet de détournements frauduleux par des policiers... Traduire et rendre public les preuves scientifiques pour tous les futurs désobéissants de l'ADN Seulement, pour que la documentation scientifique, publiée en anglais, puisse être examinée par le tribunal et le Conseil Constitutionnel, et afin de la rendre disponible gratuitement pour tous ceux qui refuseront le prélèvement ADN à l'avenir, il nous faut la faire traduire par un traducteur certifié auprès des tribunaux. Et ce travail coûte cher, et le coût s'ajoute aux frais du procès !

T-shirts originaux


Nous avons besoin de votre aide ! Envoyez vos dons par chèque à l'ordre de « Campagne M51 » aux Désobéissants 114 rue de Vaugirard, 75 006 Paris, ou faites un don en ligne sur le site desobeir.net, en cliquant sur l'onglet « faire un don » en bas à gauche de votre écran sous le menu du site. Merci au nom de tous !
Contact : Xavier Renou, prévenu : 06 64 18 34 21. Les désobéissants : www.desobeir.net

Réservez d'ores et déjà votre 22 février au matin pour le procès à Senlis (Oise), un rassemblement de soutien aura lieu pour que le procès ne passe pas inaperçu !


vendredi 11 novembre 2011

EDF condamnée pour piratage contre Greenpeace



La société EDF a été condamnée jeudi à une amende pénale de 1,5 million d'euros
pour le piratage informatique en 2006 des ordinateurs de Greenpeace.

Les deux plus hauts responsables de la sécurité du géant du nucléaire français ont en outre été frappés de prison ferme

Par ses agissements, EDF et ses cadres ont "porté atteinte à l'État de droit et dévoyé les valeurs de la République", dit le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) dans son jugement.

Cette condamnation intervient alors que le Parti socialiste, dont le candidat, François Hollande, est l'actuel favori de l'élection présidentielle de 2012, négocie un contrat de gouvernement avec les écologistes sur une éventuelle sortie du nucléaire, à tout le moins une réduction


Le tribunal de Nanterre a déclaré l'entreprise coupable de "complicité de piratage informatique" et de recel de documents confidentiels volés par un pirate informatique ou "hacker" sur l'ordinateur de Yannick Jadot, alors dirigeant de Greenpeace


EDF est aussi condamné à verser 500.000 euros de dommages et intérêts à Greenpeace et 50.000 euros à Yannick Jadot, aujourd'hui porte-parole d'Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle

Ce dernier considère ce jugement comme emblématique. "C'est le triple zéro d'EDF. Le nucléaire est une faillite industrielle, financière et clairement une faillite morale", a-t-il dit à Reuters.

EDF, qui nie toute responsabilité, va faire appel, a dit un des avocats de ses anciens cadres, Me Olivier Metzner. "Le tribunal a statué en pure morale, absolument pas en droit", a-t-il dit à la presse

Lisant la décision, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé "impossible" que les deux anciens plus hauts responsables de la sécurité d'EDF, l'ancien policier Pierre-Paul François et l'ancien contre-amiral Pascal Durieux, aient agi seuls, comme le dit EDF

Déclarés coupables, ils ont été condamnés à trois ans de prison, dont six mois fermes pour Pierre-Paul François et un an ferme pour Pascal Durieux. Ce dernier est frappé en outre de 10.000 euros d'amende.

dimanche 6 novembre 2011

Croissance et décroissance : suite et pas fin

Extrait d'une interview d'Edgar Morin (URL source: http://www.rue89.com/entretien/2011/01/23/edgar-morin-une-voie-pour-eviter-le-desastre-annonce-187032)

Vous parliez de la croissance qui reste le credo de la classe politique alors qu'elle est l'un des vecteurs de l'aggravation des crises. Etes-vous pour autant converti à la décroissance ?

Non ! Il faut combiner croissance et décroissance. Je suis contre cette pensée binaire qui n'arrive pas à sortir d'une contradiction. Il faut distinguer ce qui doit croître et ce qui doit décroître. Ce qui va croître, c'est évidemment l'économie verte, les énergies renouvelables, les métiers de solidarité, les services étonnamment sous-développés comme les services hospitaliers.

On voit très bien ce qui doit décroître, c'est ce gaspillage énergétique et polluant, cette course à la consommation effrénée, ces intoxications "consommationniste"s…

Tout un monde d'idées est là, ce qui manque c'est son entrée dans une force politique nouvelle.

***

Il faut en finir avec les confusions sur la croissance ou la décroissance. On ne peut vivre sans croître. On ne peut vivre sans décroître. La décroissance nécessaire est celle qui concerne les productions nuisibles ou inutiles (et elles sont nombreuses, d'autant mieux installées et admises qu'elles font partie de nos habitudes de consommation, de nos addictions en quelque sorte). La croissance nécessaire est celle de tout ce qui nous manque pour sortir de la société du toujours plus qui se confond avec le système capitaliste lui-même.

Deux exemples permettent de mieux comprendre ce passage à la nécessaire décroissance par l'intermédiaire de croissances nouvelles et surtout d'un tout autre type ! Sans un développement massif des énergies renouvelables, il n'y aura pas de décroissance avant que l'épuisement des ressources ne nous y conduise. L'énergie solaire, dont tout dépend, est très loin d'être captée, conservée, distribuée, de façon à se substituer aux énergies fossiles. Les travaux d'isolation qui peuvent amener l'habitat et nombre d'entreprises à se passer de chauffage ou de climatisation nous feraient entrer dans un nouvel environnement, dans un cycle d'activités-emplois de très grande ampleur, mais nous ne sommes pas encore réellement engagés dans cette révolution écologique, comme dirait Jean Malaurie.

Edgar Morin tout en refusant la pensée binaire (la décroissance, c'est le bien ; la croissance, c'est le mal) n'en est pas moins d'une extrême sévérité à l'égard du « gaspillage énergétique et polluant » ou des « intoxications consommationnistes ». Il est temps d'oser penser la destruction, la décélération, de ce qui produit notre malheur. Et, plus que les armements (devenus pourtant des monstruosités planétaires capables d'anéantir notre espèce), il est temps d'engager une guerre au gâchis car les pertes subies par nos alimentations du fait des mauvais stockages, de la surpêche ou de la surproduction d'animaux de boucherie font actuellement plus de victimes que les conflits les plus meurtriers.

Il faut donc organiser la décroissance de la surconsommation commerciale sans intérêt et lancer, (non pas re-lancer), des activités multiples qui ne sont pas que vertes mais tout simplement essentielles pour satisfaire les besoins humains fondamentaux.

Ce qui surprend c'est qu'il faille souligner de telles évidences ! Ce qui blesse c'est la résistance à la prise de décisions qui s'imposent. Au lieu d'embarquer la réflexion politique vers ces rivages, on nous impose la plus funeste des décroissances celle qui consiste installer une récession impitoyable. On voudrait compenser la saturation par la délocalisation pour re-produire ailleurs, et donc reproduire, essentiellement dans l'Asie surpeuplée, le système qui enrichit les riches sans souci des risques de paupérisation massive. Les discours filandreux et mensongers au sujet de la dette de tel ou tel pays, de l'Europe, des USA, aujourd'hui, n'ont qu'un objectif : retarder l'inéluctable, tenter de continuer à faire fonctionner la machine grippée, éviter de tirer les enseignements d'un échec historique de l'occident. Les systèmes productivistes, tant le soviétique que le libéraliste, ont épuisé leur dynamique.

Nous ne pouvons nous payer le luxe de conserver cette idéologie de la croissance qui diffuse, comme une obligation religieuse, comme une contrainte d'apparence rationnelle et qui s'oppose, de façon inattendue, à la croissance de la vie, celle qu'on voit s'épanouir dans un arbre ou les plantes de nos jardins.

Pour se faire comprendre, il suffit de constater que les activités les plus « rentables » peuvent être liées au drame et au crime : le commerce de la drogue, de la publicité et des armes constituent, sans doute, les sources de revenus les plus fécondes. Un accident automobile produit du travail. La maladie nourrit l'industrie pharmaceutique. Mieux se porte une population moins on a besoin de médecins et de médicaments. Quelle société fera passer la perte de certains voire de nombreux emplois comme preuve de la réussite économique et sociale ?

Plus d'activités indispensables aux sept milliards d'humains (engendrant plus de croissance) suppose moins de dépenses vaines et de productions dangereuses (donc plus de décroissance). Étonnante équation à l'application de laquelle les habitués de l'american way of life résisteront de toutes leurs forces ! Obtenir le mieux par le moins oblige à une révolution intellectuelle à quoi rien ne nous a préparés. Le passage par la sobriété que cela implique n'attire personne, d'autant que ceux qui ont sont convaincus mais vivent dans le confort, sont inquiets pour eux-mêmes. Il faudra, une fois encore, dans l'histoire humaine compter sur ceux qui n'ont rien à perdre, les pauvres, les modestes, les démunis, voire les misérables, pour que s'opère le changement de civilisation qui ne saurait se limiter au changement des idées dominantes.





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