vendredi 29 mai 2009

Un socialiste tire le signal d'alarme


Pierre Larrouturou un socialiste écologiste (si, ça existe!).

800 000 chômeurs de plus
d'ici fin 2010, c'est tout simplement impossible sans un drame social, en France, aux conséquences inimaginables. Tel est, en substance, l'avertissement de Pierre Larrouturou détaillé dans un livre "roboratif" et qui donne à penser.

Car Pierre Larrouturou est un socialiste atypique, qui ne croit pas en la croissance, qui considère l'effet de serre comme une menace mondiale (contre laquelle il y a quelque chose à faire, d'urgence), qui n'a jamais cessé de préconiser la semaine de quatre jours, et qui prouve qu'il n'y a pas de crise financière mais, bel et bien, une révolution économique non relayée par la réflexion politique.

Il faut le lire. À défaut de se plonger dans son ouvrage, il faut consacrer quelques minutes à son interview (référence ci-dessous) ou aller étudier les documents (accessibles) du Collectif Nouvelle Donne, plus complets.

larrouturou

http://piratages.wordpress.com/2009/05/23/entretien-avec-pierre-larrouturou-des-solutions-a-la-crise/
http://www.nouvelledonne.fr/

jeudi 21 mai 2009

Choisir entre le sucre alimentaire et le sucre pour l'éthanol?

Le journal Le Monde nous l'apprend : le sucre que nous mangeons devient cher et peut-être devrons-nous choisir bientôt entre sucrer le café et remplir le réservoir de nos voitures. Insensé? Pas tant que cela! Là où l'on peut gagner de l'argent les capitaux se portent sans considération pour les véritables intérêts des humains!

La canne à sucre sert plus à fabriquer de l'éthanol qu'à produire du sucre!



Crise ou pas, les mêmes logiques et les mêmes dominations interdisent de sortir du système qui satisfait tant les marchés!
Une fois encore, une preuve nous est apportée que le capitalisme ne sert que ses intérêts et qu'il y a bel et bien conflit entre le souci écologique de produire sans détruire et la volonté des puissants de continuer, tant qu'ils le pourront, à prospérer sans rien changer! "Mais attendons la fin" écrivait La Fontaine.

_________

"Les fonds d'investissement raffolent du sucre. Depuis le mois de janvier, ils avaient découvert dans le jus de la canne et de la betterave le produit idéal : appelé à se raréfier, il était réputé devenir inéluctablement cher.

En effet, découragés par les bas prix du sucre et poussés par leur gouvernement à planter des céréales pour faire face à la pénurie de farine, les paysans indiens ont délaissé la canne pour faire plus de blé. Le cours de la livre de sucre brut à trois mois est passé, à New York, de quelque 12 à 14 cents de dollar de janvier à mars.

La hausse s'est accélérée parce que New delhi s'est aperçu que, à ce petit jeu de l'interventionnisme, il avait détraqué son marché du sucre : d'exportatrice, l'Inde était en train de devenir importatrice ; ce n'était plus l'augmentation du blé qui risquait de susciter des émeutes, mais celle du sucre.

En février, le gouvernement indien a donc supprimé les droits d'importation sur le brut et, derechef en avril, sur le blanc. Raté : cette confirmation de la pénurie a ravi les marchés, qui se sont mis à acheter frénétiquement toutes les futures douceurs qui se présentaient.

Quand l'International Sugar Organisation (ISO) a fait savoir, le mardi 12 mai, que le déficit de la campagne s'achevant en septembre ne serait pas de 4,9 millions de tonnes, mais de 7,8 millions de tonnes, ce fut le bouquet : le sucre se hissa à 15,72 cents, et même à 16,06 cents au comptant. Soit de + 31 % à + 45 % depuis le début de l'année. Un joli placement !

Était-ce exagéré ? Les bénéfices à prendre étaient-ils tellement alléchants ? Toujours est-il que vendredi, le sucre redescendait de ces sommets à 14,95 cents la livre. En fait, les cours de notre édulcorant préféré évoluent dans le sillage de ceux de notre carburant de prédilection, le pétrole. Pour la bonne raison que 55 % de la récolte brésilienne de canne, la plus importante du monde, prend le chemin des usines d'éthanol.

Quand le pétrole est recherché parce que la reprise économique est annoncée au coin de la rue, son ersatz, l'éthanol, redevient rentable, et le sucre monte. En revanche, quand le pétrole recule, parce que la consommation américaine en berne prédit que la crise durera, l'éthanol vacille et le sucre fond.

Qui l'emportera ? La rareté, qui pousse le sucre à la hausse, ou la conjoncture médiocre, qui le plombera pendant un nombre indéterminé de mois ? Les marchés hésiteront encore pas mal entre ces deux scénarios".

Alain Faujas
www.lemonde.fr/economie/article/2009/05/16/le-sucre-a-hue-et-a-dia_1194045_3234.html


samedi 16 mai 2009

La crise est porteuse à la fois du pire et du meilleur.

Paul Ariès: "Rendre la décroissance désirable."

Voici une interview de Paul Ariès, politologue et écrivain, directeur de la publication Le Sarkophage. Elle est parue samedi 2 mai 2009, à l'occasion du Contre-Grenelle de l'environnement, organisé à Lyon.

Comment un partisan de la décroissance traverse-t-il la période actuelle, frappée par une crise financière, économique et sociale ?

D’un côté, cette crise repousse toujours plus loin le sentiment d’urgence écologique… L’heure est à défendre le pouvoir d’achat et les emplois. On repousse à demain l’idée qu’il faille non pas seulement mieux partager les richesses, mais aussi changer la recette du gâteau car ce gâteau est totalement indigeste socialement et écologiquement. La meilleure preuve en est la relance de l’industrie automobile. On sait que la voiture est condamnée écologiquement mais on continue à la favoriser. Cette crise risque aussi de renforcer le sentiment d’impuissance : chacun sait bien que le ciel risque de nous tomber sur la tête mais on ne sait pas quoi faire. D’un autre côté, la crise actuelle montre que nous avons vécu sur des mensonges depuis des décennies. Non, il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie dans un monde fini. Non, on ne peut pas toujours accélérer sans que cette vitesse ne finisse par être insupportable. Non, l’avenir n’est pas au village planétaire mais à une Europe où chaque pays aurait ses propres moyens de vivre. Les gens ne croient plus en des lendemains radieux pour leurs enfants et leurs petits-enfants.

Les jeunes ont aussi ce sentiment d’être les laissés-pour-compte de cette société d’abondance. Ils parlent avec colère de leur appartenance à la génération des bac + 5 à 1 000 euros. Les idées de la décroissance sont donc beaucoup plus facilement compréhensibles. Il va falloir apprendre à vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins. Il faut organiser le ralentissement de la société et sa relocalisation. Il faut retrouver individuellement et collectivement le sens des limites.

La crise apparaît-elle comme une bonne nouvelle pour les objecteurs de croissance ?

La crise n’est pas une bonne nouvelle, ni une revanche, pour la décroissance. Je n’ai cessé de combattre l’idée d’une pédagogie des catastrophes chère à l’économiste Serge Latouche. Les crises accouchent en effet plus souvent d’Hitler et de Staline que de Gandhi. Les crises nous font oublier ce que nous savons, comme le prouve la relance du nucléaire. La crise est génératrice de misères matérielles mais aussi morales. Hannah Arendt disait qu’il n’y a rien de pire qu’une société fondée sur le travail sans travail. J’ajouterai qu’il n’y a rien de pire qu’une société de croissance sans croissance. La crise est donc porteuse à la fois du pire et du meilleur.

A quoi ressemblerait ce meilleur ?

La crise peut être l’occasion de démentir tous ceux qui rêvent d’une société d’abondance. Elle peut être l’occasion pour la gauche de rattraper son retard théorique. La gauche mondiale est en effet dans une impasse politique car elle campe encore dans l’idée qu’il faudrait faire croître le gâteau (PIB) avant de pouvoir le partager plus équitablement. Les objecteurs pensent, au contraire, que puisqu’il n’est plus possible de faire croître le gâteau, la question du partage des ressources, sans cesse repoussée, devient plus que jamais incontournable.

C’est-à-dire ?

La première des décroissances que nous voulons est celle des inégalités sociales car c’est la condition première pour que les autres décroissances puissent être acceptables. Pas seulement par souci de justice sociale mais pour casser la logique actuelle d’imitation des modes de vie des classes aisées par les classes moyennes, car ce mode de vie petit-bourgeois n’est tout simplement pas généralisable. Puisqu’on ne pourra pas tous demain vivre comme des riches, il faut donc redevenir des «partageux». Puisque la planète ne pourra pas supporter trois milliards d’automobilistes, il faut sortir de la civilisation de la voiture et développer des transports en commun urbains quasi gratuits.

La crise actuelle est une crise systémique. Il n’est donc pas possible de penser trouver une issue en réglant quelques dysfonctionnements. J’avais montré dans Décroissance ou barbarie [éd. Golias] que la crise qui s’annonçait était autant une crise financière, économique, sociale, politique, institutionnelle que symbolique. Nous devons donc être capables de répondre à tous ces niveaux. Ce qui fait lien c’est la perte du sens des limites. Notre société capitaliste et productiviste a totalement sombré dans la démesure.

Un individu incapable de se donner des limites va nécessairement les chercher dans le réel : conduites à risque, toxicomanies, suicides, etc. Pour une société, c’est la même chose : incapable de se donner des limites, elle va aussi les chercher dans le réel : explosion des inégalités, épuisement des ressources, réchauffement planétaire, etc. La grande question est donc notre capacité à renouer avec le sens des limites, ce qui suppose d’en finir avec l’économisme et l’idéologie du progrès. Il faut au contraire faire primer la culture et le politique. La culture qui nous immunise contre les fantasmes les plus archaïques (toute-puissance, idée d’un monde sans limite), et la politique comme définition de la loi, première limite que nous rencontrons dans la société.

Cette crise est l’occasion idéale pour, peut-être, ouvrir la voie à toutes ces réflexions…

Le bilan de la crise au regard de nos thèses est en fait contradictoire. Sur le versant positif, on peut citer une prise en compte de nos questionnements par différentes sensibilités politiques, sociales, écologiques et par de grandes institutions comme la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr] qui demande, par exemple, un moratoire sur les OGM ou par l’ONU qui rappelle que le problème n’est pas de produire plus d’aliments mais d’éviter d’en gaspiller le tiers.

Une nouvelle gauche écologiste se cherche, mais elle n’est pas encore à la hauteur des enjeux. Elle ne sait pas encore comment concilier les contraintes environnementales avec son souci de justice sociale et le besoin de reconnaissance (de dignité) face à une société du mépris. Elle propose donc sa propre version rose, rouge ou verte de la croissance face à la croissance bleue de Sarkozy. Einstein disait que lorsqu’on a la tête sous forme de marteau on voit tous les problèmes sous forme de clous. Il faut donc changer notre façon de penser, décoloniser notre imaginaire de consommateur. Le «toujours plus» n’est pas la solution ni dans le cadre du capitalisme, ni dans celui du socialisme. On n’a jamais autant parlé de «revenu minimum garanti» ni de «revenu maximal autorisé». Même Obama se dit partisan d’un salaire maximum annuel de 200 000 dollars.

D'obama à Borloo, tout le monde pique des idées aux objecteurs de croissance. Ca sent l'effet de mode, non?

Tout le monde se veut aujourd’hui écolo depuis, notamment, la mascarade du Grenelle de l’environnement. Conséquence : on parle de plus en plus de croissance verte, de capitalisme vert, bref on a tout oublié. Le pire est lorsque la décroissance passe dans certains médias pour être un discours d’adaptation à la crise. Comme si nous faisions la pub des hard discount et des prix bas, voire de la récupération dans les poubelles pour les plus pauvres. La décroissance n’est pas une stratégie d’adaptation individuelle ou collective à la misère du monde. Elle ne propose pas des recettes pour vivre avec moins et l’espoir de pouvoir reconsommer demain comme avant.

Nous ne sommes pas des consommateurs radins ou malins, nous sommes des militants politiques qui veulent changer le monde. Nous ne donnons pas des recettes pour apprendre à mieux se serrer la ceinture en conservant le sourire. Nous ne sommes pas dans l’union sacrée pour sauver le système. Nous cultivons le dissensus car nous pensons que ce système est foncièrement mauvais, immoral et dangereux.

Les objecteurs de croissance semblent avoir du mal à se constituer politiquement. Comment l’expliquez-vous ?

Nous avions proposé au Front de gauche (Parti de gauche et PCF) et au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de faire régionalement exception en accordant une tête de liste pour les européennes à un objecteur de croissance afin de montrer que la gauche en a fini avec son productivisme. Le grand danger serait que des forces politiques instrumentalisent certains de nos thèmes pour tenter de se verdir. Mon espoir était que les partis des gauches prennent au sérieux les questions que pose la décroissance ainsi que les débuts de réponses que nous apportons depuis des années. L’échec des négociations avec le NPA d’une part, et le Front de gauche, d’autre part, prouve que ces gauches ne sont pas encore à la hauteur des enjeux historiques.

Elles ne sont pas encore prêtes à rompre totalement avec leur passif productiviste ou ne croient pas que les gens y seraient prêts. Nous avions suggéré au Parti de gauche de se dire Parti de gauche écologiste… Nous aurions aimé que le NPA se nomme Nouveau Parti anticapitaliste et antiproductiviste (NP2A). On nous a répondu que l’écologie allait suffisamment de soi pour ne pas avoir besoin d’être dite. On a même ajouté qu’il faudrait alors se dire antiraciste, antisexiste comme si la gauche avait été sexiste et raciste de la même façon qu’elle fut et reste productiviste et consumériste. Les milieux de la décroissance sont aussi responsables de cet échec par leur immaturité politique, par leur sectarisme idéologique ou leur refus de tout engagement politique.

Pourquoi faire parti ?

Se compter est d’abord une contrainte politique en démocratie. Si la vérité est en partage, donc aux suffrages, nous devons affronter le suffrage universel. Nous le devons d’autant plus que nous avons confiance dans la force de nos idées, dans la capacité à convaincre et à gagner une majorité de citoyens à notre combat. S’organiser est aussi la seule façon, aujourd’hui, d’être reconnu comme partenaire. Pour l’instant, la seule utilité des objecteurs de croissance est d’obliger l’ensemble des forces politiques à se positionner face à cette mutation civilisationnelle. Il y aura ensuite des décroissances de gauche et d’autres de droite et même d’extrême droite.

J’appartiens de cœur et de raison à la gauche et elle reste ma famille de pensée. Je pense cependant que ce passage par l’objection de croissance lui est indispensable. Sinon, la gauche est condamnée à disparaître non seulement en raison de la montée en puissance des nouveaux démocrates, mais aussi en raison de son incapacité à en finir avec son passif et son passé productivistes. La gauche doit devenir écologiste au moment même où le terme est vidé de son sens. La seule façon aujourd’hui d’être partisans de l’écologie politique, c’est d’être pour l’objection de croissance.

Comment s’articule la décroissance ?

Selon trois formes de résistance. D’abord, la simplicité volontaire qui consiste à vivre en conformité avec ses valeurs. Cela semble aller de soi mais toute une tradition politique remettait aux lendemains du Grand Soir ce changement nécessaire des modes de vie et comme ce grand soir ressemblait souvent à des petits matins blêmes, on n’a finalement pas changé grand-chose. Tout ce qui va dans ce sens est donc positif, comme ne pas avoir de voiture, travailler à temps partiel, etc.

Mais si nous ne faisions que cela, la simplicité volontaire serait doublement dangereuse. Elle pousserait les objecteurs à se vivre comme les nouveaux parfaits, les nouveaux Cathares, à jouer à «plus-décroissant-que-moi-tu-meurs». La décroissance passerait alors d’un discours politique à une logique religieuse.

Le second piège serait d’entériner la division de la société et sa tendance à la dualisation. Notre but n’est pas de vivre entre nous une utopie concrète, il est de changer fondamentalement la société. Ensuite, les expérimentations collectives sont également indispensables. Nous devons bricoler des alternatives dans les franges, dans les marges et au cœur de la société.

Nous devons cependant être conscients que le capitalisme a une extraordinaire capacité de récupération. Il a détourné l’idée de microcrédit pour étendre la marchandisation. Il a dénaturé l’agriculture biologique pour en faire la bio-industrie. Pour finir, un troisième niveau de résistance, politique cette fois, est nécessaire.

Lequel ?

Nous devons inventer un paradigme politique capable d’articuler la prise en compte des contraintes environnementales avec le souci d’égalité sociale et le besoin de reconnaissance face à une société qui fonctionne toujours plus au mépris. L’idée d’une gratuité du bon usage face au renchérissement, ou à l’interdiction du mésusage, me semble constituer le socle de toute refondation d’une véritable alternative politique.

Non seulement parce qu’elle permet de répondre aux enjeux anticapitalistes et antiproductivistes, mais aussi parce qu’elle est à même de susciter le désir puisque nous portons la gratuité chevillée au corps. L’eau potable va devenir toujours plus rare au XXIe siècle, raison de plus pour en rendre son usage normal gratuit et pour interdire son mésusage, comme le gaspillage et pas seulement dans les golfs…

Quelle est la définition objective de l’usage et du mésusage ?

C’est aux citoyens de décider à tous les niveaux ce qu’est une consommation normale ou abusive. La décroissance est donc une façon de donner du grain à moudre à la démocratie participative, sinon elle ne sera qu’une illusion incapable de mobiliser le peuple et de lui rendre le pouvoir.
Pour cela, il faudrait réussir à prendre le pouvoir…

Si nous échouons politiquement, c’est aussi de notre faute. Nous sommes dans une période de recomposition totale, la gauche est toujours dans une impasse : le non majoritaire de la Constitution européenne ne sera pas, ou peu, représenté aux prochaines européennes.

On peut reprocher tout ce que l’on veut à la société consumériste, mais on n’arrivera à sa cheville en matière de désir. Cette société sait capter le désir : nous sommes tombés dedans il y a soixante-dix ans et nous en voulons encore. Pour la décroissance, reste à rendre le projet désirable.

Source : http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/05/il-faut-rendre-la-d%C3%A9croissance-d%C3%A9sirable.html

jeudi 14 mai 2009

Un pas en avant vers le désarmement nucléaire?

L'information est passée presque inaperçue en France. Bien sûr, car la position politique du gouvernement français, au cours de la conférence New York, y était isolée (1)! Ce constat d'une ouverture dans le mur dressé par les pronucléaires militaires (et donc civils, osons l'écrire!) ne peut que nous satisfaire! Mais où sont, sur le sujet, les prises de position des candidats aux élections européennes de juin 2009?



Accord exceptionnel en vue de la conférence de révision du Traité de non-prolifération nucléaire

Reuters - 07.05.09 - Les délégués réunis à New York pour discuter du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se sont accordés mercredi sur le programme du rendez-vous prévu en 2010, un consensus inédit en dix ans. Au troisième jour d'une conférence de deux semaines entre les 189 signataires du traité adopté en 1970, les délégués sont parvenus à s'entendre sur le contenu des discussions censées aboutir à un plan de révision du TNP. De nombreux diplomates ont attribué cette percée dans les pourparlers, bloqués depuis dix ans, au changement de ton opéré par les Etats-Unis sous l'impulsion du président Barack Obama.

"Incroyable", a écrit le chef de la délégation britannique John Duncan sur un site internet où il s'exprime régulièrement. "Nous venons de nous mettre d'accord sur le programme de la conférence de révision de 2010. Cela peut sembler banal mais nous n'y étions pas arrivé depuis unedécennie." D'autres diplomates ont évoqué l'accord avec plus de retenue mais ont estimé qu'il était symbolique, dans la mesure où jusqu'à lors, les délégations ne parvenaient pas même à trouver un consensus sur leurs sujets de discussions. Les signataires du TNP tentent depuis plusieurs années de dépasser leurs antagonismes, mais les divisions demeurent profondes entre grandes puissances nucléaires et pays en développement, qui reprochent aux premières de leur interdire l'accès au nucléaire et de ne pas se conformer aux promesses de désarmement.

Paris est isolé. La dernière conférence de révision du TNP, en 2005, avait tourné à la bataille procédurière et n'avait rien donné. Washington avait alors tâché de concentrer l'attention sur les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, tandis que Téhéran avait critiqué les réticences américaines à désarmer et que l'Egypte avait dénoncé l'arsenal présumé d'Israël. Le programme adopté mercredi inclut une révision des promesses de désarmement formulées en 1995 et 2000 par les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie. L'ancien président américain George Bush disait, avec le soutien de Paris, ne pas être contraint par ces engagements pris par l'administration précédente.



La conférence de 2010 devrait également se pencher sur la question des "zones sans armes nucléaires", dossier qui concerne essentiellement Israël selon des diplomates. "L'administration Obama a changé de direction et accepté de remettre ces sujets au programme", a dit un diplomate sous le sceau de l'anonymat. "Les Français essayaient encore de bloquer mais ont accepté dans la nuit lorsqu'ils ont réalisé qu'ils étaient seuls et isolés."

Des représentants occidentaux se sont néanmoins dits inquiets de voir l'Iran et l'Egypte chercher à nourrir les divisions en focalisant leurs diatribes contre Israël, bien que les signataires apparaissent désormais plus soudés. "Il nous reste d'importants obstacles mais le changement de ton de l'administration Obama a modifié l'équation", s'est félicité un diplomate occidental. "Les Etats-Unis sont maintenant désireux de s'engager sur le désarmement, avec l'Iran, mentionnent Israël. Tout cela est nouveau et ça aide".



(1) Voici le texte voté à l'initiative des ONG françaises, lors de l'Assemblée générale d'Abolition 2000 à New York, le 9 mai 2009 :

Les ONG présentes à l'ONU pour assister au travail des 189 Etats membres du Traité de non prolifération (TNP) du 4 au 15 mai 2009 ont été particulièrement choquées, comme la plupart des diplomates, par l'attitude de la France dans les débats. La France a bloqué l'adoption de l'ordre du jour de la Conférence d'examen de 2010 du TNP jusqu'à ce qu'il soit enlevé du texte retenu la mention de prise en compte des « développements récents » des arsenaux nucléaires, c'est à dire la mise au point depuis l'an 2000 par la France de missiles de plus longue portée. L'attitude française qui refuse l'objectif d'un monde libéré de l'arme nucléaire et de participer à tout mouvement multilatéral de désarmement nucléaire, n'est pas acceptable et se trouve en contradiction avec l'espoir soulevé par le discours de Barak Obama à Prague le 5 avril 2009. Les ONG présentes à New York et réunies en Assemblée générale dans le cadre du réseau Abolition 2000 appellent le gouvernement français et le président Nicolas Sar
kozy à accepter l'objectif d'un monde libéré de l'arme nucléaire et en conséquence à participer à un processus multilatéral de désarmement nucléaire.

http://www.yesmagazine.org/images/issues/90/46Schell_Abolition2000.jpg
http://www.abolition2000.org/

lundi 11 mai 2009

L'objection de croissance en marche, en Belgique



Campagne électorale pour les Européennes de juin 2009 : le point de vue des Objecteurs de Croissance
. Communiqué de presse du lundi 11 mai 2009.



L’amplification des crises de la croissance auxquelles nous assistons avec leur cortège de nouvelles manifestations de déséquilibres, comme en témoigne notamment l’apparition de la nouvelle grippe porcine ou encore l’explosion du chômage, nous incite plus que jamais à poursuivre dans la voie que nous avons choisie : construire un nouveau mouvement politique, le mouvement belge des Objecteurs de Croissance. En effet, les réponses politiques apportées aujourd’hui aux crises multiples restent enclavées dans un mode de pensée dangereux qui nie ou prétend reculer fallacieusement les limites planétaires dans lesquelles pourtant nos actions d’être humains prennent cours. Dès lors, elles ne peuvent prétendre à rencontrer les défis auxquels la planète entière est pourtant confrontée :

1. un défi social, avec la plongée dans le dénuement et la marginalisation d’une partie croissante de la population, partout sur la terre ;

2. un défi écologique sans précédent dans l’histoire de l’Humanité avec le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la montée du stress hydrique, la contamination chimique et radioactive des écosystèmes… ;

3. un défi énergétique, avec la raréfaction de plus en plus mesurable des ressources non renouvelables ;

4. un défi économique et financier après le désastre bancaire et la récession à laquelle nous assistons et dont on peut prévoir qu’elle va s’installer pour longtemps ;

5. un défi démocratique et politique enfin, l’enfermement dans une logique productiviste n’offrant aucune alternative à une crise du sens et de la représentation qui ne cesse de s’approfondir et marquée par la dépolitisation du citoyen.

Il est temps de sortir de ce cercle vicieux et nous voulons mettre nos forces et nos moyens au service d’une démocratie effective et vivante qui agit pour l’équité et la solidarité entre tous les humains par la coopération et le partage et pour des sociétés écologiquement harmonieuses, en paix avec la nature.

Les élections de juin seront l’occasion de rappeler combien un changement de paradigme est nécessaire et combien le débat qu’il appelle importe plus que le comptage électoraliste. Ce scrutin sera donc pour nous une occasion supplémentaire de faire entendre notre voix notamment sur les points suivants :

1. Aucune politique sensée et équitable ne peut être réalisée si elle ne tient pas compte des limites ;

2. L’utopie croissanciste à la base des politiques actuelles doit être abandonnée au profit d’une politique humainement, socialement et écologiquement soutenable ;

3. Le « Développement Durable » n’est pas une solution dans la mesure où il continue à viser une croissance durable, impossible à réaliser dans un monde fini ;

4. Un nouveau contrat social doit donc émerger. En ce qui nous concerne, il doit être basé sur les principes suivants :

* La course à la croissance et au progrès matériel, la compétitivité et l’esprit de conquête doivent faire place au bien-être, à la convivialité, à la coopération, à la solidarité et au respect du monde vivant et des équilibres naturels.
* L’économie de guerre que nous connaissons aujourd’hui doit disparaître au profit d’une économie non violente, non prédatrice.

5. C’est donc à une transformation politique radicale, en ce sens qu’elle doit concerner la racine des choses, à laquelle nous devons œuvrer. Concrètement pour nous cela signifie que les nouvelles politiques à mettre en œuvre doivent en priorité assurer un revenu suffisant à tous les habitants de la terre et permettre la nécessaire reconversion économique vers une bioéconomie, c’est-à-dire une économie qui tient compte des limites dans lesquelles elle s’inscrit et qui favorise donc :

* la relocalisation des activités économiques ;
* l’autonomie alimentaire et énergétique ;
* une économie du réparable et du recyclable ;
* la lutte contre tous les gaspillages en ce compris ceux issus de l’obsolescence organisée ;
* les services publics d’intérêt collectif ;
* la coopération, l’autonomie et la démocratie directe ;
* les diversités culturelles et biologiques.



Mouvement politique des Objecteurs-trices de Croissance (en création)
Rue Basse-Marcelle 26, 5000 Namur
www.objecteursdecroissance.be
- info@objecteursdecroissance.be

Contact presse : Michèle Gilkinet
071.876779 – 0476.860305

dimanche 10 mai 2009

Le sachet noir qui tue

Le sachet noir et la calebasse : objets d'utilité quotidienne

Je rentre du Burkina-Faso, de la banlieue de Ouagadougou. J'y ai découvert, avec stupéfaction, un pays en deuil ou présentant toutes les apparences du deuil : partout, emportés par le vent, des sachets en plastique noir sont accrochés aux arbres, jonchent le sol des lieux publics ou privés, et maculent le paysage d'innombrables taches noires.

L'usage du sachet moir, cet objet bon marché, pratique, léger, solide s'est généralisé. Comme en Algérie, au Maroc, en Cote d'Ivoire et plusieurs autres pays africains, l'habitude de s'en servir a été prise et rien n'y résiste! Le résultat est désastreux et la pollution, liée à ces remplaçants des paniers et autres contenants traditionnels, est devenue épouvantable. Dans les abattoirs de Ouagadougou, à Kossodo notamment, on retrouve, dans les estomacs des animaux abattus, ces sachets diaboliques. De nombreux animaux domestiques meurent étouffés pour avoir avalé ces sacs conservant des restes alimentaires.

Les pouvoirs publics ont bien essayé de freiner ou d'interdire l'achat et l'emploi de ces sachets noirs, mais ils ont échoué car, d'une part les vendeurs et revendeurs de ce matériel courant font des affaires et, d'autre part, les habitants ne savent plus se passer d'un moyen de transport de leurs marchandises pratique et accessible à tous.

Évidemment, les sachets noirs, fabriqués à partir de dérivé du pétrole, ont une durée de vie très longue et, comme ils sont abandonnés après utilisation, ils constituent une source inépuisable de dégradation de l'environnement. Inutile d'envisager leur remplacement par des sachets en papier moins solides, moins souples, plus chers...

La récupération de ces sacs (pour en faire des dalles, des vêtements, des rideaux, etc...) est encore peu développée mais, déjà, dans les vastes dépots d'ordures, notamment en Côte d'Ivoire, des misérables fouillent et ramassent pour les revendre au poids, dans des conditions d'hygiène, de puanteur effroyables, ces funestes sachets noirs.

Quel affreux symbole! L'exploitation de populations entères peu conscientes des risques encourus, à court et long terme, ne trouble que les bonnes âmes qui, comme moi, s'offusquent mais se découvrent impuissants pour faire face au phénomène. Les discours écologiques ne manquent pas, y compris quand ce sont les responsables locaux qui fulminent contre la pollution du pays. Mais comme ce sont ceux qui "font de l'argent" qui, en dernier ressort, décident, rien ne peut changer et les avertissements, campagnes de sensibilisation et autres sont sans effets durables.

Reste que les sachets noirs tuent et pas seulement par étouffement. Ils sont faits de produits qui sont nocifs et en tout cas dangereux quand ils sont mis en contact direct avec la nourriture, ce qui arrive constamment (et pas seulement des graines sèches ou du pain mais des parts de to ou de riz cuisinées et emmenées pour être consommées!).



Archives du blog