mercredi 30 décembre 2009

Les Verts et la vertu

La taxe carbone sera modifiée ou ne sera pas. Ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel, le 29 décembre! Le compromis entre l'écologie et l'industrialisation de la société vient de recevoir un nouveau coup. Une bonne occasion de se rappeler qu'à vouloir rechercher le centre, l'entre-deux, l'accord minimal, on chute dans le déséquilibre ou bien l'on ne change rien... Qu'est-ce que la politique sans vertu?



Le parti Vert est traversé, depuis longtemps, par une contradiction : on ne peut mener une action politique écologiste sans affronter les épreuves électorales mais, disait-on en même temps, il faut pratiquer "la politique autrement".

Ce slogan, "faire de la politique autrement". n'a correspondu à rien parce que, en France, il n'est pas possible d'entrer dans les compétitions électorales sans parti. Or, le fonctionnement des partis obéit toujours aux mêmes règles : il faut éliminer ses concurrents, dès la désignation des candidats, au sein du parti, avant de se voir investi de la responsabilité de défendre une politique devant les électeurs. Les Verts n'ont pu échapper à cette façon de faire de la politique comme tout le monde.

Les Verts ne sont, en effet, ni plus ni moins vertueux que les autres "militants" politiques. En politique il faut vaincre et le militant est un militaire civil. Il ne tue pas physiquement son concurrent mais il le tue dans ses ambitions, ses projets, ses idées. Bref, il fait de son rival un ennemi.

Les Verts sont enfermés dans une logique institutionnelle où ils se sont eux-mêmes installés quand ils ont estimés qu'il fallait, pour être efficace, gagner des sièges et exercer des responsabilités au sein d'exécutifs qui les acceptaient en raison de leurs compétences et de leur concours à l'obtention d'une majorité composite.

Si, actuellement, Europe-Écologie ou les Verts se détachent des alliances où ils avaient une place réduite mais réelle, c'est qu'ils escomptent pouvoir, en autonomie, occuper une place plus importante voire être, enfin, à la tête d'exécutifs régionaux, en 2010. C'est une autonomie tactique avant d'être une autonomie stratégique.


La logique reste la même : auparavant, on faisait des compromis avec les socialistes par réalisme. À présent, on parie sur la modification des rapports de force et l'on ne fait plus de compromis de premier tour avec les socialistes..., toujours par réalisme.

Bien entendu, les partenaires qui se résignaient à pactiser avec un mouvement écologiste faible, vont se contenter d'engranger, dans un premier temps, l'apport d'un mouvement écologiste plus fort (même s'il faut, pour cela, abandonner des responsabilités) mais, par la suite, ils ne feront aucun cadeau à ces ambitieux qui ont voulu se faire calife à la place du calife.

cependant, la réalité politique change : la politique des partis et celle des leaders d'opinion devient, progressivement, inadaptée à l'évolution des mentalités et des capacités des citoyens. Plus encore, les questions politiques majeures, effectivement dominées par des problématiques écologiques, obligent, et obligeront toujours davantage, à effectuer des mutations, des transformations, des évolutions dans les pratiques économiques et sociales à échelle planétaire!

La politique autrement retrouve là, peut-être, des couleurs, vertes ou pas, simplement parce que l'enfermement dans des fonctionnement d'États-nations va se révéler de plus en plus obsolète et inadéquat. L'élection européenne de 2008 aura eu cet avantage de fournir un moyen de déborder le cadre du parti des Verts et, pour les élections françaises des régionales, il semble que la leçon ait été tirée. Les "personnalités" entrent dans les listes de candidats. Cela ne peut fragiliser les groupes d'élus "verts et ouverts" mais c'est la seule voie d'avenir.

Sans vertu, un élu est une proie facile pour ceux qui achètent les pouvoirs et, par là même, en disposent. Pourtant, l'éthique ne fait pas partie des disciplines enseignées à Science.Po! Le constat serait désespérant si nous restions prisonniers d'une conjoncture immobile. ce fut longtemps le cas. Ce ne l'est plus. La complexité du monde et sa fragilité, révélées par la mise en cause de la croissance et du capitalisme obligent à rechercher des dispositifs politiques nouveaux.

La chance des Verts "vertueux" est qu'ils ne sont plus obligés de se fondre dans des moules qui n'ont pas été pensé ni voulu par eux. Ils peuvent même continuer leur propre évolution sans renier leurs fondateurs qui dénonçaient le capitalisme sans avoir besoin de recourir au marxisme. Ils peuvent aussi découvrir que la meilleure des clefs permettant d'entrer dans des problématiques écologiques est désormais sociale. S'ils effectuaient cette découverte, et en tiraient des enseignements pratiques, ils seraient incorruptibles, sans avoir à couper de têtes... La sobriété, la simplicité, la mesure, la frugalité, la modestie se marient volontiers avec l'équité, le partage, la solidarité, la mutualité, la coopération, le don! Un écologiste qui ne serait pas plongé dans la vie des milieux populaires entrera vite en contradiction avec lui-même.





























































jeudi 24 décembre 2009

La décroissance condamnée par Fillon, en Chine!

Les objecteurs de croissance communiquent :

Après le Président de la République, c’est au tour du Premier Ministre, François Fillon, de s’exprimer sur la Décroissance, ce mardi 22 décembre 2009, en Chine.


L'après Copenhague : produire toujours plus, en Chine comme ailleurs?

M. Fillon évoque la Décroissance comme une utopie. Nous estimons, pour notre part, que l’utopie serait de continuer de croire à la Croissance comme solution aux crises actuelles, alors qu’elle en est à l’origine.

Par ailleurs, M. le Premier Ministre a prophétisé une révolte des peuples envers une politique qui conduirait à la Décroissance. Mais M. Fillon ne voit-il pas le mécontentement grandissant des populations à l’encontre d’un système économique qu’il soutient et qui aggrave la misère sociale, qui contribue à la dégradation de l’environnement pour finalement nous désensibiliser au monde qui nous entoure et nous enfermer dans un individualisme égoïste et destructeur?


La leçon du bon blanc : Tu es un bon Chinois : sois un bon ouvrier, pas un pollueur!

La révolte risque plus de se produire par opposition au système en place. C’est pour cela que les tenants de l’objection de croissance, avec le peuple en colère et les désabusés du capitalisme, entendent proposer des alternatives autour des idées de la Décroissance. Il s’agit simplement de de rendre au peuple les clefs de la démocratie.

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l’Association d’Objecteurs de Croissance (AdOC)

http://adoc-france.org/


mercredi 23 décembre 2009

Un mal de Terre irréversible?

Par Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement.


Que dire de plus que ce qui a déjà été écrit pour exprimer l'immense déception du peuple de l'écologie à la vue du piètre résultat du sommet de Copenhague. L'absence d'engagements contraignants, le peu d'ambition des uns, la gesticulation des autres, le tout allié au plus parfait cynisme ont eu raison d'un sommet que d'aucun annonçait comme historique.

Si Copenhague est un échec, c'est avant tout parce que nos décideurs n'ont jamais cru sérieusement à un accord contraignant. Ou plutôt, ont-ils toujours feint de croire que cet accord serait contraignant... pour les autres. L'effort à consentir n'est ainsi acceptable qu'à la seule et unique condition qu'il soit supporté par les pays du Sud ou les générations futures. Certains ont même cru un temps que Copenhague serait une opportunité de marché supplémentaire, un moyen d'assurer un relais de croissance pour un capitalisme moribond. De sobriété, il n'en a jamais été question !

Mais cette incapacité à prendre en compte la crise climatique pour ce qu'elle est réellement, une crise systémique qui frappe à cœur nos sociétés repus, rend l'issue des négociations non plus incertaine mais kafkaïenne.

Si Copenhague est un échec, c'est aussi et surtout parce que les chantres de l'écologie hors sol, de Chirac à Sarkozy, ne peuvent atteindre la cohérence requise pour être crédible. Tenir de beaux discours, se parer des habits verts pales des sauveurs climatiques de l'Humanité ne font sens qu'à la seule et unique condition d'être irréprochable ici et maintenant.

Or, depuis trop longtemps, nous appelons les dirigeants français à accepter de mettre en adéquation discours et actes, dire et faire. Et pour se faire, remiser au placard les vieilles recettes que le grand emprunt et autre plan de relance financent allègrement !

A défaut d'avoir mis un terme au double discours institutionnalisé, nos responsables reviennent bredouilles de Copenhague. Au moins auront-ils le temps de méditer l'inélégance qu'il y a à donner des leçons au monde entier tout en poursuivant un développement énergivore et climaticide.

Nous voici venu au temps des apothicaires. Chaque État tient à jour ses comptes en espérant gagner plus qu'il ne perd. Au final, tout le monde a perdu ! Ce « je » à somme nulle nous entrainera toutes et tous dans un mal de Terre dont l'irréversibilité est certaine.

Honte à eux !

Les dessins d'Agir - Copenhague... mal de terre !

samedi 12 décembre 2009

Les questions qui dérangent.

Vittorio Hösle, docteur de l'université de Tübingen

La thèse selon laquelle le XXIe siècle sera le siècle de l’écologie peut être accréditée, notamment parce que les hommes n’ont pas entrepris grand-chose, ces vingt dernières années, pour tenter de résoudre la question environnementale. Comme Hans Jonas l’avait pressenti, il est naïf d’espérer pourvoir résoudre le problème simplement au moyen de techniques environnementales. Ce serait aussi un leurre d’espérer résoudre la crise écologique au travers de simples mesures économico-politiques. C’est d’une modification de notre rapport à la nature, mais aussi d’une révision de nos valeurs dont nous avons besoin. Le vœu majeur de notre temps me semble adéquatement formulé dans l’aspiration à une philosophie de la nature qui cherche à concilier l’autonomie de la raison avec une valorisation intrinsèque de la nature. La thèse centrale de ce livre est que le niveau de vie occidental n’est pas universalisable ni, par conséquent, juste.


Questions :


- Le consensus et la force sont des facteurs de stabilité sociale inversement proportionnels : plus le consensus est large, moins la force est présente, et vice versa.

- Lorsque l’élaboration d’un nouveau consensus échoue, un changement de paradigmes conduit à une montée de violence, à une révolution, mais aussi à une contre-révolution.

- A la suite de cette tragédie que fut la guerre de Trente ans (1618-1648), on commença à comprendre que l’homogénéité confessionnelle ne constitue pas une condition indispensable au bon fonctionnement des relations sociales. L’homme semble avoir besoin de catastrophes pour apprendre.

- La nation est, au moins depuis le XIXe siècle, le nouveau paradigme. Il est cependant clair que la nation est une catégorie nécessairement anti-universaliste alors que les grandes religions sont par définition plus « universalistes ». On peut donc interpréter ce changement de paradigme comme étant une régression.

- L’économie prend la place de la nation comme celle-ci avait pris la place de la religion.

- Rien n’est plus typiquement emblématique de l’esprit de notre temps que cette fête de Noël (censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique) qui a dégénéré en un rite purement commercial qui, à la fin de l’année, mène à son paroxysme la fièvre consumériste.

- Il est manifeste que le vice majeur de l’époque moderne est de faire abstraction de la qualité tout en convertissant ce qui est qualitativement incommensurable en un équivalent quantitatif.

- Il n’est pas bien sorcier de comprendre qu’une croissance quantitative n’a pas du tout pour corrélat nécessaire un plus grand bien-être.

- Le principe du gratte-ciel et de la mégalopole reflète une double négation, verticale et horizontale, de la limite et de la mesure.

- La destruction de l’harmonie des petites villes a largement contribué à rendre l’âme de l’homme moderne inapte à ressentir l’harmonie plus vaste qui la lie au cosmos.

- L’économie ne représente pas le point d’ancrage de toute culture. Elle ne joue ce rôle prépondérant que depuis peu et elle pourrait bientôt perdre cette prérogative.

- La crise écologique annonce la relève d’un paradigme dépassé : nous sommes au seuil de cette nouveauté. Le paradigme de l’économie doit céder la place au paradigme de l’écologie.

- Efficacité et parcimonie sont des vertus traditionnelles de l’économie. Ce sont aussi en même temps des vertus écologiques.

- On peut espérer que la crise écologique soit reconnue comme l’ennemi public de l’ensemble de l’humanité, celui contre lequel elle ne pourrait mener qu’une lutte collective. Mais il ne serait pas étonnant que la question écologique ouvre la voie à de nouvelles guerres.

- On ne peut parler de droits des générations à venir qu’au sens figuré ; mais c’est bien l’humanité, l’idée de l’homme, qui a pour droit inaliénable de se réaliser également à travers les générations à venir.

- Pour les générations futures, nous avons besoin d’un équivalent dans le droit public de la figure du tuteur présente dans le droit civil.

- Les parlementaires ne défendent pas, dans un Etat de droit moderne, les intérêts de leurs électeurs ; ils défendent l’ensemble du peuple. Ceux-ci devraient prendre conscience que « l’ensemble du peuple » ne se réduit pas aux générations actuelles.

- Le droit de mettre au monde autant d’enfants qu’on le souhaite ne peut plus être reconnu là où l’universalisation de ce droit épuiserait la nature.

- On ne saurait aujourd’hui faire l’impasse sur la mise en place de mesures politiques restrictives envers ce droit. Il va de soi qu’un contrôle volontaire des naissances reste l’option à privilégier.

- Ce sera une des tâches principales de l’éthique du siècle de l’environnement que de renoncer à l’« infinitisme » de l’époque moderne et de retrouver le chemin de la mesure (et pas seulement en ce qui concerne l’évolution démographique).

- Nous devons réapprendre à voir dans la « pléonexie », dans la volonté de posséder toujours plus, un trait de caractère qui témoigne de la bassesse d’un individu. Nous devons réapprendre à dire : Ca suffit » ; nous devons réapprendre à aimer les limites.

- Celui qui veut améliorer le monde doit commencer par s’amender lui-même.

- La condition de notre propre liberté réside dans un certain degré d’ascétisme : celui qui a besoin de beaucoup de choses pour se sentir bien physiquement, voire pour conserver la reconnaissance de ses pairs, celui-là n’est pas un homme libre.

- Tout changement de paradigme moral implique nécessairement que ceux qui défendent de nouvelles valeurs se heurtent à toutes sortes de réactions hostiles. Personne, en effet, ne voit d’un bon œil qu’on lui ôte le fondement de son amour-propre.

- Doit-on admettre des actes qui, pour contribuer à la sauvegarde de l’environnement, endommagent des biens ? En un mot : les activités de Greenpeace ne sont-elles pas non seulement morales mais aussi légales ?


dimanche 6 décembre 2009

Un vrai désaccord avec les Verts de Cergy-Pontoise

Les Verts se félicitent de la nouvelle chaufferie à bois de Cergy-Pontoise.
(Le 6/12/2009) Selon VoNews.

"A trois jours de l’ouverture de la conférence de Copenhague, consacrée au changement climatique, l’inauguration de la chaufferie bois sur le réseau de chaleur de Cergy Pontoise constitue pour les Verts une réelle satisfaction", réagissent Marc Denis, secrétaire des Verts de Cergy Pontoise et Michel Vampouille, vice-président du Conseil Régional Ile de France, chargé de l’environnement, du développement durable et de l’éco-Région. Ils invitent les élus à "penser globalement et agir localement".

Qui va réaliser cette belle opération? Véolia, bien sûr! Pourquoi les Verts n'en disent-ils rien?

La délégation de service public, (qui serait mieux nommée : abandon du service public à une entreprise privée), s'est donc étendue, depuis le mois de novembre, à une nouvelle tranche du service public de chauffage urbain.

Les 70 000 Cergypontains, dont le logement est relié au réseau de chauffage urbain, pourraient se réjouir de cet apport de la chaufferie biomasse qui va représenter 20% de l'énergie consommée. Cependant, le dossier d'autosatisfaction des élus de la CACP, publié dans le Magazine local Douze comme Une, fondé sur la même démonstration que pour le dossier consacré, récemment, à sa politique de gestion de l'eau, consiste à laisser croire que la communauté d'Agglomération s'occupe, elle-même, des intérêts de ses administrés. En réalité, elle délègue ses responsabilités à Véolia-Environnement, gigantesque entreprise privée.


Le logo de notre Agglomération : Cergy-Pontoise, énergies... déléguées?

Loin de nous la pensée que les compétences des personnels de Véolia soit à remettre en cause! Cependant, les intérêts financiers et commerciaux de cet état dans l'État (rappelons-nous que le président de Veolia, Henri Proglio, est aussi, depuis peu, le patron d'EDF!) ne passeront jamais après les intérêts des usagers...

L'Agglomération livre un nouveau pan de ses activités à un partenaire qui ne cesse d'élargir son influence (qu'il s'agisse de l'eau, du chauffage, des transports, de la propreté et du traitement des déchets!).

Cette heureuse initiative est, nous dit-on, "opérée par la société CYEL, filiale de Delkia, dans le cadre d'un contrat de délégation de service public". Pour faire écologiste, on ajoute même que "cette chaufferie fait partie intégrante de la démarche de développement durable adoptée par la communauté d'Agglomération". Avec l'apport d'Aurore-environnement, usine d'incinération depuis longtemps gérée par la Société générale des Eaux, devenue Véolia, 25 000 logements utiliseraient, à Cergy-Pontoise, 60% d'énergies renouvelables!


Oui, Dalkia, c'est Véolia!

Sans examiner le détail de cette politique qui constitue, nous dit-on encore, "un formidable défi environnemental", nous constatons que, de CYEL à CYO, c'est, encore et partout, à Veolia-environnement que nos élus confient notre confort quotidien.

Le nombre de collectivités qui ne se satisfont pas de la gestion de cette machine à profits ne cesse de croître, en France. Les élus de Cergy-Pontoise non seulement n'ont pas les mêmes inquiétudes mais ne cessent de s'en remettre à ce géant multifonctionnel!

CYEL: la gestion du chauffage urbain de Cergy-Pontoise est confiée à Veolia!

M. Thierry d'Allancé, chef d'agence Dalkia, filiale énergie de Véolia-environnement, peut se féliciter (on le comprend!) que "la biomasse fasse partie intégrante de la stratégie de Dalkia" .

"À l'heure du sommet de Copenhague" écrit Jean-Marie Rollet, vice-Président de la CACP..., "le bois est une énergie qui mériterait d'être plus largement utilisé par les collectivités locales". Certes! Mais pourquoi devrions-nous approvisionner le capitalisme vert avec nos factures d'eau et de chauffage! Que les collectivités locales, puisqu'elles sont compétentes, ne délèguent pas leurs responsabilités, mais les exercent! Cela coûterait moins cher aux usagers que s'ils sont réduits à l'état de clients...

mercredi 2 décembre 2009

Un procès exceptionnel et révélateur

Les faucheurs en appel, à Versailles!

Compte rendu de Franciska Soler :

Nous avons eu un beau procès à Versailles, qui a duré deux jours et demi, les mercredi 18, jeudi 19 et vendredi 20 novembre 2009. Le tribunal était présidé par une magistrate plutôt ouverte qui a permis aux deux parties de s'exprimer largement.

L'audition des prévenus a duré plus longtemps qu'à Chartres, beaucoup de questions de l'un des juges portant sur les circonstances de l'action. 55 personnes ont exprimé leurs motivations très diverses et complémentaires jusqu'en fin d'après-midi.

La Société Monsanto a produit 4 témoins : 2 agriculteurs (dont un représentant de la FNSEA, Michel Masson), une membre de la Commission de Génie Biomoléculaire au moment des faits et ex présidente du GEVES, et le responsable au ministère de la surveillance des essais.

Puis les témoins des faucheurs ont été entendus (les ministres, Borloo, NKM et Bussereau, que nous avions cités ne sont pas venus, ni le responsable du Service Régional de la Protection des Végétaux). Les scientifiques, P-H Gouyon, G-E Seralini et Christian Vélot, ont présenté la dissémination inévitable des OGM, entrainant la réduction de la biodiversité et la menace pour les cultures traditionnelles, l'absence de débat (en 2007) et surtout la carence d'évaluation des OGM aux plans sanitaire et environnemental, dénonçant le principe d'équivalence en substance. Ensuite un paysan espagnol, producteur de maïs bio, contaminé, est venu témoigner. M-C Blandin, sénatrice, a résumé les travaux du Grenelle de l'environnement, évoqué l'ambiance au Parlement lors du vote de la loi en 2008, et défendu les lanceurs d'alerte. Hélène Holder, des Amis de la Terre, a fait le point sur la situation des OGM en Europe. Puis Aurélie Trouvé, agronome et co présidente d'Attac, est venue défendre la souveraineté et la sécurité alimentaires. Guillaume Gamblin, du Mouvement Alternatif Non-violent a présenté la désobéissance civile. Et, pour conclure, Mathieu Bonduelle, du Syndicat de la Magistrature, est venu légitimer notre refus de prélèvement d'ADN (concernant 24 prévenus).



L'audience du dernier jour a commencé vers 14 h par une demande d'irrecevabilité déposée par un de nos avocats, pour absence de document de la décision de l'organe délibérant de la Société Monsanto, suite à quoi l'avocate de la partie civile a remis un exemplaire des statuts. Elle a ensuite plaidé en présentant l'essai comme totalement conforme, et sollicité la réparation des préjudices moral et matériel.

Dans son réquisitoire, le procureur a rejeté l'état de nécessité, arguant de l'absence de preuve de danger, de la possibilité d'actions judiciaires, etc., et requis trois mois d'emprisonnement avec sursis + 1000€ d'amende et, pour les 4 récidivistes, 100 jour-amende à 30 €, enfin, pour le refus de prélèvement d'ADN, 300 € d'amende.

Notre avocat J-P Susini a plaidé que le prélèvement d'ADN était attentatoire au droit du militantisme. Ensuite Nicolas Gallon a dénoncé un procès anachronique car les faucheurs ont eu raison trop tôt. Depuis, il y a eu consensus sur la dissémination lors du Grenelle, puis le moratoire sur le Mon 810, enfin la décision de remettre à plat les procédures d'évaluation scientifiques au niveau de l'UE... Quant au maïs expérimenté, il y a toujours incertitude sur son identité : NK 603 x Mon 810 comme présenté en première instance (le Conseil d'Etat a annulé un essai analogue sur la commune de Bourgoin-Jallieu en 2009 !) ou bien NK 603 x Mon 810 et Mon 89034, comme affirmé en appel à Versailles ? Quelle est la bonne version ? Aucun prélèvement pour analyse du maïs concerné n'a été faite ! En première instance, la demande de dommages et intérêts était de 300 000 €; en appel elle atteint 1 300 000 € ! Quant au Mon 89034, l'AFSSA ne l'a pas autorisé par deux fois à cause de lésions rénales constatées chez les rats, disant qu' "il conviendrait de poursuivre les investigations". N. Gallon a demandé le rejet de la demande de Monsanto : "en matière d'urbanisme, n'est pas un préjudice réparable la destruction d'un immeuble dont l'autorisation n'était pas valide", et la reconnaissance de l'état de nécessité.

D. Liger, notre troisième avocat a complété quelques points et cité M. Luther-King et Gandhi. Bref, un procès passionnant dont le délibéré sera rendu le vendredi 22 janvier 2010 à 14 h. L'association Yvelines-sans-ogm avait remarquablement organisé les animations autour du tribunal : films, conférences, débats, ateliers, restauration et même un concert final. Le mercredi midi, une marche a rassemblé 150 à 200 personnes (en plus de tous ceux qui se trouvaient dans le tribunal).



Voir leur site internet : http://www.flickr.com/photos/yvelinessansogm/

lundi 23 novembre 2009

EDF, la POSTE etc...



Quand le gouvernement affirme qu'il ne privatisera pas la Poste, il ne peut que mentir. Sinon, il changerait de politique. Lisez ce que disait Henri Guaino en 2002 ( actuellement, conseiller spécial de Sarkozy ) au sujet de " l'ouverture du capital d'EDF "...

Notamment : " Ce qui est sûr, c’est qu’à partir du moment où on a rompu avec le monopole, on a rompu avec le modèle ancien du service public à la française .../... Là où il y a une hypocrisie assez profonde à mon sens, c’est de laisser croire qu’en ouvrant un peu le capital d’EDF, on va préserver l’essentiel du modèle du service public à la française. Une fois que le capital est ouvert, que ce soit un peu ou beaucoup, minoritairement ou majoritairement, l’entreprise est forcée de se comporter selon les règles de la concurrence et de la rentabilité financière, et non plus selon les règles et les critères du service public. C’est fatal. Donc on se trouve (on l’a vu avec France-Télécom), confronté à la situation suivante : si vous n’ouvrez pas le capital vous ne pouvez pas vous étendre, si vous ouvrez un peu le capital vous ne pouvez pas pénaliser les actionnaires qui sont rentrés, donc vous êtes obligés de viser la rentabilité financière, ce qu’on appelle aujourd’hui la création de valeur pour l’actionnaire, et non plus la création de valeur pour la collectivité. Et dès lors que vous avez besoin de capitaux supplémentaires pour vous développer, vous êtes obligés de faire appel au marché. Alors l’État peut évidemment souscrire en théorie à des augmentations de capital et garder sa part. Simplement si l’État le fait, Bruxelles l’accusera de subventionner une entreprise concurrentielle, et donc de créer une distorsion de la concurrence, un désavantage pour les autres concurrents producteurs et distributeurs d’électricité. Dans ces conditions il sera très difficile à l’état d’injecter les moyens financiers nécessaires dans cette entreprise. D’autant plus que l’État, on le sait, a de moins en moins de moyens financiers disponibles pour ce type d’opération. Donc il sera obligé de perdre petit à petit sa part de capital, jusqu’à perdre la majorité. Simplement ça se fera dans la pire des conditions. Moi j’appelle ça la politique du chien crevé au fil de l’eau. C’est à dire qu’à la fin ou bien vous gardez la majorité, mais vous vous sur-endettez comme France-Télécom et vous arrivez au bord de la faillite ou bien vous perdez progressivement la majorité, simplement vous la perdez sans avoir fixé avant les règles qui vont régir les rapports entre l’État et cette entreprise pour laquelle la collectivité a consenti beaucoup d’efforts, et qui est un outil industriel formidable." CQFD...

C'est lui, Henri Guaino, le conseiller du Prince, qui l'a dit! On peut le croire. Il est très bien placé...

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQgvnogsyQvEFXQFXug29m6Wr5Iul651t880HwrHP5RDRLgekEv16wwJffUqV7R7v8-IeO8ugS9l-ryxNEkO1eHNqZ26bptdztiUUQqzF7xMmWuHWBh0A_GXyJbbxkj8pR09WhdiS_geU/s400/Guaino.jpg

Privatisations tous azimuts... Informons-nous sur http://www.altermonde-sans-frontiere.com/

jeudi 22 octobre 2009

Vol sans danger mais dangereux quand même

Du plomb dérobé dans une centrale nucléaire

- Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly (45) -

Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly (45)

Quinze tonnes de plomb ont été subtilisées à Dampierre en Burly (45).

A l'insu de tous, un mètre cube de briquettes de plomb a été dérobé début octobre sur le site nucléaire. C'est lors d'une visite de chantier que la disparition a été constatée. Les gendarmes ont pu retrouver une partie des matériaux chez des ferrailleurs giennois. Après analyses, les briquettes de plomb, utilisées comme matelas de protection pour les ouvriers, se sont avérées être non contaminées. L'enquête en cours cherche cependant à savoir comment le vol a pu être effectué sur le site ultra-protégé qui procède à de très nombreux contrôles de sécurité.

Où est le danger? Aucun, nous dit-on. Pas dans la radioactivité, (si l'on ne nous ment pas). "Après analyses", le plomb, utilisé comme protection pour les ouvriers, "s'est avéré non contaminé". Il aurait donc pu l'être? Un coup de chance, en quelque sorte.

Où alors est le danger? Dans le fait du vol lui-même : on peut pénétrer dans une centrale nucléaire, en France en 2009, à l'insu de son service de sécurité! On peut transporter un mètre cube de plomb (une broutille!) de l'intérieur à l'extérieur d'une enceinte protégée! On ne s'en est pas rendu compte tout de suite! Des ferrailleurs de Gien aurait enlevé ou recelé ce métal pour le revendre. Eux ont été ou pouvaient être en danger. Ils n'avaient qu'à pas voler diront les cyniques.

C'est l'industrie nucléaire qui devient de plus en plus dangereuse. Après les 39kg de Plutonium au lieu des 8kg estimés (1), découverts sur le site de l’Atelier de Technologie du Plutonium de Caradache, la semaine passée, (le site exploité par Areva était fermé depuis 2003), voici qu'on constate que des centrales sont pénétrables sans qu'on s'en soucie... On nous parle de transparence! On verra bientôt, comme au travers d'une vitre, que nous vivons sur un chaudron depuis des lustres... Du temps de l'État gaulliste, la centralisation et la sévérité qui entouraient le nucléaire avaient l'avantage de limiter les risques. L'abandon du tout public et la recherche forcenée du profit (sans parler du vieillissement des installations) font de nos 58 centrales autant de lieux où un incident, une faute de gestion peuvent engendrer des drames allant du vol de matériaux irradiés à bien plus grave... Depuis quelques mois les "incidents" se sont multipliés. Qui s'en inquiète? Pas ceux qui, au contraire, veulent relancer une industrie qui fait bien pire que de produire un effet de serre : empoisonner l'humanité passée (depuis Hiroshima), présente (depuis Tchernobyl) et à venir (par stockage de déchets non retraitables!).

Communiqué de FR3, le 22/10/2009, par Christine LAUNAY

(1) Yannick Rousselet, responsable de Greenpeace-France rappelle que le plutonium est "une matière si dangereuse qu’elle doit être réglementairement mesurée au gramme près".

samedi 3 octobre 2009

La décroissance : un plus pour l'humanité!

Réunie en assemblée constitutive à Beaugency, le 19 septembre, l’Association d’Objecteurs de croissance (AdOC) a adopté sa Plate-Forme. En voici le texte.

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Plate-forme de convergence

issue de l’Assemblée constitutive de Beaugency

Face à une crise multidimensionnelle, nous opposons la radicalité et la cohérence de l’objection de croissance.

Après la campagne Europe-Décroissance, première expérience de campagne politique nationale autour des idées de la Décroissance, pourquoi ne pas avoir l’audace de continuer cette aventure d’un mouvement politique dont les objectifs sont l’émancipation, le bien-être et l’épanouissement individuels et collectifs dans la simplicité volontaire ? Et par conséquent, l’audace de proposer à des individus, des associations, des collectifs, des réseaux, informels ou organisés, une plate-forme pour définir les contours de notre démarche, pour s’ouvrir à toutes celles et ceux qui pourraient s’y retrouver pour la construire ensemble, pour bâtir d’autres mondes écologiquement et socialement responsables, humainement décents et démocratiques.

La société de croissance accumule dramatiquement toutes les crises : énergétique, environnementale, sociale, économique, culturelle, politique. Mais il s'agit au fond d'un seul et même égarement : un monde devenu inhumain, comme si la croyance du « toujours plus » suffisait à donner du sens.

Face à la radicalité de ces « crises », nous opposons une autre cohérence : celle des sorties immédiates du capitalisme et de tout productivisme par toutes les alternatives concrètes de vie déjà existantes et à créer. Cette cohérence est notre radicalité. Nous ne voulons pas d'un autre développement, d'une autre croissance, d'une autre consommation, d'un autre productivisme. Nous voulons sortir de la religion de la croissance qui accroît les inégalités, qui dévore les ressources, qui épuise le vivant, qui confisque la dignité des humains.

Même si une croissance infinie dans un monde fini était possible, elle resterait absurde. Comment ouvrir des chemins vers d’autres mondes ?

Face à la stratégie classique de la prise de pouvoir préalable à tous changements, nous opposons la radicalité et la cohérence d'une Stratégie de l'Escargot.

La Décroissance ne doit pas seulement être le but d’un tel projet mais aussi son chemin et sa méthode. La stratégie politique de la Décroissance est une stratégie de rupture, et non pas d'accompagnement : cette stratégie de l'escargot, implique d’abord d'avoir abandonné l’illusion qu'il suffirait d’une prise préalable de pouvoir – qu’elle soit réformiste ou révolutionnaire – pour changer le monde. Nous ne voulons pas « prendre le pouvoir » mais agir contre les dominations en affaiblissant les pouvoirs ; et créer sans attendre les conditions de la maîtrise du sens de nos vies.

Notre rejet des chemins absurdes de la mondialisation marchande ne doit pas pour autant nous entraîner dans les impasses des replis individualistes ou isolationnistes. C’est pour cela que l’Association d’Objecteurs de Croissance (AdOC) entend apparaître en politique en s’engageant dans toutes les dimensions de l'émancipation individuelle et sociale par l’action politique, sans en sacrifier aucune :

  • Celle de la présence non-électoraliste dans le champ politique classique : par les manifestations, les pétitions, les campagnes électorales, des élus, des soutiens critiques et ponctuels à des majorités, pour permettre des avancées et la pérennisation d'expérimentations sociales, écologiques et politiques.

  • Celle des expériences et des sorties immédiates du capitalisme : par les alternatives concrètes et les contre-pouvoirs.

  • Celle du projet : par les uto-pistes mises en cohérence.

Pour ne pas réduire notre résistance à des oppositions, repolitisons la société et resocialisons la politique.

S'il ne suffit pas de résister mais qu’il faut aussi créer en inscrivant des propositions dans une plate-forme qui fait démarrer localement le global, nous proposons une Décroissance sereine et conviviale :

  • Au cœur de notre projet, les relocalisations : habiter, se déplacer, fabriquer, distribuer, échanger, décider. Elles sont pour les Objecteurs de Croissance les seuls trajets ayant du sens pour retrouver la maîtrise de nos usages, ménager le territoire, nous réapproprier nos modes de vie et mettre en partage les Biens communs.

  • L’encouragement et la légalisation des monnaies locales et autres systèmes d’échanges locaux non spéculatifs.

  • Pour permettre l’activité choisie et la fin du travail contraint : une dotation inconditionnelle d'autonomie (DIA).

  • Un revenu maximum autorisé (RMA) dont l'écart est démocratiquement discuté.

  • La gratuité des services publics et des usages reconnus socialement utiles et écologiquement responsables.

  • La gratuité du bon usage de l’eau, de la terre, de toutes les ressources « de haute nécessité » et le renchérissement ou la prohibition du mésusage.

  • La sortie de la société de surconsommation, de concentration et de gâchis énergétiques : de la menace destructrice du nucléaire jusqu’à l’automobile.

  • Le renoncement au culte de la technique qui impose une société des écrans et des biens à la place d’une société des liens, ceux de la solidarité par la coopération et le partage.

  • Emanciper l’éducation et les cultures des modèles de la compétition et de la concurrence.

  • La mise en oeuvre de la démocratie : en finir avec les conditionnements médiatiques et publicitaires, opérer des choix collectifs pour les orientations économiques, relocaliser les contrôles démocratiques, mettre en place des garde-fous pour ne pas être pris par le pouvoir (mandats électoraux courts, non cumulables et révocables, monopole des représentants du peuple sur l'élaboration des lois, droits de vote effectivement universels).

Pour continuer la construction de cette plate-forme…

Beaugency, le 19 septembre 2009.

http://a21.idata.over-blog.com/1/15/10/59//moins-biens-plus-liens.jpg

http://www.reporterre.net/

vendredi 11 septembre 2009

Le 11 septembre écologiste

Voici trois ans, le 11 septembre 2006, mourait Solange Fernex, chez elle, à Biederthal (Haut-Rhin), le village dont elle fut conseillère municipale, de 1977 à 2001. On peut la considérer comme étant de ceux qui ont fait de l'écologie, indissociablement liée à la lutte contre l'énergie nucléaire tant civile que militaire, une idée-force dans le cadre politique français et européen.


Solange Fernex (1934-2006)

Elle mena en Alsace, plusieurs campagnes contre les centrales nucléaires françaises. Elle participa à un jeûne de vingt-trois jours contre la construction de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), en 1977, et de trente-huit jours à Paris pour le désarmement nucléaire en 1983.


Nul doute qu'elle aurait été à Colmar, le 3-10-2009!

Elle fut, en 1984, avec Théodore Monod, parmi les personnalités qui ont marqué les débuts de la Maison de Vigilance, installée à Taverny, à proximité de la Base de commandement des forces militaires françaises .
http://www.maisondevigilance.com/personnalites.htm


Théodore Monod (1902-2000)

Elle créa,le 27 avril 2001, avec Michel Fernex son mari, médecin : Enfants de Tchernobyl Belarus.
http://enfantsdetchernobylbelarus.doubleclic.asso.fr/


Michel Fernex, professeur de médecine à l'Université de Bâle

Ayant participé à la fondation des Verts, en 1984, elle fut députée européenne en 1989 et laissa, comme prévu, sa place à Dominique Voynet, deux ans après, en 1991.

Insoumise ou rebelle? Solange Fernex ne se laissait enfermer dans aucune qualification. C'est nous qui la voyions telle. Non-violente, gandhienne, elle regardait loin devant elle, refusant, en politique comme ailleurs, de se satisfaire de succès provisoires ou partisans. Elle est à redécouvrir en ces temps où nombre des questions qu'elle posait sont, enfin, devenues d'actualité!

Elisabeth Schultess, Solange Fernex, l'insoumise, éditions Yves-Michel, 2004.
A commander à : Réseau “Sortir du nucléaire” 9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”).


mercredi 9 septembre 2009

Peut on parler d'une taxe écologique?



"Appelée aussi contribution climat-énergie (c’est le terme choisi par le gouvernement), ou encore écotaxe, la taxe carbone vise à réduire le réchauffement climatique dont est notamment responsable le CO2 (ou dioxyde de carbone). Le principe est simple : les utilisateurs d’énergie fossile (pétrole, gaz, fioul, charbon…) doivent acquitter un nouveau prélèvement, en fonction de leur consommation. La taxe existe déjà dans une demi-douzaine de pays européens. En France où elle fait l’objet d’un vif débat, elle ne devrait pas concerner la consommation d’électricité". Ainsi s'exprime le journaliste du quotidien Le Parisien, le 3 septembre 2009.

"Écotaxe" figure au dictionnaire. Le Robert en fixe l'apparition en 1997. C'est, dit-il, "la taxe fiscale sur les sources de pollution et sur l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables". Si le contribuable est devenu une "source de pollution", c'est par l'usage des produits qu'on lui a vendus. Il n'est pas l'exploitant. Pourquoi paierait-il et pas d'abord les entreprises industrielles ou agricoles qui extraient ou/et transforment les produits contribuant au réchauffement climatique?


Qui réchauffe la Planète?

Contribuer? Le verbe est beau. Il signifie tout à la fois collaborer, coopérer, participer. Sous sa forme neutre, il se comprend comme concourir, être concerné. Eh bien soit, nous sommes concernés. Contribuons donc. Cependant ne confondons pas le producteur et l'utilisateur, le pollueur direct et le pollueur indirect, lui-même pollué. Ils ne sauraient être placés sur le même plan de responsabilité! La contribution, dit encore le Robert, est "la part que chacun donne pour une charge, une dépense commune". Il y a dans ce don, une forme de volontariat que ne permet pas la taxe, "qui est "un prix fixé d'une manière autoritaire", voire "une imposition obligatoire". Va donc pour la contribution mais, d'une part, avec l'acquiescement des Français, (pas seulement via le Parlement) et, d'autre part, avec une répartition équitable entre les pollueurs et les pollués! Bref le principe de la contribution climat-énergie (qu'il, faut alors cesser d'appeler taxe) est acceptable, mais son application est exécrable si l'on culpabilise les victimes des pollutions.


Les pollueurs indirects sont les premiers pollués.

Car, peu ou prou, la contribution est un impôt. À force de diaboliser l'impôt, l'État libéral s'est pris les pieds dans le tapis de sa politique! Il a laissé accroire qu'on payait trop d'impôts et il les a multipliés. Car il est des impôts justes et d'autres qui ne le sont pas, de bons impôts et de mauvais impôts en quelque sorte. Si c'est "un prélèvement obligatoire afin de subvenir aux charges publiques", nul n'y trouvera rien à redire. Si c'est un source de revenus pour l'État affectée au recouvrement de dépenses douteuses, le citoyen peut le contester, voire le refuser comme le fit jadis Thoreau, l'auteur du livre titré : La désobéissance civile.

En ce temps de prise de conscience de nos responsabilités écologiques collectives, refuser la contribution climat-énergie serait irresponsable, mais on ne peut l'accepter qu'à plusieurs conditions : d'abord que la charge principale soit portée par ceux dont les pratiques productives doivent changer et pas seulement par ceux dont les comportements doivent évoluer, mais aussi que les politiques économiques soient modifiées pour que les causes des erreurs historiques nous ayant conduit où nous en sommes cessent! En clair, si l'on n'entre pas dans l'abandon du productivisme appelé croissance qui fait de tout plus un bien, on ne sortira pas de la menace d'un réchauffement climatique catastrophique et peut-être mortel pour l'humanité. Aucune contribution financière n'y suffirait...

Reste l'ambiguïté majeure que révèle le refus de taxer la production d'électricité au motif que l'énergie nucléaire, principale source de production électrique en France, ne polluerait pas! C'est un peu vite oublier que l'uranium est une énergie fossile non renouvelable, que les déchets nucléaires polluent et que même si l'énergie nucléaire ne réchauffait pas la planète (hormis le réchauffement des eaux des fleuves qui refroidissent les centrales!), l'énergie électrique tolère un gâchis insupportable compte tenu des pertes en ligne. Plus : laisser penser que l'avenir de la production d'énergie repose sur le développement de l'énergie nucléaire, avec ou sans EPR, est incompatible avec les politiques de désétatisation et de responsabilisation citoyenne.

Ce 9 septembre, avant que ne s'exprime sur le sujet, Nicolas Sarkozy, il ne faut pas être la Pythie pour savoir déjà qu'il tentera de nous jeter de la poudre aux yeux en appelant à la solidarité de tous sans qu'il soit question de taxer les plus grands pollueurs sur lesquels il s'appuie pour conforter son pouvoir!


Transport routier ou éoliennes : où se place la priorité, en France?

mardi 8 septembre 2009

Fermons Fessenheim !

Un message clair, précis et vigoureux, qu'il y a plaisir à reproduire!



Fessenheim est un symbole pour tous ceux qui réclament la sortie du nucléaire
. En octobre 2009, la plus vieille centrale nucléaire de France sera mise à l’arrêt pour sa troisième visite décennale. Cette inspection devra décider de l’arrêt définitif des deux réacteurs... ou de leur prolongation pour dix ans supplémentaires. EDF veut prolonger la vieille centrale de Fessenheim, dangereuse et non rentable, malgré tous les risques qu’elle fait peser sur les populations.


Sortons du nucléaire...

Le lobby nucléaire s’oppose à la fermeture de Fessenheim parce qu’elle inaugurerait le processus de fermeture de nombreux autres réacteurs qui arrivent en fin de vie. Au contraire, ce lobby tente de prolonger la durée de vie des centrales tout en se lançant dans la construction de nouveaux réacteurs EPR. La France a commencé à s’enfoncer dans l’option nucléaire en construisant Fessenheim, elle commencera à en sortir en fermant Fessenheim.

... et tournons-nous vers l’avenir !

L’avenir, c’est la sobriété énergétique, la décentralisation de la production et le développement volontariste des énergies renouvelables. Ces solutions sont les seules capables de répondre durablement à nos besoins tout en luttant contre le réchauffement climatique.

Quelques semaines avant la Conférence Internationale sur le climat à Copenhague, profitons de ce rassemblement pour envoyer un message fort : le nucléaire n’est pas une énergie propre !

Retrouvons-nous toutes et tous les 3 et 4 octobre 2009 à Colmar, en Alsace, pour exiger que la centrale de Fessenheim ne redémarre jamais. L’arrêt définitif de Fessenheim à l’automne 2009 sera le signal de la sortie du nucléaire.

http://www.maison-environnement-franchecomte.fr/imgs/animations/fessenheim-affiche.jpg

Un moment fort : la manifestation

le samedi 3 octobre
14 h - Place Rapp

Venez habillés d’un vêtement jaune, la couleur du soleil et des énergies alternatives !

En savoir plus : contact@fermons-fessenheim.org
Tél : 03 89 41 80 95

www.fermons-fessenheim.org

dimanche 6 septembre 2009

Le diésel problématique pour notre santé

Les véhicules diesel sont responsables de niveaux de dioxyde d'azote problématiques pour la santé

1

Circulation automobile à La Défense - France

L'Afsset attire l'attention sur le dioxyde d'azote (NO2) émis par les véhicules diesel. Cet irritant respiratoire, typique de la pollution due au trafic routier, n'a pas diminué depuis le milieu des années 90 en situation de proximité au trafic routier et continue de poser des problèmes sanitaires en agglomération (exacerbation de l'asthme, irritations respiratoires...).

La réglementation européenne « EURO » sur les émissions des véhicules a pris du retard sur la maîtrise des émissions de NO2. Elle a fait une priorité de la lutte contre les polluants organiques et les particules. Elle fixe ainsi des contraintes sur les émissions de particules pour les véhicules diesel qui entraîneront une généralisation des filtres à particules dans les années à venir. En contrepartie, elle a négligé le NO2, qui n’est aujourd’hui comptabilisé qu’au sein d’un agrégat, les oxydes d’azote (NOx).

Selon les scénarios étudiés par l’Afsset, si rien n’est fait, l’application des normes EURO successives sur les émissions des véhicules ne produira pas d’effet significatif sur ce polluant d’ici à 2014 (entrée en vigueur d’EURO VI et EURO 6). Il faudra maintenant attendre 2014 et la sixième génération de norme EURO avec de nouvelles réductions à l’émission sur plusieurs polluants (hydrocarbures et NOx notamment) pour envisager de premiers effets bénéfiques.

Pour ne pas attendre plus longtemps, l’Afsset recommande de prendre dès maintenant les mesures suivantes pour contrer les émissions de NO2 par les véhicules diesel :

Retenir systématiquement le NO2 comme critère dans toutes les nouvelles réglementations sur les émissions de véhicules routiers, et non plus seulement l’agrégat « NOx totaux ».

En particulier, il conviendrait de mesurer le NO2 lors des tests sur les véhicules neufs (cycles d’homologation) et de le retenir comme un des critères de choix pour évaluer les performances des technologies moteur et de post traitement des émissions. En particulier, certains filtres à particules accroissent les émissions de NO2 ; les technologies de ces filtres évoluant rapidement, seules les plus performantes vis à vis du NO2 doivent être retenues par les industriels.
Une avancée sera faite à partir de 2014 avec la future norme Euro VI (poids lourds) qui impose la mesure des émissions de NO2 et qui laisse la possibilité de définir ultérieurement une valeur limite portant sur ces émissions. Cette avancée n’a pas été retenue par la norme EURO 6, son pendant pour véhicules légers qui entrera en vigueur également en 2014. L’Afsset regrette que cette possibilité n’ait pas été ouverte pour les véhicules légers et recommande de définir une valeur limite portant sur les émissions de NO2 des poids lourds (Euro VI).

Ne retenir que les filtres à particules les moins émissifs de NO2 lorsqu’ils sont installés sur les flottes captives de véhicules (bus, véhicules utilitaires, taxis, etc.).
Le nouveau « deuxième plan national santé environnement » encourage la mise en place de filtres à particules, par exemple sur des flottes captives. L’Afsset recommande de retenir le critère NO2 pour le choix des technologies de filtres. Ceci est d’autant plus important que la ville de Londres a effectivement mesuré une augmentation du NO2 dans l‘air à proximité du trafic entre 2002 et 2004 en lien avec l’installation de filtres à particules sur ses bus avec un choix de technologie de filtre défavorable.

Mettre en place un dispositif d’évaluation de l’efficacité des technologies de contrôle des émissions diesel (y compris filtres à particules, catalyseurs d’oxydation, technologies de contrôle des NOx) en s’appuyant sur les expériences de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Autriche et des Etats-Unis. Un tel dispositif prendrait notamment en compte la réduction des particules, la réduction des NOx, la limitation des émissions de NO2 et la résistance dans le temps des performances des technologies.

Renforcer les connaissances dans le domaine de la toxicologie des émissions des véhicules diesels équipés de dispositifs de post-traitement. En particulier, il est préconisé de renforcer les travaux sur la toxicité des émissions considérées dans leur globalité (aérosols émis comprenant les phases gazeuse et particulaire).

NO2 et effets sur la santé

Le dioxyde d’azote (NO2) est avec les particules fines un des indicateurs majeurs de la pollution atmosphérique. Ils sont tous deux associés au trafic routier dans les agglomérations. Le NO2 réagit en plus dans l’air des villes et contribue à la formation d’autres polluants, ozone et particules secondaires.
C’est un gaz oxydant puissant, qui pénètre facilement dans les poumons. A des concentrations dépassant 200 µg/m3 sur de courtes périodes, il provoque des irritations et des inflammations de l’appareil respiratoire et une augmentation de l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques.
Il est ainsi soumis à un dispositif d’information et d’alerte en cas de pics de pollution (niveau d’information : 200 µg/m3 sur une heure ; niveau d’alerte : 400 µg/m3 sur une heure).
Dans l’air ambiant, les niveaux de NO2 ont eu tendance à stagner ou augmenter en proximité du trafic automobile depuis le milieu des années 1990. A l’heure actuelle, la valeur limite annuelle (40 µg/m3) n’est pas respectée sur de nombreux sites trafic, en particulier au sein de grandes agglomérations telles que Paris, Lyon, Marseille, Nice, Grenoble, Rouen.

C’est actuellement essentiellement dans le flux de circulation en agglomération et notamment à l’intérieur de l’habitacle de véhicules que des niveaux de NO2 les plus importants sont relevés (de 100 à plus de 500 µg/m3).
Ces niveaux peuvent tout à fait induire des effets toxiques sur le système respiratoire, en particulier pour les populations sensibles (asthmatiques notamment).

Des technologies de traitement des gaz d’échappement des véhicules diesel qui conduisent à un arbitrage entre polluants, aujourd’hui globalement en défaveur du NO2

Le problème lié au NO2 est un effet secondaire indésirable des technologies de traitement des gaz d’échappement diesel (catalyseurs et certains filtres à particules catalysés). De nouvelles générations de ces technologies, encore en développement, pourraient notablement alléger cette contrepartie problématique sur le NO2. Il faudra cependant encore plusieurs années avant d’en percevoir les bénéfices sanitaires.

Les filtres à particules pour les moteurs diesel sont très efficaces sur les particules (abattement d’un facteur 100 à 1000 du nombre de particules émises). Mais les suies piégées dans le filtre doivent être régulièrement brûlées pour régénérer le filtre. Or la combustion des particules s’effectue vers 550°C et la température des gaz d’échappement est très inférieure et ne suffit pas. Des catalyseurs sont alors utilisés pour abaisser la température nécessaire à la combustion. A ce jour, deux technologies de filtres se répartissent le marché : les FAP catalysés(1) et les FAP additivés(2). Les technologies avec catalyseur d’oxydation entraînent globalement une augmentation
significative des émissions de NO2, sans pour autant modifier les émissions globales d’oxydes d’azote (NOx).
Les catalyseurs, rendus obligatoires en 1996 sur les véhicules diesel légers par la norme EURO 2, avaient déjà provoqué une augmentation des émissions de NO2. Aujourd’hui, avant même que les filtres à particules ne se généralisent plus sur les véhicules diesel, les émissions de NO2 des véhicules légers sont déjà le fait principal des véhicules diesel catalysés (sans filtre) d’Euro 2 à Euro 4 (voire Euro 5).

Une analyse du parc automobile montre que les perspectives de réduction des émissions de NO2 sont faibles pour les quelques années à venir. L’Afsset a testé plusieurs scénarios en fonction du taux de répartition des FAP additivés et catalysés parmi les parmi les véhicules diesel en équipés de FAP. Si le taux de pénétration des FAP additivés était de plus de 30%, les émissions de NO2 dues aux véhicules légers se réduiraient d’ici à 2014. Mais si ce taux était inférieur à 30% environ, alors les émissions augmenteraient à terme.

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=2071



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