dimanche 29 mars 2009

Pour en finir avec le développement durable.


Gro Harlem Bruntland, née en 1939, première femme premier ministre de la Norvège

Le concept de développement durable date d’avril 1987. Il fut utile en son temps. Il est né du rapport Brundtland ayant pour titre Notre Avenir à Tous. Gro Harlem Bruntland était la présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU. Apparaissait, pour la première fois, dans ce Rapport officiel, l’idée selon laquelle le développement est durable si les générations futures héritent d’un environnem939,ent dont la qualité est au moins égale à celle qu’ont reçue les générations précédentes.


Le développement durable : est-ce repeindre en vert la planète?

Ignatio Ramonet rappelle, dans son livre récent, Le Krach parfait, que ce « développement durable » (« sustainable development » en anglais) supposait l’application de trois principes : le principe de précaution qui favorise une approche préventive plutôt que réparatrice, le principe de solidarité entre les générations actuelles et futures et entre toutes les populations du monde, enfin le principe de participation de l’ensemble des acteurs sociaux à toutes les décisions . Dans le temps nous avons donc le droit d’utiliser les ressources de la Terre mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations à venir ; dans l’espace, chaque Terrien a le même droit aux ressources de la Terre .

Si le concept de développement durable est devenu familier, il n’est pas, pour autant, utilisé avec les mêmes intentions par tous ceux qui l’emploient ! Le Sommet mondial de Johannesburg pour le développement durable (26 août-4 septembre 2002), dans son communiqué final , – qui, à la lumière des événements mondiaux récents, prête à sourire – affirmait que « la protection de l’environnement, le développement social et le développement économique sont les trois piliers indissociables du développement durable ». La « semaine du développement durable », du 1er au 7 avril, en France, constitue un temps médiatique de promotion de la croissance verte, c’est-à-dire, d’une relance de l’activité économique portée par des exigences écologiques. Les bonnes paroles, généreuses et confuses, mais aussi les tentatives de masquer l’impasse où sont entrés les États et les entreprises, courant 2008, ne permettent guère d’éclairer le jugement des citoyens. Le développement durable est devenu un concept ambigu, auquel on fait dire le contraire de ce qu’il signifiait à l’origine !


Poisson d'Avril 2009?

La question décisive, celle dont dépend l’approche d’un développement humain auquel puissent aspirer tous les Terriens est celle-ci : la terre étant une île dont on ne peut s’évader, y a-t-il, ou non, saturation des possibilités d’expansion du domaine humain ? Ce qui se module de plusieurs façons : « Sur une planète dont les dimensions et les richesses sont finies, tout processus exponentiel ne peut qu’être éphémère », dit le généticien Albert Jacquard. « L’élan gigantesque de croissance qui pousse l’humanité va venir buter sur la limite que nous impose notre situation cosmique présente » dit le philosophe Bertrand Méheust. Le nouveau paradigme, c’est un puissant immanentisme ; nous allons devoir acceper « un monde qui n’est plus le ciel sur la terre, qui n’est pas non plus l’enfer sur terre, mais bien la terre sur la terre », dit Michel Maffesoli.

Il y a, dans l’idée même de développement, une confusion entre l’élévation et l’agrandissement, entre le qualitatif et le quantitatif. Le développement-croissance est le contraire du développement-épanouissement dès lors que, d’une part, tout ce qui vient en plus n’est pas équitablement réparti, et que, d’autre part, s’additionnent un incommensurable gâchis et une perte irrattrapable des richesses non renouvelables. Imagine-t-on un printemps qui ne profiterait qu’à une faible partie des plantes et qui ne succéderait pas à une période de repos des sols ? Nous avons considéré la Terre-mère comme une nourrice inépuisable et voici venu le temps de constater l’immensité de notre erreur. Le développement ne peut être continûment durable et moins encore la croissance durable ! Croître n’a qu’un temps et n’occupe pas tout le temps.

« Le mot développement est un mot toxique quel que soit l’adjectif dont on l’affuble » tranche Serge Latouche. Il s’agit à la fois d’un pléonasme et d’un oxymore, affirme-t-il. Un pléonasme, (la répétition de deux mots de même sens), parce qu’un développement qui ne serait pas durable cesserait aussitôt d’être un développement, mais deviendrait une stagnation ou une régression ; un oxymore, plus encore, (une juxtaposition de deux affirmations qui se contredisent), parce que, bien entendu, aucun développement n’est durable ou soutenable, à terme : le plus n’est pas en soi un mieux.

Le développement durable n’est donc qu’une mode, un « faire semblant », un habillage du refus de la décroissance (comprise comme un renoncement à un mode de vie non généralisable sur cette planète, « l’impératif de survie » comme l’écrivit André Gorz). Dans le vocabulaire politique, la récupération du concept « développement durable » par ceux qui croient possible de faire durer indéfiniment le développement, fait partie de la guerre des mots. Au lieu de dire, la bouche en cœur, nous ne pouvons refuser aux puissances émergentes de se développer comme l’Occident a pu le faire, il est temps de dire, nous ne pouvons plus nous développer sur le dos des populations qui nous fournissent leur force de travail bon marché. S’il faut abandonner le modèle productiviste de développement constant, ce n’est pas en mettant en cause la pollution de la Chine et de l’Inde qu’on y parviendra ; c’est en modifiant dans les meilleurs délais notre propre mode de vie.

Nous avons perdu plus d’un quart de siècle. Quand, en 1970, le Club de Rome lance son rapport inaugural Halte à la croissance , il indique déjà la voie à prendre. La croissance et le développement confondus conduisent, dans l’économie de marché, à un enrichissement considérable des riches sans amélioration suffisante des conditions de vie d’une population mondiale qui, elle, croît sans profiter des profits engrangés. On n’a pas voulu entendre. Pire, on a construit des théories pour ridiculiser ces thèses qui reviennent en boomerang mais dans un contexte affreusement dégradé. Nous parvenons Au temps des catastrophes , estime Isabelle Stengers. « Le caractère, dit-elle, intrinsèquement insoutenable de ce développement que certains annonçaient depuis des décennies, est devenu, depuis un savoir commun. L’idée qu’il appartiendrait à ce type de développement, qui a pour moteur la croissance, de réparer ce qu’il a lui-même contribué à créer n’est pas morte, mais elle a perdu toute évidence ». Être lucide, sans perdre espoir et énergie, n’oblige pas à « faire du catastrophisme ». Au bord du gouffre, il faut garder les yeux grand ouverts pour éviter la chute. Mais donner dans le culte du développement durable, c’est rejoindre les zélateurs de la croissance. On sait, à présent où cela nous mène.


Terre fragile entre nos mains...

http://www.wikilivres.info/wiki/Rapport_brundtland
Ignacio Ramonet, Le Krach parfait, Paris, éd. Galilée, 2009, p.106.
Voir l’article développement durable sur : http://wikipedia.org/wiki/Developpement_durable
http://www.un.org.french/events/wssd/coverage/summaries/envdev33.htm
Albert Jacquard, Mon utopie, Paris, Stock, Le Livre de Poche, 2006, p.141.
Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, Paris, La Découverte, 2009, p.37.
Michel Maffesoli, Apocalypse, Paris, CNRS éditions, 2009, p.35.
Serge Latouche, Petit traité de la décroissance sereine, Paris, éd. Mille et une Nuits, 2007, p.24.
André Gorz, Écologica, Paris, éditions Galilée, 2008, p.29.
Club de Rome, Halte à la croissance, Paris, éditions Fayard, 1972.
Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes, Paris, La Découverte, 2009, p.12.



lundi 23 mars 2009

Aimer un étranger ne doit pas être un délit !

Dans quelle société vivons-nous donc qui interdit d'aimer hors du cadre légal? Jusqu'alors, il était acquis que nulle barrière frontalière ne s'abaisserait entre deux humains décidés à partager leur vie. Cela semble fini en début de siècle. Cela n'est pas seulement injuste, c'est inhumain...



Depuis quelques semaines, des voix s'élèvent pour dénoncer la mutliplication des procédures policières et judiciaires contre des militants associatifs ou simples citoyens qui apportent un soutien humain aux étrangers en situation irrégulière.


La solidarité n'est cependant pas la seule à faire l'objet d'attaques inacceptables : l'amour porté à un étranger en situation irrégulière devient également un acte criminel !

Mlle Charry, de nationalité française, est appelée à comparaître dans les prochaines semaines devant le tribunal correctionnel pour répondre du délit d'aide au séjour irrégulier de son concubin marocain, M. Naimi. Le couple devait se marier le 17 avril prochain à Dijon après plusieurs mois de concubinage. A la suite d'une transmission par la mairie du dossier de mariage au procureur, M. Naimi a été interpellé le 17 mars chez des amis et placé au centre de rétention de Lyon-St-Exupery en vue de son expulsion qui doit intervenir dans les prochains jours.Soirée débat

La situation vécue par ce couple n'est pas un cas isolé. Depuis sa naissance en juin 2007, le mouvement des « Amoureux au ban public » a eu connaissance de quatre autres procédures judiciaires engagées contre des français en concubinage avec des étrangers en situation irrégulière ainsi que de plusieurs rappels à la loi prononcés par le Parquet. De nombreux témoignages reçus relatent en outre les menaces de poursuites pénales régulièrement proférées par les services policiers ou administratifs et les conditions d'interpellation et d'audition humiliantes et dégradantes.



Scandaleuse, cette criminalisation de l'amour est également illégale. En effet, la loi interdit que le conjoint ou concubin d'un étranger en situation irrégulière soit poursuivi pour l'avoir hébergé et aidé dans sa vie quotidienne .

Les « Amoureux au ban public » demandent :

• l’abandon des poursuites pénales engagées contre Mlle Charry
• la libération de M. Naimi afin de lui permettre de se marier avec sa compagne.

• Les « Amoureux au ban public » demandent également au gouvernement de rappeler par voie de circulaire aux services de police et aux parquets que la loi interdit toute poursuite pénale pour aide au séjour irrégulier à l'encontre des conjoints et concubins d'un étranger et exigent plus généralement que cesse la criminalisation des gestes de solidarité ou de simple humanité envers les étrangers en situation irrégulière.

Signez la pétition : http://placeauxdroits.net/petition2/?petition=20

http://amoureuxauban.net/

dimanche 15 mars 2009

Une crise plus grave que la crise économique


Le plus noir des scénarios climatiques se profile


À neuf mois de la conférence de Copenhague, où la communauté internationale s’est fixé un ultime rendez-vous pour s’accorder sur un plan de réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, rien ne garantit qu’un accord sera trouvé. C’est dans l’espoir de conjurer un possible échec que près de 2 000 scientifiques, parmi lesquels les plus éminents climatologues mondiaux, se sont réunis du 10 au 12 mars dans la capitale danoise.



Imaginez un avion dont la probabilité d’arriver à destination est de 10 %. Monteriez-vous à bord ? Evidemment non...” Stefan Rahmstorf, de l’Institut de recherches de Potsdam sur le climat, aime bien cette métaphore pour expliquer ce qui est en train de se passer : depuis le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2007, il est certain, à 90 %, que l’homme est à l’origine de la transformation du climat qui menace les grands équilibres planétaires.


Or tout se passe comme si les gouvernements s’interrogeaient encore sur la possibilité d’embarquer dans cet avion promis à la catastrophe. A Copenhague, la communauté scientifique a voulu démontrer une dernière fois, avant la fin des négociations, que le doute n’était plus permis. “Nous avons accumulé beaucoup de données depuis le dernier rapport du GIEC, en 2007. Nous voulons que les gouvernements décident en connaissance de cause”, a expliqué Katherine Richardson, de l’université de Copenhague, l’une des neuf universités à l’origine de cette initiative.


Les conclusions du GIEC s’appuient sur des données datant au mieux de 2005. Compte tenu de la lourdeur de cette organisation, qui réunit 2 500 chercheurs de 130 pays et dont l’ensemble des publications est soumis au consensus, le prochain rapport ne paraîtra pas avant 2014. Or “les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Les émissions ont continué d’augmenter fortement et le système climatique évolue d’ores et déjà en dehors des variations naturelles à l’intérieur desquelles nos sociétés et nos économies se sont construites“, a affirmé le comité scientifique de la conférence. Les prévisions du GIEC anticipent une hausse des températures comprises entre 1,1 °C et 6,4 °C à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle.


Stefan Rahmstorf a présenté une étude selon laquelle le niveau des océans pourrait augmenter dans une fourchette de 75 cm à 190 cm d’ici à 2100. Soit bien au-delà des prévisions du GIEC allant de 18 cm à 59 cm. Celles-ci - et le GIEC avait pris soin de le souligner - ne prenaient pas en compte l’évolution des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Or leur rôle serait en réalité majeur, au travers de la fonte des glaces mais surtout de leur “écoulement” dans la mer. “Ce phénomène est beaucoup plus massif et beaucoup plus rapide que nous ne le pensions“, confirme Eric Rignot, professeur à l’UC Irvine en Californie.


Lucka Kajfez Bogataj, de l’université de Ljubljana (Slovénie), a épluché l’ensemble des études climatiques parues dernièrement. Elle conclut sans hésiter : “L’impact du réchauffement est plus précoce et plus rapide que prévu.” Entre 1990 et 2006, le monde a connu les treize années les plus chaudes depuis 1880, qui marque le début de l’ère industrielle, cite-t-elle en exemple.



Spécialiste des écosystèmes, Andreas Fischlin, de l’Institut fédéral de technologie de Zurich, va dans ce sens : “Les écosystèmes stockent 25 % des émissions mondiales de carbone. Cette capacité de stockage devrait culminer vers 2050, avant que les écosystèmes fragilisés par le réchauffement ne se mettent à leur tour à relâcher du CO2 dans l’atmosphère aggravant ainsi le phénomène. Ce problème est beaucoup plus important que nous ne le pensions il y a cinq ans.”


Ce que les scientifiques ont baptisé des tipping points, soit des seuils au-delà desquels les conséquences du réchauffement deviennent irréversibles et incontrôlables, pourraient être plus bas. “Nous pensions que la survie des ours polaires serait menacée à partir d’une hausse des températures de 2,8 °C, il est probable que cela soit déjà vrai à partir de 1,5°C”, avance M. Fischlin.


Sir Nicholas Stern, auteur du célèbre rapport sur “l’économie du changement climatique”, a indiqué que “le coût de l’inaction sera supérieur à ce qu’il avait présenté en 2006″.


Présent à Copenhague, le président du GIEC, Rajendra Pachauri, n’est pas sorti de son devoir de réserve mais, à neuf mois de l’échéance, il a jugé “utile que cette conférence rappelle aux politiques qu’il existe une crise plus grave que la crise économique“. James Hansen, le célèbre climatologue de la NASA qui fut l’un des premiers à alerter en 1988 sur les dangers du réchauffement, a été plus direct : Il faut que l’opinion soit sûre d’une chose. Les scientifiques sont clairs. Il n’existe pas de grosses incertitudes sur le film qui est devant nous. Et les politiques ne peuvent pas s’abriter derrière de prétendues inconnues pour ne pas agir.” En clair, les scientifiques ont fait leur travail. Aux politiques maintenant de faire le leur.


Rajendra Pachauri, président du Giec,


Source : Le Monde, Laurence Caramel, le 14 février 2009

http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/03/13/le-plus-noir-des-scenarios-climatiques-se-profile_1167544_3244.html

vendredi 13 mars 2009

Abd El Kader avait raison

D'Alger nous vient une réflexion qui mérite qu'on s'y attarde, qu'on la reprenne, qu'on la critique, qu'on la diffuse. C'est ce qui est fait ici.

La débâcle du monde : Quelles sont nos chances pour sur-vivre ?

Par Chems Eddine CHITOUR, professeur à l'École Polytechnique Alger

« Plutôt que d’interroger, nous nous interrogeons sur l’avenir de l’homme en général et de l’Occident en particulier puisque c’est lui qui dominera le monde matériel. Cet Occident est malade de son intelligence. Il a beau être savant, il n’arrive pas à saisir une vérité essentielle tant il est vrai qu’il est assoiffé de conquête et de pouvoir, aveuglé par l’illusion de sa puissance, prônant l’argent pour Dieu. » L’Emir Abd El Kader dans "El Maoukef" (1860)

Il est bien connu que les millénarismes ont eu pour but, entre autre, de faire émerger un "homme nouveau" dont le comportement moral serait plus exemplaire. Nous savons que "la terreur de l’an 1000" a vu une frénésie de religion s’emparer des hommes qui s’accusant de tous les maux étaient convaincu que la fin du monde approchait , l’apocalypse et la parousie du Christ venant il fallait expier.

Le XXe siècle, a été, pour la majorité des peuples des continents du Sud, celui de la tyrannie sous une forme ou sous une autre d’un Occident européen au fait de sa puissance, bardé de certitudes et imprimant au reste du monde sa marque : celle d’une façon de vivre où l’homme n’est plus au centre de la préoccupation mais un rouage, en un mot :un produit marchand. Fait nouveau, cette façon de vivre débridée fait du gaspillage des ressources de la Terre, forcément limitées, l’alpha et l’oméga du progrès. Tragique erreur s’il en est ! la Terre proteste et nous le fait savoir par des signes de plus en plus récurrents : les perturbations climatiques.

« Mardi 23 septembre 2008, écrit Frédéric Joignot, retenez cette date. Ce fut « le jour du dépassement », le earth overshoot day de l’année. La date où la population humaine a épuisé les ressources produites en un an par le mince manteau vivant qui enveloppe la Terre, la biosphère ou écosphère. Depuis, nous allons au-delà de ce que la planète nous offre, de sa biocapacité. Comment identifions-nous ce mardi fatal si précisément ? Pour le calculer, Global Footprint Network compare le rythme auquel, chaque année, la nature produit des ressources - aliments, combustibles, etc. - et assimile les déchets, et le rythme auquel l’humanité consomme ces ressources et produit des déchets. Quand nous excédons les possibilités terrestres, nous atteignons « le jour du dépassement ». Le premier, selon l’ONG, est tombé le 31 décembre 1986. En 1996, il se situait début novembre. En 2007, le 6 octobre. Aujourd’hui, le 23 septembre. Et dans dix ans ? Notre crédit terrestre s’épuise - après le crédit bancaire ».(1)

« Les chercheurs évaluent l’"empreinte écologique" d’Homo sapiens en hectares terrestres. L’Ocde en donne cette définition : "La mesure de la superficie biologiquement productive nécessaire pour pourvoir aux besoins d’une population humaine de taille donnée." Nous avons largement dépassé notre quota, globalement. La Terre ne peut aujourd’hui offrir que 1,78 hectare global (hag) par habitant. Or, la consommation mondiale actuelle exige 2,23 hag productifs per capita. Et les calculs montrent que si l’ensemble de la population humaine adoptait aujourd’hui le mode de vie des Européens et des Américains - voitures, eau chaude à volonté, viande chaque jour, énergies fossiles à la demande... -, il lui faudrait disposer en surface de quatre à cinq planètes Terre. » Nous sommes donc avertis, nous épuisons les ressources annuelles de la Terre plus rapidement qu’elles ne se constituent. Notre démographie n’est-elle pas la cause de nos malheurs écologiques, mais aussi politiques, sociaux, militaires, comme l’affirmait déjà l’austère Thomas Malthus... en 1798 ? qui affirmait que la population humaine croît de façon exponentielle (2, 4, 8, 16, 32...) et les ressources, de manière arithmétique (1, 2, 3, 4, 5...). Inévitablement, nous irions vers l’épuisement des biens, la famine, la guerre de tous contre tous. L’empreinte écologique, le réchauffement qui s’accélère combinés à une croissance forte de la population ne ramènent-ils pas l’humanité à une situation « malthusienne » - une spirale tragique ? Prenez Ted Turner, fondateur de la chaîne d’actualités CNN, il déclarait en avril 2008 sur la chaîne PBS : « Nous sommes trop nombreux. Voilà pourquoi nous avons le réchauffement climatique. [...] Tous les habitants de la planète doivent s’engager à avoir un ou deux enfants, c’est tout. [...] Ne pas contrôler la population est un suicide. » Cette angoisse peut aussi être amplifiée par des mensonges modernes sur l’invasion venue du Sud surpeuplé. Mais, contredisant cette démagogie, un rapport publié en 2004 par le département des affaires économiques et sociales de l’ONU (World Population to 2300) indique que les immigrés venus des pays pauvres contribueront pour 4% à la croissance démographique des pays développés d’ici à 2050 - aujourd’hui pour 3% -, ce qui rajeunira une Europe vieillissante ».(1)

Aurons-nous assez de ressources pour nous nourrir ? Au-delà des angoisses et des peurs, la véritable grande question posée par le peuplement sera celle des ressources : les pays, les sols, la Terre pourront-ils nourrir - et supporter - une population de 9 ou 10 milliards d’habitants ? Aujourd’hui, 850 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde. Les agronomes rappellent combien, depuis un demi-siècle, sans se soucier des populations locales, les pays du Nord ont financé les cultures d’exportation des pays du Sud- le coton, l’herbage d’élevage - au détriment des cultures vivrières. Ces politiques néocoloniales ont ruiné l’agriculture de ces pays, avec l’aide de gouvernements autoritaires et corrompus. Encore une fois nous voyons un colonialisme postcolonial qui continue à faire de la « colonie » devenue formellement indépendante un appendice de la métropole qui aspire les ressources aussi bien physiques et depuis quelque temps aussi les rares cerveaux formés dans ces Suds épuisés. Le rapport 2008 de l’Ocde, Perspectives de l’environnement à l’horizon 2030, est aussi alarmiste que la FAO. Il nous promet, en l’absence d’une politique mondiale volontariste, un avenir très désagréable. Un réchauffement de 1,7 C à 2,4 C en 2050 - prévision basse. Sécheresse, tempêtes, inondations, destruction des infrastructures. L’accroissement du stress hydrique pour 3 milliards d’humains, une eau mal répartie. Une pollution accrue de l’air. La croissance de la population humaine est-elle la cause première des fléaux annoncés ? Les experts de l’OCDE répondent : « Les pressions exercées sur les ressources naturelles et l’environnement ne proviennent pas du nombre d’habitants mais de leurs habitudes de consommation. »(1)

On l’aura compris : le malheur viendra des modes de vie dépensiers occidentaux, des politiques industrielles, des égoïsmes nationaux, de comportements que nous pourrions changer. Selon le rapport 2008 de l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook 2008), nous passerons de 700 millions de voitures à 1400 millions qui rouleront encore au pétrole en 2030, émettant plus de 10 milliards de tonnes de C02 qui vont stationner dans l’atmosphère et mettront 120 ans pour disparaitre. Le changement climatique est en marche, cette course vers l’abîme a déjà ses victimes dans les pays démunis. Les pays industrialisés font des reformettes qui ne régleront pas le problème de fond qui est celui de donner un coup de frein rapide à l’utilisation des énergies fossiles en développant les énergies renouvelables avant que le changement ne soit irréversible. Le président Obama semble l’avoir compris mais en aura-t-il les moyens ? Sera-t-il suivi ? La crise financière et un pétrole bradé à 40 dollars sont en train de compromettre le recours urgent aux énergies renouvelables. Il est à craindre que ce seront les pays vulnérables qui ne se sont pas apprêtés qui en subiront les conséquences tragiques.

Cette détérioration de plus en plus accélérée du mode de vie n’a pas jailli du néant. Elle a été consacrée par la nouvelle forme de colonisation du monde appelée indifféremment néocolonialisme ou postcolonialisme . Le colon n’a plus de présence physique, il se contente de gérer à distance au nom de la dictature du marché, du libéralisme sauvage et d’une mondialisation que l’on nous disait inéluctable. Autre conséquence tragique, le marché n’a pas laissé intacts les fondements des sociétés. En ce temps de « délitement des valeurs » que l’on pensait immuables, beaucoup de certitudes ont été ébranlées. Le capital symbolique qui a été sédimenté et qui part par pans entiers sous les coups de boutoir du marché du libéralisme fruit d’une mondialisation sans éthique. Les sociétés qualifiées il y a si longtemps de « primitives » sont en train de perdre leur identité sous la pression d’un Occident qui série, catalogue et dicte sa norme.(2)

L’Occident ne se contente pas d’imposer sa vision du monde à la fois par la science et la force, il s’attaque depuis quelques années aux identités. Au moment où même dans les pays occidentaux et à des degrés divers les nations luttent pour ne pas perdre leur identité, les pays du Sud sont en train de perdre leurs dernières défenses immunitaires constituées par leurs traditions ancestrales. Cette désymbolisation du monde mise en évidence par Dany Robert Dufour est en train de pénétrer en profondeur le tissu social. A juste titre, la mondialisation et le néolibéralisme peuvent être tenus pour responsables de cette débâcle planétaire. Dans ce monde de plus en plus incertain, l’individu éprouve le besoin d’un retour à des « valeurs sûres » qui lui font retrouver une identité ethnique voire religieuse que la modernité avait réduite. D’autre part, un autre dégât est la fameuse « perte de repères chez les jeunes », induite par la précarité de la vie temporelle et spirituelle, n’a alors rien d’étonnant : Il est, cependant, illusoire de croire que quelques leçons de morale à « l’ancienne » même dans les pays où la tradition et la religion tentent encore de maintenir la structure sociale, pourraient suffire à enrayer les dommages causés par le libéralisme.(2)

De ce fait, une servitude attend l’individu- sujet. C’est l’asservissement au marché, au libéralisme sauvage. Pour Pierre Bourdieu, le libéralisme est à voir comme un programme de « destruction des structures collectives » et de promotion d’un nouvel ordre fondé sur le culte de « l’individu seul mais libre ». Le néolibéralisme vise à la ruine des instances collectives construites de longue date par exemple, les syndicats, les formes politiques, mais aussi et surtout la culture en ce qu’elle a de plus structurant et de ce que nous pensions être pérennes(3).

La valeur intrinsèque de l’individu est indexée sur sa valeur marchande. Voilà le monde que nous propose l’Occident du "money-théisme". La valeur symbolique, écrit le philosophe Dany-Robert Dufour, est ainsi démantelée au profit de la simple et neutre valeur monétaire de la marchandise de sorte que plus rien d’autre, aucune autre considération (morale, traditionnelle, transcendante...), ne puisse faire entrave à sa libre circulation(4)

La crise est aujourd’hui une réalité concrète pour tous les citoyens de la planète. Elle nécessite des changements radicaux pour mettre fin au néolibéralisme qui vient de nous mener au bord du gouffre. Pourtant, que ce soit les plans de relance décidés par les gouvernements des différents pays, ou les conclusions du premier Sommet du G20 qui s’est tenu à Washington en novembre dernier, les gouvernements et les financiers semblent plus soucieux de sauver le système que de répondre véritablement aux enjeux de la crise. Voilà donc la planète des consuméristes. Nos valeurs n’en sont pas sortis indemnes pour autant.

Même dans les pays industrialisés cette course vers le profit a démantelé toutes les conquêtes sociales. Ainsi en France et comme l’écrivent Patrick Braouezec et Michel Onfray « (...)Retirer toutes les protections collectives, l’en-commun qui permet à chacun d’être concepteur et acteur d’un avenir humain partagé, pour livrer les individus, marchandises parmi d’autres, au service d’une économie mondialisée conçue comme source de profits financiarisés bien davantage que comme moteur de progrès. (..) L’économie ne saurait se résumer à la course au profit, au mépris des hommes et de la civilisation ; et que tout système économique et politique, pour avoir un avenir, se doit de porter un mouvement de l’humanité vers le progrès. (...) Le refus de la marchandisation générale, y compris de l’homme, est non seulement le fondement d’un humanisme contemporain, mais est aussi indispensable au mouvement de la société si on considère que ses évolutions ont pour but d’améliorer toujours la condition humaine. Chaque fois que l’organisation sociale a nié l’homme, la civilisation a reculé. A l’inverse, les avancées de civilisation émancipatrices sont toujours le résultat de conquêtes gagnées dans les luttes et les révoltes populaires. »(5)

Comment sauver la planète et tous ses habitants ? Toute l’argumentation de remise en cause des vertus de la croissance, mesurée sur la base de l’évolution du produit intérieur brut (PIB), n’a de sens que dans les pays du capitalisme avancé, où existe dans certaines classes sociales assez d’aisance matérielle pour rêver d’autres paradis. Vue dans une perspective mondiale, la décroissance est une préoccupation de riches, une petite minorité - dans sa très grande candeur, elle s’inquiète parfois de voir tous les Chinois posséder un automobile, sans aller jusqu’au bout de sa pensée : on maintient le reste du monde en sous-développement pour sauver la « planète » ?

Il s’agirait, entend-on, de proclamer avec force que l’argent ne fait pas le bonheur, qu’il y a autre chose dans la vie que l’accumulation de biens matériels. C’est naturellement faire abstraction des couches sociales qui, de plus en plus larges, peinent à joindre les deux bouts, qui n’ont d’autre choix que mal manger, mal se vêtir et mal se loger. Le remède miracle : le bien-être, notion subjective s’il en est. Il ne faudrait plus « maximiser » la croissance, mais le bien-être et le bonheur. Avec raison en 1997, Pierre Bourdieu avec sa lucidité coutumière se posait la question « des coûts sociaux de la violence économique et avait tenté de jeter les bases d’une économie du bonheur. »(6)

C’est en fait de cela qu’il s’agit : le bonheur est-il indexé, - comme en Occident - sur la possession toujours plus boulimique des biens matériels ? Ne devons-nous pas chercher une autre façon d’être heureux en consommant mieux ? en consommant moins ?. Ce qui passe , naturellement , par le partage pour éviter un bouleversement irréversible de la vie sur Terre, notre seule et unique Terre, à moins de faire comme une compagnie américaine qui vend des lots de terrain...sur la Lune !

1. Frédéric Joignot. Sommes-nous trop nombreux ? Le Monde 09.01.09

2. Chems Eddine Chitour : L’Occident et la désymbolisation du monde. Site mille babords 23/12/2006

3. P.Bourdieu. « Le néolibéralisme comme révolution conservatrice », 1997, in Interventions 1961-2001, Agone, 2002.

4. Dany Robert Dufour : L’Art de réduire les têtes, Editions Denoël, Paris. 2003.

5. Patrick Braouezec et Michel Onfray, Une politique de régression. Le Monde du 21.01.08

6. Pierre Bourdieu. L’essence du libéralisme, le Monde diplomatique mars 1998.

Source : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=52881

lundi 9 mars 2009

Un grand plus qui reste un moins!

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/ill/2009/02/03/h_2_ill_1149935_76da_rfid.jpg
Diode électroluminescente

À Los Angeles, l'éclairage public s'apprête à faire sa révolution verte, titre Le Monde du 2 mars 2009! Une grande avancée? Sans doute! Une révolution? pas encore!

Le maire de Los Angeles, Antonio Villaraigosa, et l'ancien président Bill Clinton ont annoncé, lundi 16 février, le lancement d'un programme de modernisation de l'éclairage de la ville - le premier du genre aux Etats-Unis -, avec le remplacement de 140 000 ampoules des lampadaires et feux de signalisation par des diodes électroluminescentes. "Ce programme de rénovation est le plus ambitieux au monde jamais entrepris par une municipalité, a affirmé le maire. Il devrait réduire nos émissions de gaz carboniques d'environ 40 500 tonnes par an, ce qui équivaut à retirer 6 000 voitures de la circulation", ont-ils assuré.

Antonio Villaraigosa, qui veut faire de la mégalopole de 4 millions d'habitants "la ville la plus propre et la plus verte des Etats-Unis", a fixé comme objectif à Los Angeles d'atteindre une part de 20 % d'énergies renouvelables dans sa consommation d'ici à 2010, et de 35 % en 2020.

"C'est l'endroit idéal aux Etats-Unis pour lancer un tel programme novateur", a renchéri Bill Clinton. La Clinton Climate Initiative - une branche très active de sa fondation créée en 2006 pour lutter contre le réchauffement climatique - apporte son expertise financière et technologique au projet. Parmi les mesures qu'elle préconise, le Outdoor Lighting Program (programme pour l'éclairage extérieur) vise à réduire la consommation en énergie et l'empreinte carbone des zones urbaines.

Dès le mois de juin, les services municipaux de Los Angeles vont donc entreprendre le remplacement des 140 000 ampoules traditionnelles, grosses consommatrices d'énergie, par des diodes électroluminescentes (LED pour Light Emitting Diodes), beaucoup plus économes. Au rythme de 20 000 ampoules changées la première année, puis 30 000 les années suivantes, tous les lampadaires et feux de signalisation devraient être équipés dans les cinq ans. Avec son tissu urbain particulièrement distendu et ses kilomètres de rues à éclairer, le célèbre damier illuminé de la mégalopole sera alors sans doute le plus "vert" des Etats-Unis, voire de la planète.

Parmi les principaux avantages des ampoules LED : une consommation électrique neuf fois inférieure aux ampoules à incandescence, et une durée de vie de 20 à 40 fois plus longue, selon les chiffres de l'Association française de l'éclairage. De plus, en fin de vie, au lieu de s'éteindre brutalement comme les ampoules traditionnelles, les diodes électroluminescentes baissent progressivement de rendement, permettant aux services municipaux de planifier leur remplacement.

Avec une consommation énergétique réduite de 65 millions de kWh, ce passage à des ampoules moins voraces devrait faire baisser la facture de l'éclairage public de la ville d'au moins 40 %. Sur les sept premières années, la municipalité de Los Angeles attend une économie totale de 48 millions de dollars (38 millions d'euros).


Lampadaire éolien, une révolution écologique

Une fois le prêt de départ remboursé (l'investissement initial est estimé à 57 millions de dollars) et toutes les vieilles ampoules remplacées, l'économie devrait être à 10 millions de dollars par an (8 millions d'euros). Le programme de remplacement sera également financé par un rabais consenti par la compagnie municipale d'eau et d'électricité, le Department of Water and Power. "Si chaque ville américaine en faisait autant, nous pourrions éliminer deux centrales à charbon et demie, a insisté Bill Clinton. Vous voyez à quel point la question de l'éclairage public de nos villes est importante !"

Extrait d'un article de Claudine Mulard

dimanche 8 mars 2009

Ce qui ne vendra pas sera détruit

Le poisson ne se vend pas, alors le jette à la poubelle...

Difficile à entendre quand on sait que l'année dernière, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 40 millions...

Plus de la moitié de la nourriture produite dans le monde aujourd'hui est soit perdue, gaspillée, ou jetée à cause d'insuffisances dans la gestion de la chaîne alimentaire...

Si cette nourriture n'était pas jetée, on pourrait donner à manger à ceux qui en ont le plus besoin et aux 3 milliards d'habitants supplémentaires prévus d'ici 2050...

C'est ce que dit l'ONU....

Rien que pour le poisson, 30 millions de tonnes sont rejetées à la mer chaque année.

"Seuls 43% des céréales produites dans le monde sont disponibles pour la consommation humaine, du fait des pertes pendant et après la récolte et de l'utilisation pour la nourriture animale".

C’est le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui le révèle dans un rapport sur la crise alimentaire

"Plus d'un tiers des céréales dans le monde sont utilisés pour la nourriture animale, un chiffre qui devrait atteindre 50% d'ici 2050", selon l'ONU.

Si on y faisait plus attention, la quantité de céréales qui serait rendue disponible pourrait nourrir l'ensemble des 3 milliards de personnes supplémentaires attendues d'ici 2050" sur la planète, explique le rapport.

http://www.mediapart.fr/club/blog/m-roparz/070309/quel-gaspillage

lundi 2 mars 2009

La vache à hublot

Connaissez-vous la vache à hublot?

P1010151 sized par Hemingway Gyrofistulated cow 2 par kimberlyanderson55

C'est pratique, on peut rentrer à l'intérieur.
Il s'agit de savoir ce qui se passe dans la panse des ruminants.
Produire plus de lait étant un impératif catégorique de production, aller voir comment ça se passe dans la machine sur pattes, afin d'obtenir les explications les meilleures sur les moyens de faire donner le plus possible à moindre coût : voilà l'objectif!
En quelque sorte, il s'agit de faire travailler plus les vaches pour qu'elles gagnent plus, ou plutôt pour que le maître des ces esclaves à cornes gagne plus.
Et puis, pensez donc, si l'on découvrait le secret de la rumination et de l'expectoration de ces grosses pétoires qui, par les deux bouts, expulsent leur méthane vers le ciel au risque d'aggraver l'effet de serre...? Une vache qui ne rôterait plus et ne pèterait plus, tout en continuant à fournir autant voire plus de lait, ce serait, tout à la fois, rentable et écologique!
Le capitalisme vert a donc besoin, actuellement, de la vache à hublot.
Âmes sensibles, soyez de votre temps! Les vaches ne mangent déjà plus d'herbe mais du maïs et du soja (de préférence transgénique), pourquoi la science ne nous permettrait-elle pas d'inséminer des vaches destinées à avoir des filles qui ne ruminent plus? Un vache n'est plus un animal, c'est une boîte à lait, une machine productrice. Dans la ferme usine, quand la machine cesse de produire suffisamment, on la supprime et on la remplace. C'est tout simple.

Pour en savoir plus allez sur le site de l'INRa vous y lirez (extrait), comment"promouvoir des "conduites alimentaires durables" (sic)

"- L'amélioration de l'utilisation digestive de l'azote des aliments, pour promouvoir des conduites alimentaires durables, en particulier par le développement de sources protéiques alternatives (protéagineux) et d'additifs (tanins naturels).

Pour mettre en oeuvre ces programmes, l'équipe analyse la digestion et l'absorption digestive des nutriments chez les ruminants, par des mesures quantitatives et qualitatives ou par modélisation et précise les mécanismes mis en jeu. Ces études sont essentiellement menées sur bovins ou petits ruminants à l'entretien ou en production, souvent porteurs de canules à différents niveaux du tube digestif, et de cathéters permanents de vaisseaux sanguins irriguant ou drainant le tube digestif. Elle utilise également de techniques de simulation in vitro du fonctionnement du rumen".

Vache ancien modèle :
vache_coupe.gif

http://www.koreus.com/video/vache-hublot.html
http://www.inra.fr/compact/nav/externe/fr/equipes/ecrans/1213_5
http://www.flickr.com/search/?q=fistulated%20cow&w=all

dimanche 1 mars 2009

EPR : une prolifération nucléaire due à la france

L'irresponsabilité du Gouvernement français qui vend du nucléaire sans souci des transferts des technologies civiles vers le nucléaire, qui entasse des déchets militaires dont il ne sait pas se débarrasser, qui confie à des entreprises privées des opérations de sécurité déléguées incompatibles avec la recherche de la rentabilité, qui met en grave danger les populations avoisinant les sites d'extraction de l'uranium, notamment au Niger, qui n'informe pas les Français et pas même les élus de la préparation de décisions très lourdes de conséquence en terme de précaution, oblige à condamner le Gouvernement français et à relever ses "dénis de démocratie".



EPR, double déni de démocratie


Par Jean-Marie Harribey, coprésident d’Attac,
et Christiane Marty, membre du Conseil Scientifique d’Attac.

En juillet, alors que la première tranche nucléaire EPR [réacteur pressurisé européen] était en chantier à Flamanville (Normandie), Nicolas Sarkozy a annoncé le projet d’un second EPR. L’électricien national EDF, qui affirmait pourtant que la France n’en avait pas besoin, s’est tout de même porté candidat pour le construire, suivi par GDF Suez. Le président de la République, hésitant entre les deux, envisageait du coup un troisième EPR (!) ce qui aurait permis d’en attribuer un à chacun. Nicolas Sarkozy vient de confirmer le lancement d’un second EPR, dont la réalisation est «confiée à EDF qui sera associée à GDF Suez». Mais quelle légitimité a-t-il pour décider de ces projets ? Aucune. Il s’agit en réalité d’un double déni de démocratie.

D’abord par une façon très personnelle de l’omniprésident d’ignorer la Programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité (PPI). Celle-ci, initiée par la loi du 6 février 2000 et élaborée par la Direction générale de l’énergie et des matières premières (DGEMP), fixe les investissements souhaitables en moyens de production d’électricité et leur répartition par filière (gaz, nucléaire, renouvelables) sur la base d’un bilan prévisionnel des besoins établi tous les deux ans. Or la PPI actuelle a entériné la mise en service d’un EPR, celui de Flamanville, et les évaluations en cours n’envisagent pas d’autre centrale nucléaire avant 2015-2020. Quelle que soit la critique que l’on peut avoir sur une PPI qui se contente d’accompagner les tendances existantes, la décision de Sarkozy de lancer un second EPR revient à s’asseoir dessus.

En outre, cette décision ne fait aucun cas de l’objectif, primordial, de réduire de 20 % la consommation d’énergie d’ici à 2020, présente dans le Grenelle de l’environnement et le paquet «climat énergie». Cet objectif en reste surtout au niveau de l’affichage, en l’absence de mesures concrètes contraignantes. Mais on voit mal comment entreprendre une politique volontariste de diminution de la consommation tout en construisant des moyens de production d’électricité en surcapacité, qui n’ont évidemment pas pour vocation de rester sous-utilisés. Ni le premier EPR ni maintenant le second ne répondent à des besoins de la consommation française (comme le reconnaissait EDF). Ils visent principalement à pourvoir EDF et GDF Suez du savoir-faire d’ensemblier nucléaire, en vue d’une relance du nucléaire, non seulement dans l’Union européenne, mais aussi au niveau international.

On sait que ces EPR nationaux produiront de l’électricité pour l’exportation. On sait que c’est le but de la libéralisation de livrer le secteur électrique aux intérêts privés en organisant «un grand marché électrique européen». La libéralisation a abouti à un oligopole de grands groupes européens qui ont vu exploser leurs marges bénéficiaires, tout en sapant le service public. On en arrive, avec le marché électrique européen, à une situation aberrante où l’on construit des centrales nucléaires dans un pays (où l’opinion les accepte semble-t-il plus facilement, surtout dans des régions frappées par la crise économique) pour vendre l’électricité dans un autre.

On renforce donc les lignes d’interconnexion entre les pays. Outre leur coût, les lignes à haute tension constituent une nuisance environnementale (c’est le cas de celles traversant les Alpes vers l’Italie, ou des Pyrénées vers l’Espagne) que n’acceptent pas les riverains. L’interconnexion du réseau européen devrait s’en tenir à sa fonction première de secours réciproque aux frontières. La notion de marché électrique est une aberration économique, technique et environnementale. Viser l’augmentation des échanges électriques entre les pays est contradictoire avec l’objectif rationnel et économe de développer une production la plus décentralisée possible, réduisant les pertes en ligne dues au transport, destinée à une consommation locale et favorisant une production à base d’énergies renouvelables.

Les décisions de relance du nucléaire sont prises au mépris de l’exigence démocratique, et cela constitue le second déni. Dans le contexte actuel, marqué par la raréfaction des ressources de la planète et par l’impact des choix de filières énergétiques sur le réchauffement climatique, la politique énergétique n’est pas un simple choix technologique, mais un choix de société. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de décider de la relance de la filière nucléaire, du fait de ses caractéristiques : risque majeur concernant la sûreté, production de déchets dont on ne connaît ni le devenir ni le coût de traitement, et centralisation mettant la filière hors de portée d’un contrôle démocratique. La question de la sûreté devient encore plus cruciale que les entreprises sont privatisées ou en voie de l’être et que règne la recherche du moindre coût. Le programme nucléaire lancé dans les années 1970 n’a pas été décidé de manière démocratique. Avec l’ampleur des conséquences de la politique énergétique en termes environnementaux et sociaux, il est urgent que ces choix reviennent aux citoyens et aux citoyennes.

Source. http://www.liberation.fr/economie/0101321720-epr-double-deni-de-democratie

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