samedi 6 mars 2010

Du Grenelle au rebelle de l'environnement... Enfin !


La fin des illusions

José Bové et Noël Mamère s'insurgent ! Il est bien temps ! Au Salon de l'Agriculture, le 6 mars 2010, Nicolas Sarkozy aurait sifflé la fin de la partie : trop d'écologie menace notre agriculture. Mesdames et Messieurs du Gouvernement, une nouvelle "réforme" vous attend : celle des excès de réforme des "écologistes" Borloo, Jouanno et autre Kosciusko-Morizet...

On a toujours tort d'avoir raison trop tôt. On connaît la formule ! Mais là, elle s'applique pleinement : le Grenelle de l'Environnement était un leurre, mais un leurre qui n'a pas fonctionné : la croissance verte, ça ne marche pas ! La décroissance, un thème de réflexion qui connaît trop de succès, apparaît comme dangereuse pour l'économie française. Bref, à petite comme à haute dose, il y a incompatibilité entre le capitalisme productiviste et l'écologie pratique. Mieux vaut, pour la majorité présidentielle, s'en remettre à Claude Allègre qui dénonce l'imposture des écologistes. Il suffit, du reste, de consulter le site de l'UMP pour comprendre qu'à présent, la guerre aux écolos est engagée depuis qu'on a découvert qu'on ne pourra plus les séduire.

Et puis, il y a crime politique dès lors que le prochain scrutin régional menace de révéler que "le Roi est nu" : la majorité sarkoziste, après avoir raclé les fonds de tiroir, n'est plus en mesure de se déclarer encore majoritaire. La "troisième force politique", celle d'Europe-Écologie peut faire pencher la balance à peu près partout du côté de l'opposition. Les écologistes constituent donc, désormais, une menace telle pour le pouvoir qu'il n'y a plus qu'à les canonner. Le Grenelle de l'Environnement n'a pas produit les effets escomptés. Il faut bien reconquérir les espaces politiques désertés et les Chasseurs n'y suffiront pas ! Il faut en appeler aux industriels et aux agriculteurs, soutiens traditionnels de la droite. L'hypothèse d'un élargissement conséquent du sarkozisme sur sa gauche et parmi les écologistes a perdu de son intérêt. On la met, pour un temps, sans doute fort long, au placard des illusions perdues.


La page est tournée : plus besoin de contre-Grenelle. Il n'y en a plus...

L'ouverture des hostilités contre les écologistes est une bonne nouvelle. Cette crispation de la droite est la manifestation d'un échec. C'est aussi l'indication que l'incompatibilité entre le productivisme et l'écologie est reconnue, bon gré mal gré, à droite comme à gauche. Le conflit politique majeur s'engage. Il sera très dur. Comme l'affirme Bertrand Meheust : "chaque société cherche à persévérer dans son être, même menacée d'une catastrophe finale". Le capitalisme a découvert qu'il jouait sa peau. Sa réaction sera terrible. Nicolas Sarkozy n'en est qu'un tout petit acteur mais son expression publique est éclairante.

Que les écologistes s'en réjouissent ou le déplorent, la mise à mort de ce qui reste du Grenelle de l'Environnement n'est qu'un épiphénomène ! Le Grenelle, peu ou mal appliqué, c'est encore trop... Non, ce qui va se jouer, c'est ce que des événements comme la catastrophe du Littoral vendéen rend aveuglant : construire et bétonner en ignorant volontairement les risques naturels tue. Ce n'est même pas la montée du niveau de la mer qui est en cause et donc le changement climatique, c'est la rapacité des patrons de l'immobilier, secondés par des intérêts politiques locaux. Ce qui va se jouer, c'est l'impossibilité de raffiner le pétrole loin des lieux de production, alors que la consommation devrait se déplacer vers l'Asie : Total, à Dunkerque, conduit une politique industrielle fort logique. Défendre l'emploi ne consiste plus à sauver des emplois mais à en créer d'autres, dans des domaines qui dérangent les habitudes, les traditions et les profits des grandes entreprises occidentales. Ce qui va se jouer, c'est la réorganisation de la vie en société, au plus près de chez soi, en plus étroite solidarité, au moment où la pauvreté explose, non par manque de ressources mais par refus de gérer notre patrimoine commun dans l'intérêt de tous. On commence quand ?


L'avenir est à la tomate carrée..., saine, juteuse et sans trop d'OGM

Les écologistes sont, malgré eux, sur le bon chemin. Je dis malgré eux, parce que leur conscience "de classe" n'est pas à la hauteur de leurs connaissances "écosophiques". Ils sont embarqués dans un affrontement qui va laisser sur le côté d'innombrables citoyens dépassés par la complexité et surtout la violence des changements opérés. Le concept de démocratie lui-même est mis en question depuis qu'il ne contient plus aucune possibilité d'alternative économique et depuis que les décideurs réels ne se situent visiblement plus dans des enceintes parlementaires. Le non-vote n'est pas devenu une expression politique, par hasard! Il va falloir, donc, reconstituer non seulement des espaces de vie économique et de circulation totalement nouveaux, mais des espaces d'expression politique différents de ceux jusque là habités par les seuls représentants élus. Le XXIe siècle sera-t-il celui de la responsabilisation maximale des Terriens ? Ou bien..., écologie ou pas, Grenelle(s) ou non, faute de rebelles conscients et actifs, les sarkozismes, celui-là ou d'autres, en France et ailleurs, ne cesseront plus de limiter les droits, les espoirs, les attentes, afin de tenter de maintenir cette nouvelle forme de cynisme (du type "après moi le déluge") qui préfère, à toute autre éventualité, la perpétuation impossible du capitalisme.


Même les végétariens pourront goûter à ce morceau de choix-là... !

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